Un Saigneur de Doux mardi

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Le 12 octobre dernier marquait le retour sans mesures sanitaires de Mon Doux Saigneur dans la vieille capitale. Lors de son dernier passage, la formation avait partagé la scène de la salle Louis-Fréchette avec Bon Enfant. Contraints de garder nos fesses collées sur nos chaises, il manquait un petit quelque chose de magique à cette soirée, bien que malgré tout absolument satisfaisante à cette époque.

Émerik est donc monté à nouveau sur la scène du Grand Théâtre de Québec en répétant plusieurs fois « Je suis excité ». Plus tard, il a même renchéri en remerciant l’institution d’accueillir des spectacles comme le sien : « On est un peu comme dans un amphithéâtre. C’est le fun le modelage qu’on a fait de la salle, ça permet à des artistes comme moi de venir y faire des spectacles. On a tellement de grandes salles au Québec, on dirait que c’est bon pour Starmania ou rien. Même les humoristes n’arrivent pas à les remplir » s’est-il exclamé. Et c’est vrai que la configuration de la salle du théâtre avait, pour l’occasion, de quoi de particulièrement accueillant : une petite scène était carrément installée sur l’immense scène du Grand Théâtre, et les spectateurs foulaient le vaste plancher noir habituellement réservé aux artistes. Grosso modo, c’est un peu comme si on écoutait un spectacle en backstage.

« Fleur de l’âge », le plus récent album de Mon Doux Saigneur, est sorti en mai dernier. Il présente une touche folky-blues encore plus assumée que dans l’excellent « Horizon », l’opus précédent. Ainsi, le programme, qui mélangeait les pièces de ces deux albums, proposait des versions légèrement revisitées des chansons de la précédente parution. Cela permettait belle fluidité dans les sauts de répertoire de l’artiste, tout en harmonie. Je t’aime a également bénéficié d’une modification de tempo, donnant à la piste studio langoureuse un côté plus folk-rock qui lui a collé à merveille.

C’était mardi et l’audience était visiblement en mode « spectacle de soir de semaine ». Un peu lente à sortir de sa timidité, c’est la pièce Hook II qui a enfin fait lever l’assistance. La chanson a motivé les gens à s’avancer et à sortir leurs meilleurs mouvements de bassin, et ce jusqu’à la fin de la prestation. S’abandonner aux grouillades est si facile sur du Mon Doux et toutes ses envolées mélodiques de la formation ! Il faut souligner que hormis la batterie, on ne retrouve sur scène que des instruments à cordes, soit des guitares électriques et acoustiques, un pedal steel et une basse. Le tout donne une touche des plus chaleureuses, une intimité qu’on partage avec les musiciens pour un trop court instant. Mais le moment intimiste du spectacle a été celui où Émerik et David Marchand, au pedal-steel, se sont retrouvés tous les deux seuls sur scène pour Content. Envoûtés, on a écouté chaque mot de la pièce qui s’est terminée par un rire timide d’un Émerik, visiblement content.

Visuellement, la mise en scène était superbe. Au-dessus de la scène, des rectangles de tissu accueillaient des projections. On y présentait des œuvres graphiques, une diffusion en direct de ce qui se passait sur scène, ou une superposition des deux. La disposition des musiciens était également intéressante, notamment parce que la batterie était placée à l’avant. La lumière était magnifique, la musique était sublime. Difficile de vivre un mardi plus Doux.

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