Flirter avec l’inusité de Virginie B

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En pleine festivité de St-Roch XP, Le Pantoum accueillait quant à lui Virginie B. Suite à son album « Insula » sorti en janvier 2022, l’artiste n’avait pas encore eu la chance de se produire dans la vieille capitale. C’était donc un plaisir pour Léo et moi de faire une petite pause des festivités de la rue St-Joseph pour célébrer avec Virginie et son équipe. Et tant qu’à m’y rendre, pourquoi ne pas jaser un peu avec l’artiste avant le spectacle.

Si le public amateur de musique émergente était un peu divisé entre les deux événements, cela n’affectait aucunement Virginie. « Juste le fait que y’aille un public et des gens qui ont possiblement déjà entendu l’album, c’est débile! J’ai aussi de la famille qui vient de Valcartier. Je suis juste excitée de pouvoir venir jouer à Québec avec mon propre projet après cinq ans à faire de la musique. Je suis juste tellement choyée que le Pantoum m’invite à jouer. Un gros merci. »

Pour l’occasion, Kinkead avait été désigné pour ouvrir le bal et pour ça aussi, Virginie était des plus enthousiastes. « C’est la première fois qu’on partage la scène, que je vais les voir en live! Je les avais juste vus en vidéo avec la pandémie » m’informe-t-elle. Aucune place à la déception, Henri et Simon ont habité la petite salle du Pantoum avec leur musique parfois plus pop, parfois plus indie. Si les deux jumeaux ont des voix similaires, ils savent trouver un équilibre entre les moments en solo et ceux où leurs timbres se mélangent. La dernière fois que j’avais les avais vus, c’était en 2018, un peu avant la sortie de leur premier microalbum. Il ont parcouru du chemin depuis, mais je me souviens que déjà il y a quatre ans, ils savaient partager leur musique avec le public d’une façon authentique qui leur est propre.

Mais revenons-en à Virginie B. Depuis deux ans, j’ai pu la voir sur scène aux côtés de Jules Henry (Super Plage) et de Meggie Lennon. J’étais curieuse de savoir comment ces collaborations avaient influencé son travail pour « Insula ». « Pour « Insula » moins. Cet album-là a été travaillé dans une isolation presque complète. Je venais de lâcher ma job et de commencer à travailler dessus pis la pandémie a éclaté en mars. J’ai comme fait ça pendant un an, mais ça impacte les nouvelles compositions à venir par contre. » Donc malgré qu’on allait assister au lancement de son premier album, la nouveauté était déjà de la partie. Soulignons entre autres une pièce initiée ce soir-là, un texte né suite à la décision de Roe v. Wade aux États-Unis limitant l’accès à l’avortement aux personnes qui ont des ovaires. La pièce affirme le côté engagée et revendicatrice de l’artiste.

Cette féminité forte qu’incarne Virginie se manifeste également sur scène. On sent une liberté et une aisance autant dans l’attitude et la gestuelle que dans la performance de la musicienne. Virginie n’a pas peur de prendre des risques, de flirter au besoin avec l’inusité. Je me suis d’ailleurs un peu fourbue en mentionnant son « fameux costume de grenouille » qui apparemment n’était une grenouille que dans mon souvenir clairement déformé.  « J’aime donc bin ça que ce soit ça qui soit sorti! C’est drôle de jouer avec le réel. Ça reste quand même juste un morphsuit en lycra, tout le monde l’interprète un peu comme il veut. Mais j’avoue qu’être dans un morphsuit vert, sur une roche, dans une position accroupie, ça faisait un peu grenouille » me reprend-elle sans rancune (ouff!). Mais quelle était alors l’inspiration? « C’est un duo qui s’appelle Synchrodogs qui fait de la photo surréelle. Ils font beaucoup de pauses de nu, avec beaucoup de brillants et en utilisant la nature. On voulait amener du surréel dans la nature, mais j’ai d’l’air d’une grenouille, qu’est-ce que tu veux » me taquine-t-elle. Maintenant que j’ai eu le temps de googler Synchrodogs, je comprends beaucoup mieux l’idée.

Pendant le spectacle, la foule était des plus réceptives. On dansait et se laissait emporter dans l’univers de la musicienne. Celle-ci était d’ailleurs entourée de six autres musiciens. Dans la salle verte du Pantoum, la réception de l’album était excellente. « Avant ça, je n’avais jamais eu autant de rêve autour d’une sortie. « Insula », c’était quelque chose que je dévoilais pour la première fois, qui me ressemble énormément. C’est là que je voulais aller, je me sens super confortable aussi. J’ai même dépassé ce que je pensais que j’allais faire avec cet album-là en plus d’avoir un sentiment d’acceptation dans le milieu. Pour le public c’était spécial. C’est sorti en pleine pandémie, pas moyen de le faire en personne. J’étais habituée de jouer les tounes en show pis après ça de les enregistrer, mais là je présentais quelque chose qui n’avait jamais eu de vie de scène, qui avait juste eu une vie de studio. Y’a une belle réception et je suis contente de voir que les gens s’accrochent à quelque chose qui est un peu plus psychédélique-soul. Ma proposition est un peu différente même si elle fit dans ce que j’entends en ce moment dans le courant. On amène les gens relativement ailleurs, ils se laissent bercer pis flotter pis c’est ce que je souhaite. »

En effet, on s’y accroche. Que ce soit en enregistrement ou en spectacle, Virginie se trace un chemin qui pourrait se révéler teinté de succès. Pour notre part, on attend patiemment la sortie des prochaines chansons.

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