C’est dans des salles archi combles, pour la sortie de son album « Métastases », que s’est produit samedi et dimanche soir au Pantoum l’artiste aux multiples facettes Keith Kouna. Pour l’occasion, on a eu droit à des musiciens de choix : Keith Kouna (voix, guitares), Vincent Gagnon (claviers, voix), Martien Bélanger (guitares, voix), Cédric Martel (basse, voix) et Pierre-Emmanuel Beaudoin (batterie, voix). Une majorité de ce beau monde hormis Keith et Martien forme d’ailleurs Ping Pong Go, qui sera en spectacle ce 17 mai au STUDIOTELUS.
Le spectacle débute sur le décompte de la nouvelle chanson Le narratif avec un Kouna théâtral, trash et irrévérencieux à souhait. Une pièce qui crie une révolte du cœur sur des textes teintés de vulnérabilité sans aucun filtre. Par ailleurs, les musiciens font grimper les octaves et l’intensité, la démonstration est très poignante.
La suite est assez fall ball, avec la ballade rock énergique Bouquet, du gros rock lourd, suivi de Y faut des sales, une comptine à la Passe-partout, puis G3A 1W8 (code postal de Grand Village, où a grandi Kouna) ou encore un blues rock avec des solos de claviers à la Deep Purple dans C’est un bum. À l’image de l’album, la formation très touche-à-tout visite de multiples genres avec pour trame narrative l’amour, le vice, l’enfance ou encore l’adolescence.
Le groupe joue ensuite Le travail sur fond instrumental digne d’un cirque ambulant. On retrouve toujours autant de cynisme, avec pour thème le quotidien de la classe moyenne et la routine aliénante. Les paroles sont percutantes et l’ironie fait mouche. Le public pousse la note et ajoute sa touche au sarcasme en répétant à tue-tête « le travail, le travail, le travail… »
La salle est maintenant bien réchauffée. S’enchainent alors des morceaux plus sombres teintés de la voix de cigarette de Keith comme Cadavres puis Accordéon, avec sa mélodie de piano poignante, ou encore la complainte onirique sur fond de vrombissement de basse d’Américaines.
Le temps d’une gorgée de bière ou d’un coup d’épaule dans la fosse on (sur)vit DBM où Keith crie à répétition les noms des légendes du metal Dimebag, Buzzo et Mustaine. C’est une vraie démonstration punk hardcore à l’état brut. La chanson ne dure même pas une minute. On se repose ensuite avec la pièce théatro-humoristique Les vieux qui courent pour finalement retourner dans le mosh pit infernal durant Les gens. La température monte et l’ambiance est maintenant électrique au Pantoum. Les membres du groupe ont bien dû perdre une dizaine de livres chacun durant cette première partie de spectacle.
Que le fan de la première heure se rassure, il en a aussi pour son compte en deuxième partie. Les morceaux des anciens albums tels Comme un macaque, Tic Tac (rebaptisé en Tik Tok pour l’occasion), Marie ou encore Shérif s’enchainent, et Keith Kouna et son groupe, survoltés et révoltés, brassent encore la foule en délire.
En rappel, Vincent et Keith interprètent le morceau néo-classique Requins avec une intensité vocale troublante accompagnée seulement d’un piano. La foule en redemande encore et Keith, maintenant seul avec sa guitare, sort ses vieux morceaux comme Déo, tiré de son premier album, ou encore le classique de son groupe Les Goules, Coat de Cuir.
Le spectacle se termine tout en vulnérabilité avec la ballade Marilyn et bien évidemment Au revoir, douce rengaine folk sur laquelle Keith chante avec ses tripes encore une fois.
Je ressors du spectacle comblé : je ne m’attendais pas à une telle performance. Chapeau les artistes!
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