Le club (anti) social de Mon amie Souffrance

PAR

Ce 7 avril, trois ans après leur simple éponyme et moults performances à Québec (Nuits psychédéliques, Petit Off, FMQ), sort « Club Social », le second EP du groupe Mon amie Souffrance. J’avais bien hâte d’entendre les nouvelles compositions. Le groupe se compose de Sébastien Delorme (guitare), Vincent Gaboury (guitare), Claudia Gagné (basse) et de Daniel Hains-Côté (batterie) et est auto-produit ici-même à Québec au Pantoum.

Avec ce nouvel opus, nous sommes transportés dans les recoins des sonorités les plus intrigantes voguant sur des rythmes déconstruits dans un univers à mi chemin entre suspens macabres et chaos post-apocalyptiques.

Que le mélomane en vous soit averti, ce microalbum exclusivement instrumental et expérimental comprend aussi bien des sonorités jazz que du hardcore/grunge avec des morceaux de cinq minutes et plus, on est pas là pour faire du radio edit.

La première pièce Wikicide témoigne bien de cette versatilité : atmosphère énigmatique sur fond de guitares léchées et de batterie dont les prouesses techniques nous déstabilisent tranquillement et nous font basculer dans les abysses d’un rock endiablé montant en intensité et distorsion. Un cocktail surprenant et terriblement efficace.

Dans la même lignée, on enchaîne avec Fol à gogo, un fil narratif similaire mais cette fois-ci on est transporté dans une atmosphère mystérieuse avec une mesure de la batterie à la triple croche comme si on vivait une course effrénée. Encore une fois, le mélange des genres nous emmène dans des méandres post-punk instrumental jazzy que seul Mon amie Souffrance a le don de nous livrer. Une signature hors norme qui mériterait d’ailleurs de faire la bande-son de votre meilleur thriller ou film malsain.

Suit mon morceau préf, la pièce Pape jouet : les riffs de guitare sont intenses et variés, et la basse très imposante et minimaliste est parfaitement calée dans cette danse macabre. Le violon et violoncelle de Marie-Christine Roy et Louis-Solem Pérot ajoutent un côté lugubre, que ce soit dans leurs pickings aux doigtés intrigants ou dans leurs lents trémolos. Un premier clip réalisé par Gabriel Lapierre est sorti le 7 mars. Le visuel digne d’un lightshow d’épouvante relate parfaitement l’ambiance mystérieuse d’un personnage marionnette et de l’intensité dramatique du morceau.

Le maxi se finit par Les bouts d’chou de la colère qu’on pourrait qualifier de ballade avec une énergie rock à la Foals des années 2000 (quand c’était encore bon). Encore là, les standards sont déconstruits, on ne distingue pas les couplets des refrains. Cette fois le groupe nous présente un morceau plus accessible sur lequel on aurait volontiers envie de se déhancher. Une belle dernière pièce planante qui nous laisse malheureusement sur notre fin.

C’est donc un EP très mature et abouti que nous livre Mon amie Souffrance. Les influences diverses que chacun des membres du groupe (notamment La Dame Ovale, Saint-Martyrs et Narcisse) nous livrent est une réelle extase pour l’oreille avertie. Un lancement est d’ailleurs prévu au Pantoum le 15 avril prochain, ne passez pas à côté cette occasion!

VOUS CHERCHEZ QUELQUE CHOSE?