Textes : Marie-Ève Fortier et Jacques Boivin / Photos : Nicolas Padovani et Jacques Boivin
Dix ans. C’est parfois long, mais ça passe tellement vite! C’est l’anniversaire que célébrait en grandes pompes Le Pantoum à la fin du mois d’août. Le complexe de création musicale du 76, rue Saint-Vallier Est a vu passer en ses murs à peu près tous les artistes qui ont mis Québec sur la map au cours de la dernière décennie. Si on n’avait qu’un exemple à donner, on vous parlerait d’Hubert Lenoir (qui est venu faire son petit tour en fin de semaine), mais ça ne serait pas rendre justice à tous les nombreux projets qui sont aussi passés par là.
On ne vous racontera pas toute l’histoire du Pantoum. Un, si vous êtes ici, vous la connaissez probablement déjà. Deux, la meilleure manière d’en savoir plus, c’est d’aller voir l’exposition dans la petite salle du rez-de-chaussée. Trois, on est là pour vous parler d’autre chose : du présent et de l’avenir. Parce que c’est ce qu’on a pu voir pendant les célébrations qui se sont déroulées dans le stationnement du Pantoum.
Des célébrations où personne (à part les organisateurs et 2-3 personnes dans le secret des Dieux, question de faire leur job comme du monde) ne connaissait la programmation. On a donc eu droit à douze belles surprises.
On a décidé de jouer le jeu dans le présent compte rendu. On ne vous nommera pas les artistes (si vous êtes perspicaces, vous allez trouver un moyen de voir leurs noms passer). Au contraire, on va faire travailler vos neurones et vous demander de… deviner QUI a joué toute la fin de semaine!
On commence ça tout de suite :
Jeudi 25 août
Groupe 1
C’est avec un groove tranquille et un rock psychédélique de bas de laine que le premier groupe nous a accueilli-e-s. Arborant leur plus beau rose pastel, les musiciens usaient de leur batterie, claviers, guitares, pedal steel et de leurs voix pour nous faire couler dans une ambiance laidback, mais non sans profondeur. Le groupe nous a chatouillé tant les émotions que la matière grise avec ses textes chaotiquement colorés. Fait notable: un duo de clarinettes qui ajoutait une touche symphonique à certaines nouvelles pièces, qui faisait alors ressortir le côté plus dramatique de leur composition. Les spectateurs, qui arrivaient en masse pour remplir le parking du Pantoum, ont semblé apprécier la performance qui leur a permis de se réchauffer le coeur comme les oreilles. Finalement, le groupe a terminé avec «sa toune d’amour», visiblement dédiée au Pantoum, un de ces «lieux qui rendent la musique vivante».
Groupe 2
Le prochain groupe à mettre le feu aux planches est né des cendres d’un projet presque aussi vieux que le Pantoum, tel Osiris revenu à la vie une fois certains de ses membres rassemblés. Ils ont commencé en force avec deux de leurs compositions qui figurent sur leur album homonyme, et qui mettent de l’avant deux chanteurs aux voix parentes, mais aux inflexions différentes. Avec eux, trois autres musiciens contribuaient à faire montrer le niveau d’énergie de la foule, aidés par les jeux d’éclairages dynamiques. On pouvait constater une belle progression du premier groupe au deuxième, puisque le psychédélique avait encore sa place dans l’univers éclaté et assumé de cette deuxième formation. Après une dernière composition originale – langoureuse cette fois, où tout se joue dans les accents de la musique – le groupe nous a fait cadeau de deux chansons tirées du projet ayant péri, offrande qui n’a pas manqué de vivifier les spectateurs.
Groupe 3
Plusieurs spectateurs se sont demandé jusqu’à la toute dernière minute qui pourrait bien être le prochain artiste à se présenter sur scène. Après tout, il y avait pas mal d’artistes au pied carré dans la place! C’est à l’arrivée du chanteur, tout sourire, que s’est confirmé l’identité de la formation sous les yeux des mélomanes enthousiastes. Tels des amoureux, les musiciens accompagnant ledit auteur-compositeur-interprète semblaient se donner entièrement à la musique, offrant des versions renouvelées de leurs plus grand succès. La musique, elle, nous entichait avec ses airs jazz, son groove coquin et son florilège de timbres. Il y avait de quoi être happé-e-s dans leur univers, par exemple au moment où tout le monde sauf le saxophoniste retenait son souffle pendant que, lui, soufflait en mautadine. La magie a opéré jusqu’à la toute fin, où un joyeux mosh pit a éclaté d’enthousiasme avant que l’énergie retombe en douceur, avec un rappel bien senti.
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