Entre vagues et pâturages : pataugeoire et Flavien Berger à l’Anti

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Une pataugeoire émotive

Le projet d’Agathe Dupéré roule sa bosse depuis quelque temps déjà, et on la suit toujours avec plaisir de salle en salle. Le 30 août, les mélodies de son EP « Num2Num », paru il y a presque un an, mais aussi celles de son premier microalbum homonyme, ont fait osciller l’Anti Bar & Spectacles d’un extrême à l’autre, passant de pièces entraînantes (c’était le cas notamment pour Supermonkeyball ou C’est quoi déjà ton nom) à d’autres morceaux d’une grande douceur (Comme de la ouate, Vœu). S’il tardait à se réchauffer pour danser, le public a toutefois offert à l’artiste une oreille attentive et bienveillante, ouvertes toutes grandes à la vulnérabilité recherchée de la jeune artiste performant en formule solo. Malgré l’absence de musiciens pour l’accompagner, remplacés parfois par des enregistrements, elle a su habiter toute la scène – et aussi la salle, qui réagissait à ses blagues et sondages divers, genre celui sur notre type de moutarde préférée (je pense toutefois qu’il était truqué, parce que je ne peux pas croire que c’est la moutarde base-ball qui a véritablement gagné ?!). Bref, une agréable première partie en dents de scie pour le Frouz moustachu tant attendu par la petite foule compacte de l’Anti.

Vers les sommets de Flavien Berger

Le concert s’est ouvert sur un Flavien concentré, maîtrisant parfaitement son setup de techno-pro, mais aussi sa voix, élevée au statut d’instrument de musique haut calibre. On a eu droit à des enregistrements en direct de sons, ensuite loopés – ce qu’il n’a malheureusement pas fait tout du long, à mon grand désarroi. N’imaginez pas cependant que la grosse heure de performance livrée par l’artiste a ensuite été dénuée d’intérêt : d’une improvisation vocale à l’autre, il dirigeait d’une main gantée de velours les spectateur·ices dociles, métamorphosé·es en tendres agneaux prêts à monter avec lui vers les plus hauts alpages du tech. Nous étions pendu·es à ses lèvres, à son énergie et à ses malins calculs (eh oui, qui eût cru que je me replongerais dans mes bons vieux cours de maths à l’Anti?). Se dérobant aux paroles de ses chansons, que le public aurait pourtant vraiment pu chanter avec lui, Flavien Berger a déployé tout son « art de la techno » en improvisant de nouvelles lignes en lien avec les réactions, en direct, du public mouvant, sur les airs de ses chansons bien connues comme Maddy la nuit. S’il me faisait un peu penser à d’autres beloved frenchies comme Voyou, sa spontanéité et son aisance un peu stoïque rappelaient aussi Marc Rebillet. Tout l’amour qu’il a témoigné envers pataugeoire, qu’il a chaudement remerciée par des mots élogieux sur sa démarche artistique, a achevé de me convaincre que cet artiste devait absolument entrer en lice dans la catégorie « cool personne de l’année ».

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