De party de réveillon à party électro

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Le 8 octobre dernier, Le Pantoum accueillait un trio d’artistes : Whitney K, Jonathan Personne et Jesse Mac Cormack. La soirée laissait l’option au spectateur d’assister aux deux premières prestations, à Mac Cormack seulement ou de profiter de la formule triple. Peu importe l’option choisie, la soirée s’annonçait prometteuse.

Whitney K

Le Yukonais Whitney K s’est présenté en formule acoustique accompagné de son pianiste, Avalon Tassonyi. On avait d’ailleurs installé le bon vieux piano du Pantoum sur la scène pour que s’y installe le musicien. Timide, Whitney manquait un peu de rodage. Il nous a avoué qu’ils avaient pratiqué l’ensemble des pièces dans la dernière semaine et que cela était nouveau pour eux aussi. Ajoutons à cela que les cordes de sa guitare prennaient du lousse entre chaque pièce, l’obligeant constamment à se réaccorder. Si cela aurait pu constituer un fâcheux irritant affectant la fluidité de sa prestation, cela apportait plutôt un côté familier au spectacle. J’avais un peu l’impression de me retrouver dans un party de réveillon, alors qu’on sort les instruments pour divertir la famille amorphe après avoir mangé un peu trop de dinde. Le country-folk chaleureux et imparfait de Whitney K ne faisait, finalement, qu’appuyer son attitude naturelle, ce qui rendait le tout très agréable.

Jonathan Personne

J’avais bien hâte de voir sur scène « le projet du gars de Corridor », comme tout le monde me disait. Jonathan Personne lançait le 26 août dernier un album éponyme, son troisième titre depuis 2019. Le programme choisi était toutefois un mélange des différentes pièces disponibles à ce jour. Néanmoins, dans sa version studio, le dernier long jeu du musicien est plus complet, les sonorités y sont plus riches et plus nombreuses, laissant des envolées psychédéliques s’immiscer entre les rifs de rock. C’est du solide. Sur scène, outre ce petit détail, l’excellence était tout autant au rendez-vous et les pièces plus anciennes trouvaient parfaitement leur place dans la nouveauté. La voix de l’auteur-compositeur-interprète portait avec justesse des paroles écrites avec génie, dans un style parfois lugubre et mystérieux. Jonathan pouvait également compter sur le support vocal de N Nao, qui s’harmonisait parfaitement avec le projet. Voir jouer l’artiste sous mes yeux m’a permis de l’apprécier encore davantage.

Jesse Mac Cormack

J’étais littéralement tombée en amour dès la première écoute de « Now », le premier album complet de Jesse Mac Cormack sorti en 2019. Après quelques microalbums plus folk-rock, le Montréalais explorait davantage les synthés aux sonorités rétro, qui me rappelaient l’époque de Genesis. Sur l’album « Solo», paru en avril dernier, les sonorités se sont davantage épurées pour offrir un album aux tendances électro, voire presque house par moment. En prestation, c’est ce que Mac Cormack a décidé de mettre de l’avant. Deux hommes, deux synthétiseurs, un ordinateur et un énorme panneau lumineux remplissaient la scène du Pantoum, transformant la soirée en un party électro. La voix de Jesse est impeccable et envoûtante. Sans se mentir, elle contribue indubitablement au succès de cette nouvelle formule en comblant les vides laissés par la disparition des textures organiques. Est-ce que cette migration de style altère la qualité de la proposition de l’artiste? Une chose est certaine, ce changement aura assurément un impact sur le public cible de ses spectacles. Qu’on aime ou non cette nouvelle approche, il faut avouer que tout ce que fait le musicien, il le fait à la perfection. Jesse Mac Cormack est définitivement un artiste accompli.

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