Fred Fortin – Limoilou en musique, 10 juin / L’Anti Bar & Spectacles, 5 décembre
Julien Baby-Cormier : Les performances d’homme-orchestre de Fred Fortin relevaient de la légende pour moi. Il y avait plusieurs années qu’il n’avait pas tourné en mode solo. Les rumeurs n’étaient pas exagérées. Le talent de cet homme est absolument invraisemblable. Comment peut-on jouer des lignes de guitare aussi complexes tout en chantant et en s’occupant d’une rythmique souvent élaborée aux percussions seul si on n’est pas un peu surhomme? L’autre aspect trippant est de naviguer à travers l’entièreté de sa discographie en ayant l’impression que (presque) tout est possible. Des spectateurs criaient des titres et Fortin semblait ajuster son spectacle en conséquence, proposant plusieurs chansons que je n’avais jamais entendues en spectacle. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’a pas mis de côté les chansons plus rock, y allant de performances énergiques de certains canons comme Massacre à l’harmonica ou St-Prime de Gros Mené… à voir!
Jacques Boivin : Que ce soit à Limoilou en musique en juin, au Festif en juillet ou à L’Anti en décembre, ce show-là était tout simplement magnifique. Je dis « ce show », mais il faut comprendre que Fred Fortin en solo, c’est jamais le même show. Surtout en mode homme-orchestre, où il s’amuse à fouiller dans son TRÈS VASTE répertoire et à nous sortir des morceaux qu’on n’avait pas entendus live depuis des siècles… quand on les a déjà entendus live. Mais ce qui nous fascine le plus avec le virtuose de Saint-Prime, c’est l’apparente facilité qu’il a de jouer de la guitare et de la batterie tout en chantant. Seul. Pourtant, on se ferme les yeux et on a l’impression qu’il a un band complet derrière lui. Tout ça en communiant avec nous. Respect, Fred. Respect.
Forest Boys – Fête de la musique de Québec, 15 juin
Julie Bourassa : L’année 2018 a été foisonnante pour le clan Forest Boys. D’abord en tant que gagnant de la grande finale de la troisième édition des Apéros FEQ tenue à l’Impérial Bell en mai grâce à une performance électrisante, j’ai à nouveau pu voir en action le septuor de Québec à la Fête de la musique tenue en juin. Dans les deux cas, l’expérience était festive, éclatée, groovy et annonciatrice de quelque chose de plus grand. Du moins, j’espère ne pas me tromper. C’est que les projets tourbillonnent dans le sillage des frères Chiasson/Lenoir, dont l’excellent nouvel album du groupe The Seasons, formé entre autres de trois des sept membres de Forest Boys. Quelle place occupera ce projet au cœur de Julien Chiasson, chanteur de la formation, dans les prochaines années? Il faudra, comme moi, demeurer à l’affût pour le savoir.
Ólafur Arnalds – Palais Montcalm, 29 juin
Gabriel Tremblay : Non mais quelle prise du Palais Montcalm quand même! la mélodie d’Ólafur Arnalds, figure islandaise éminente de l’univers néo-classique était de passage en juin dernier. Marion et moi étions complètement charmés par la prestation du scandinave. La formule? Un quatuor à cordes, deux pianistes et un percussionniste. Littéralement envoûtante, cette soirée restera longtemps gravée dans ma mémoire. Le mouvement où Viktor Orri Arnason, seul au violon, y va d’une danse saccadée tout en jouant me donnait une des ces chairs de poule inoubliables.
Joe’s Garage – Festival OFF de Québec, 4 juillet
Marie-Ève Fortier : C’était original, audacieux, unique: l’opéra rock de Frank Zappa dans son intégralité, et ce présenté par 13 de nos artistes locaux favoris. Armés de leurs plus beaux costumes et de leur panoplie d’instruments, ils ont su donner vie à cette oeuvre aussi éclectique qu’ingénieuse. Et quel meilleur endroit pour présenter un projet aussi farfelu que le Festival OFF de Québec, dont on aime tant le public que l’ambiance.
Loud/Alaclair Ensemble – Festival d’été de Québec (7 et 15 juillet)
Julie Bourassa : Il fallait bien qu’il y du rap dans mon Top 5, mais puisque cette scène est effervescente au possible, il est difficile de choisir. Loud a offert un album dont je ne me lasse pas, et sur scène, il livre des performances à la hauteur de ses prétentions. Que ce soit au FEQ ou lors de sa série de supplémentaires à l’Impérial Bell, Loud est toujours charismatique, je dirais même magnétique. Prestance, assurance, aisance, juste la bonne dose d’arrogance, tout y est. Alaclair Ensemble est loin d’être en reste avec leur excellent album « Le sens des paroles ». Les spectacles qu’ils ont offert cette année à l’Impérial Bell dans le cadre du FEQ et lors du lancement de leur nouvel opus étaient complètement survoltés. Une dose massive d’énergie qui est loin de vouloir s’éteindre. En effet, malgré qu’ils aient chacun leurs projets personnels menés en parallèle, le groupe demeure toujours aussi soudé, créatif et très productif.
The War on Drugs – Festival d’été de Québec, 8 juillet 2018
Jacques Boivin : Un moment que j’espérais depuis plusieurs années s’est enfin produit au parc de la Francophonie avec la visite de la bande à Granduciel. Pendant près d’une heure et demie, The War on Drugs nous a fait voyager avec son rock stratosphérique et un dispositif d’éclairage qui nous aidait à plonger dans l’univers musical feutré du groupe. Même s’il n’est pas le plus loquace sur scène, Granduciel nous hypnotise par des solos bien envoyés et une voix capable de donner des frissons aux bons moments. Un moment parfait dans un Festival d’été qui en a compté un grand nombre.
Gabriel Tremblay : Outre la mélodie grandiose qu’est le rock planant d’Adam Granduciel et sa bande, le visuel de ce spectacle était éblouissant. Un anneau lumineux entourait les musiciens sur la scène du Pigeonnier. Nous n’avions jamais vécu une soirée stoner/psychédélique aussi intense. Qui a dit que des rockeurs poilus de la Pennsylvanie ne pouvait faire pleurer des mélomanes. Définitivement, une des prestations marquantes de la dernière édition du FEQ.