Après avoir passé les deux week-ends précédents en mode festival à courir d’une scène à l’autre, j’avais donc hâte de retourner me cacher dans une salle sombre et intime pour écouter de la musique jouée par des artistes qui ont le temps de prendre leur temps, de montrer tout ce que ces personnes ont dans le ventre et de nous donner la chair de poule avec du bon rythme et de belles mélodies. C’est donc dans un excellent mood que je me suis présenté dans notre deuxième salon, le Pantoum, pour un autre de ces double-plateaux à première vue si atypiques, mais d’où on ressort presque immanquablement comblé.
Mona B.

On allait commencer la soirée doux, mais très souvent intense, avec Mona B. et sa troupe de musicien·nes (Jules Garneau-Paulin au piano, Antoine Gagné à la basse, Raphaël Laliberté à la batterie, Florence Breton et Sandrine Lévesque aux choeurs et aux claviers). Celle qui lançait le même jour son tout nouveau EP intitulé « Before the Fall » nous a transporté dans son univers feutré, teinté de soul, de R&B, mais surtout de jazz. Les chansons de ce nouvel opus ont énormément de coffre et de profondeur, les arrangements sont somptueux et la voix de la chanteuse y est sublime.
Eh ben, c’est exactement ce qu’on a reçu sur scène, live là, sans chichis ni flaflas. Dès les premières notes de Night Talk jusqu’à la toute fin de la prestation, on a été aspirés dans les paysages sonores colorés, mais nuancés de Mona B. Les rythmes un brin saccadés, les harmonies vocales, la voix pleine d’assurance de la chanteuse, le piano, la rythmique, tout est bon. Même si on sent que Mona pourrait pousser la note encore plus loin, mais bon, ça volerait le show à tout le reste, et faut bien l’avouer, tout le reste mérite qu’on s’y attarde aussi. Du maudit beau travail.
Matt Moln

On va rester dans les belles performances vocales, mais cette fois, c’est avec le Lévisien Matt Moln qu’on va se faire bercer les oreilles. L’auteur-compositeur-interprète était pas juste accompagné de son fidèle complice François Gabriel Marcotte, il y avait tout un band avec lui pour jouer les excellents morceaux de « Saint-Ours », sorti au printemps. Avec sa pop qui laisse beaucoup de place aux synthés, tout en ayant quelques bons petits riffs bien placés, Moln nous chante ses chansons d’une voix souvent douce, parfois enjouée, sinon résignée. Une pop groovy, là aussi aux nombreuses nuances, qui voit un passage sur scène bien réussi. Faut dire que Moln a une forte présence scénique, chantant les yeux grands ouverts, le sourire aux lèvres en maniant sa guitare ou en gesticulant amplement, pendant qu’en arrière, on s’amuse à illuminer la boule disco sur les moments les plus dansants (notamment pendant Dormir debout). Et des moments dansants, il y en a eu en masse.
Chaque fois qu’on voit Matt Moln, et on commence à le voir pas mal souvent, on a l’impression qu’il ajoute une nouvelle corde à son arc. Ici un hook irrésistible, là un riff assassin, et tiens, pourquoi pas un beat que ne renierait pas notre bon chum Steeven Chouinard (ah ben r’ga donc, c’est lui qui a réalisé « Saint-Ours »!). Sa palette de couleurs, de plus en plus riche, va beaucoup plus loin que la haute voltige et l’introspection, et ça, c’est juste un excellent signe pour l’avenir.
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