Dogo Suicide et Mon amie Souffrance : Ça déménage le printemps !

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Samedi le 15 avril, Écoute donc ça est allé voir Dogo Suicide en première partie de Mon amie Souffrance au rez-de-chaussée du Pantoum. Au menu, de nouveaux morceaux, de nouveaux membres, des batteurs hors d’haleine et de l’intensité en masse. Par ici la musique.

Dogo Suicide

Deux mois après leur passage au Phoque OFF, on a retrouvé le groupe Dogo Suicide, qui nous a présenté du nouveau matériel, et qui a brassé encore une fois la cage de la scène musicale de Québec. Le trio composé de Richard-William Turcotte (batterie), Emmanuel Canadian (basse, voix) et Nicolas Côté (guitare, voix), a performé cette fois-ci en formule élargie avec un « dude » statique tout le long du spectacle aux allures de douche. Sa présence sur scène reste encore énigmatique pour moi. Inside joke ou pas, le groupe a livré la marchandise!

Les premières pièces ont été de belles découvertes, qui annoncent sans doute un nouvel album ou au moins un simple. On s’est baladé du pop-punk au trash-punk avec d’ailleurs un morceau de quatre secondes et quart qui t’a réchauffé la salle le temps de le dire! Les voix d’Emmanuel et Nicolas nous ont rentré dedans avec intensité : ils chantent avec leurs tripes et ça donne envie de lâcher son fou.

La suite du tableau était assez expérimental. Leur introduction démontrait d’ailleurs un côté stoner sur fond de batterie punk : Richard-William frappait avec fougue sur les drums, comme s’il n’y avait pas de lendemain. Bref, ça sonnait en ta! Cette polyvalence dans les styles se retrouvait aussi durant les interludes, lors desquels ils mêlaient sonorités lourdes à des mélodies jazz, avant de rentrer dans le vif de la pièce et de faire tout exploser dans un tumulte de distorsion et de cris poignants.

On a aussi eu droit au morceau Sexe pour les yeux, chanson très efficace ; la voix à la fois criée et chantée de Nicolas me fait d’ailleurs parfois penser à un certain Keith Kouna. Guitariste et bassiste étaient fusionnels sur scène : c’est front à front, comme dans un combat de boucs, qu’ils nous ont fait vivre l’intensité du morceau, cri du cœur marqué par des accords sur la distorsion, cris rauques qui duraient, et un batteur toujours aussi solide.

Mention spéciale au solo de batterie de Richard-William lors d’un interlude digne de Moby Dick de Led-Zeppelin, sur fond de larsen.

L’école de cirque a clos le spectacle sur une note hystérique, et je me suis même lancé dans le mosh pit, histoire de vivre pleinement l’expérience. On n’a plus 20 ans, mais ça en valait la peine. La chanson dure près de 10 minutes, et varie beaucoup en intensité, passant de rythmes lourds stoner à du punk-noise, en passant par du hard-core : un cocktail détonant qui fait mouche.

Mon amie Souffrance

Ce fût ensuite au tour de Mon amie Souffrance d’entrer en scène. Sébastien Delorme (guitare), Vincent Gaboury (guitare), Claudia Gagné (basse) et de Daniel Hains-Côté (batterie) brisent les codes de la scène rock, que ce soit par leur jeu assis ou encore par le choix de n’apposer aucune voix à leur pièces.

Le quatuor a commencé par une pièce planante, aux rythmes minimalistes, marquée par la basse omniprésente de Claudia et deux guitares des plus psychédéliques. Ils nous ont offert une introduction bien ficelée où tout était exécuté et réglé comme sur du papier à musique.

Sereins et détendus, comme dans un bon sofa ou plutôt de bonnes chaises de chalet en bois, les membres du groupe nous ont emmené ensuite dans leur univers étrange et mystérieux. On a alors eu droit aux quatre pièces de leur nouvel EP, « Club Social » jouées à l’identique de la version studio, l’intensité et l’émotion du spectacle en plus. Je ne sais pas si le groupe s’est souvent pratiqué avant de venir au Pantoum ce soir-là, mais la qualité d’exécution était exceptionnelle, surtout considérant qu’il s’agissait d’un lancement d’album.

Les musiciens nous font vivre leurs pièces et nous transportent dans une transe hypnotique.

Le pari de non-vocal du groupe amène une approche beaucoup plus introspective et subjective du spectacle: l’écoute était religieuse (pour la majorité du public). Sébastien s’est permis tout de même de rappeler que les musiciens aussi entendent le public, qui compétitionne parfois en intensité sonore avec le groupe. Il me semble que l’écoute est le moindre des respects pour les artistes, et j’espère que cet article va inciter certains au mutisme (pour rester poli).

Au cours de la soirée, on a aussi eu droit à des jams dignes de jazz bands à la sauce psychédélique, avec Bobo sabotage ou encore avec l’intense Zugzwang. La puissance dégagée par leur jeu était déstabilisante. On notera les regards et la gestuelle durant les chansons entre les musiciens, témoignant d’une grande complicité et d’une symbiose entre eux.

Le batteur de Mon amie Souffrance aussi mérite les étoiles du match: Daniel nous a fait une méchante démonstration de talent. À travers ses expressions faciales, on a vécu toute l’intensité de chaque pièce, qui sont toutes de véritables prouesses d’endurance et de technicité. On a eu l’impression qu’il manquait de s’effondrer après chaque morceau, tellement le jeu semblait exigeant.

C’est donc une performance bien rodée que nous a livré Mon amie Souffrance, après trois ans et demi de gestation pour cet EP. Le spectacle s’est terminé sous les acclamations du public, qui en redemandait encore. Sébastien a répondu qu’ils auraient aimé jouer plus, mais que malheureusement leur répertoire ne le permettait pas. Dommage, ça goutait le reviens-y!

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