Un lancement chromé pour LaF

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Issus du collectif de rap Les Fourmis, les membres du trio LaF ne sont plus à présenter pour les fans de rap québécois – mais je les nomme quand même pour les amateurs : on y retrouve Bkay, Jah Maaz, et Mantisse. Le 28 avril dernier, la formation était de passage à L’impérial Bell pour le lancement de « Chrome », leur cinquième titre en carrière.

Lova

C’est Lova qui avait la tâche de casser la glace en ouvrant en première partie. Définitivement, l’artiste a de l’énergie à transmettre, et une voix solide lui permettant autant de rapper que de chanter des notes hautes et mélodieuses. Il fait preuve d’une belle spontanéité et d’un humour léger. C’est d’ailleurs avec une belle répartie qu’il a accueilli un joint lancé de la foule : « Y’a deux façons d’encourager les artistes, venir les voir en shows et les projectiles de drogues douces. » Les rythmes des premières chansons se ressemblaient un peu, et le son de la salle n’aidait pas à ce qu’on en entende les subtilités. Néanmoins, la quatrième pièce, plus chantée, a marqué un moment tournant, permettant de séduire la foule qui grandissait de plus en plus. À terme, l’artiste a offert une prestation de qualité, bien qu’en restant près des codes du genre.

LaF

Il faut dire que le trio repousse constamment les limites du rap québécois, et c’est encore une fois ce que mes yeux et mes oreilles ont pu constater. Musiciens, décor et mise en scène, on avait décidé de faire les choses en grand pour un album tout particulièrement spécial. C’est du moins ce que nous a expliqué Bkay en cours de spectacle. Si les gars ont l’habitude de produire rapidement leur musique, « Chrome » a pris 2 ans et demi à voir le jour, à travers « un processus en montagne russe avec la pandémie. » C’est un album qui se révèle personnel et lourd de sens. « On essaye de faire du rap stylé avec les gars qu’on est. C’est un exercice touchant, super vulnérabilisant. C’est la première fois qu’on y arrive vraiment. » Qu’en pensez-vous?

Pour ma part, j’ai toujours été épatée de constater la sensibilité, la fluidité et la flexibilité de LaF. C’est par ces qualités que le groupe nous offre une proposition aussi différente et accrocheuse, leur permettant de se construire une audience variée bien au-delà des habituées du milieu du rap québécois. Que vous aimiez ou non habituellement ce genre, il y a de grandes chances que LaF puisse vous plaire. Sur scène, on laisse également tomber les masques pour que trois hommes vulnérables, émotifs et authentiques puissent s’exprimer sans filtre. Le rap a souvent mauvaise presse, on s’imagine souvent les rappeurs avec une image de tough ; voir Bkay, Jamaz et Mantisse, c’est rafraîchissant. À ça s’ajoute une présence scénique remarquable. Les trois sautillent, dansent et se déplacent pour meubler complètement la scène. Et ça fonctionne. Dans la salle, on pouvait sentir une frénésie dans la masse de corps rebondissant en symbiose avec le trio.

Parmi les moments marquants du lancement, on retrouve la collaboration de Rau Ze sur Blue Cheez. C’est avec sa voix puissante au travers de la foule que ses notes nous ont transpercé pour nous laisser la chair de poule. L’artiste a quelque chose de si singulier, ça la rend unique.

Les ajouts d’instruments organiques sur les traditionnelles trames étaient considérables. C’était entre autres le cas du saxophone, sur plusieurs pièces, alors que Mantisse a quant à lui pris quelques fois pris sa guitare en main.

C’était un spectacle généreux. Il faut dire que l’album compte quinze pièces pour un total de quarante-neuf minutes. À ça, on a ajouté plusieurs classiques des albums précédents, jusqu’à Tangerine offerte en rappel. C’était mon quatrième spectacle de LaF, et le trio me captive toujours autant. Longue vie à cette belle vulnérabilité et aux hommes sensibles derrière les surnoms de Bkay, Jamaz et de Mantisse.

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