Samedi 22 juillet

Gabrielle Shonk

Après deux soirées bien remplies, quoi de mieux que de débuter sa journée à 14 heures au parc de la Virevolte, bien tranquille sur de magnifiques caisses en bois, question de survivre à la troisième journée complète? Gabrielle Shonk y était pour nous offrir les compositions de son dernier album « Across the Room » en compagnie de Joey Proteau (Gaspard Eden), Raphaël Laliberté-Desgagné (Pastel Barbo, Ariane Roy) et Marc-André Pételle. Album très personnel inspiré de ses expériences, angoisses et humeurs, Shonk s’en est inspiré pour échanger avec le public de manière tout à fait habile. D’une grande humilité et sans artifice, elle impressionne avec sa voix à la fois feutrée et puissante. Débutant la prestation avec des chansons plus folk, entre autres avec How We Used to Be, elle nous attendait avec son blues rock bien assumé en deuxième partie. Malgré la présence d’un pluie intermittente, conjurée par la magnifique Raindrops, tirée de son premier album, Gabrielle Shonk a pu terminer le setlist sur son succès Habit pour notre plus grand plaisir.

Anatole

Anatole a beau vouloir s’éloigner du personnage glam qu’il avait créé pour ses premiers albums, il n’est pas tout à fait disparu et c’est très bien ainsi. Alexandre Martel n’a pas perdu son attitude irrévérencieuse et son humour d’une grande subtilité. Il nous présente, à l’aide de ses complices de longue date, une version délicate des chansons de son dernier album. Lorsque je mentionne délicate c’est vraiment dans le but d’être le plus doux possible pour s’assurer que le public porte attention à chacune des paroles. Et l’expérimentation fonctionne très bien. L’écoute était magnifiée jusqu’à ce qu’Anatole commence à bouger de manière absurde sur sa chaise et enfin se lever pour donner un ton un peu plus festif. Progression parfaite tout en humour et créativité. Il est là le personnage, dans le mouvement, les mains encore maniérées et l’intelligence du ton. Un moment unique qui s’inscrit dans les meilleurs de mon festival.

TOPS

La formation montréalaise TOPS, avec en tête Jane Penny ainsi que la chanteuse Marci aux keys, sont venus présenter leur soft indie rock pour la première fois au Festif! Leur album « I Feel Alive » (2020) et l’EP « Empty Seats » (2022) était à l’honneur. Bien que j’avais hâte de les voir performer et que le style se portait bien à la température ensoleillée désormais bien installée, il était difficile de garder l’attention sur l’aspect statique de la performance. Il y a bien eu des moments plus forts, entre autres avec Party Again et la finale avec la chanson titre de l’album, I Feel Alive.

Simon Kearney

La foule n’était pas encore tout à fait présente en ce début de soirée à la scène Desjardins pour accueillir Simon Kearney, mais qu’à cela ne tienne, le king de la Pop’N’Roll était prêt. C’est avec une grande énergie, des chorégraphies et de l’attitude que les chansons tiré de l’album « America » nous ont été lancées en plein visage. Débutant avec son succès JeanLeloup la table était mise pour réchauffer la place avec vigueur. Les autres singles de l’album n’ont pas tardé à suivre et la soirée était lancé. Jeanne Laforêt et Henri Kinkead ont été les meilleurs acolytes dès leur arrivée pour soutenir Simon qui remplissait la scène avec beaucoup d’aisance.

Yocto

Même si je venais de les voir au Pantoum quelques semaines avant, je tenais à revoir la nouvelle formation Yocto. Coup de cœur immédiat, je considère qu’il s’agit une des formations les plus intéressantes dans la scène actuelle. Mené avec puissance par Yuki Berthiaume, membre des excellents Jesuslesfilles, le groupe œuvre entre le proto et le post-punk ainsi que le art-rock. Leurs compositions se promènent dans toutes les possibilités qu’offrent ces styles et réussissent à garder une cohérence dans toute cette mixité. La présence de Yuki est hypnotisante tandis qu’elle laisse la place à ses musiciens dans les envolées instrumentales. Accompagné entre autres d’Emmanuel Ethier (Chocolat) et de Jean-Michel Coutu (IDALG), nous avons affaire ici à des instrumentistes hors-pair. Leur premier album « Zepta Supernova » sera disponible le 25 août prochain.

Amyl And The Sniffers

Tête d’affiche internationale très attendue, Amyl and the Sniffers n’a pas déçu, ni les fans ni les curieux qui venaient les découvrir. La formation australienne est venu fermer la scène Desjardins avec grand fracas. Amy Taylor est une bête de scène digne des plus grandes frontwoman de l’histoire du rock, rien de moins. Sa performance est sportive et toujours en contrôle, d’une grande force. Visiblement heureux de voir une foule aussi énergique, le groupe a exécuté avec passion ses hits Hertz, Security ou encore Guided By angels tiré de leur deuxième album « Comfort To Me ». Grand moment de ce 14^e Festif, l’équipe aura désormais officiellement passé au travers des spectacles extérieurs importants sans aucune frasque de dame nature.

Lydia Kepinski

Lydia Kepinski aura fermé la dernière soirée du Festif avec un des dancefloor les plus contagieux de la fin de semaine. D’une efficacité indéniable, les compositions de plus en plus électro de la jeune artiste ont emporté la foule dans une dernière frénésie incroyable. Lydia elle-même semblait surprise de l’ampleur de l’excitation. Celle qui avait repoussé sa présence au Festif depuis plusieurs années déjà était visiblement émue de tout l’amour envoyé par la piste de danse. Après avoir bien dansé, arriva désormais le temps d’aller se coucher pour essayer d’être en forme pour les derniers spectacles sur le quai le lendemain.

Dimanche 23 juillet

Thierry Larose

Pour bien terminer cette édition du Festif, Thierry Larose avait toute qu’une foule pour l’accueillir. Je n’avais jamais vu le Quai aussi rempli et avec raison. Thierry possède une aura qui attire le regard mais aussi le respect. On le sent en contrôle tout au long de la prestation malgré quelques petites anicroches techniques. Entouré, entre autres, de Lou-Adriane Cassidy et d’Alexandre Martel, qui ont tous deux travaillé sur l’album « Sprint! », nous avions droit à une distribution all-star. Avec des chansons comme Portrait d’une Marianne, Si tu comprends pas maintenant, Baleine et moi ou encore Des nœuds dans les doigts, la deuxième galette de Larose possède déjà des classiques que tout le monde chante avec force. Pas étonnant puisque les paroles glissent si bien sur des mélodies parfaitement structurées. On a bien sûr eu droit aussi à des succès du premier album « Cantalou » dont la chanson parfaite pour terminer le spectacle, Les Amants de Pompéï. Oh mais non c’était loin d’être terminé, un rappel avec minimum cinq autres chansons a eu lieu. Je ne peux pas dire le nombre exact puisque à ce moment je marchais du quai de retour vers le centre-ville.

Cette édition est sans aucun doute une des plus réussies! Malgré les inondations plus tôt cette année, Baie St-Paul s’était fait belle pour les festivaliers. Bravo à l’équipe du Festif pour tout le travail accompli en vue d’un accueil impeccable. Même Dame Nature semblait leur faire une fleur en dispersant systématiquement toute possibilité d’orage; ceux-ci ne se sont finalement jamais présentés!