On était prêt.es. On s’en parlait l’automne dernier, on avait hâte de courir d’un lieu à l’autre pour voir huit vitrines par soir pendant une semaine, de carburer à l’adrénaline et à la bière jusqu’à épuisement, de prendre des milliers de photos, de demander congé à nos boss pour assister aux Messes basses.
Mais bon, pas besoin de vous expliquer ce qui s’est passé, on est dedans depuis maintenant deux ans. La COVID a encore frappé et la gang du Phoque OFF a dû retourner dans le métavers pour une deuxième année consécutive (on souhaite que ce soit la dernière). C’est donc bien au chaud, avec nos propres breuvages, qu’on a suivi la quarantaine de beaux projets à l’affiche (nos photographes ont quand même eu le privilège d’assister aux captations).
On a fait plein de belles découvertes, on a retrouvé des valeurs sûres. On a aussi croisé Élégie. Et on vous raconte ça ici, dans un LONG compte rendu!
21 février
BéLi
L’autrice-compositrice-interprète montréalaise BéLi nous a enrubanné.e.s d’une électro-RnB lo-fi et insoumise pour son tout premier spectacle. Naviguant aussi entre le hip-hop et le jazz, ses compositions avaient du mordant tout en restant chill. L’artiste pouvait autant y rapper qu’y planer langoureusement entre les graves et les aiguës, accompagnée des volutes soul de la choriste, d’envolées de trompette, de lignes de basse accrocheuses et de nuages de synthés. Les thèmes abordés étaient réfléchis et tanguaient entre la révolte et l’extase. Le groupe nous a donné l’aperçu d’un projet prometteur qui, en gagnant en expérience sur scène, deviendra certainement irrésistible. (Marie-Ève Fortier)
SEULEMENT
Épileptiques restez loin, trippeux.euses d’électro expérimental tenez-vous bien. C’est l’avertissement qu’on aurait pu lire avant la prestation de Mathieu Arsenault, alias SEULEMENT, alors que celui-ci s’apprêtait à nous présenter une mosaïque sonore fascinante. On a eu droit à un mélange créatif de musique électronique maximaliste et de chant francophone aux intonations allant du chuchotement au scream, amalgame unique laissant imaginer un univers industriel dystopique. L’esthétique puissante résultant de la musique saccadée et des loops percutants combinés au montage lumineux déroutant, le tout amplifié par la captation en noir et blanc, ne nous a pas laissés sur notre appétit. L’artiste solo nous a fait vivre une aventure haute en calories malgré la formule vidéo, et c’est avec impatience qu’on va attendre de voir et d’entendre ses prochaines propositions. (Vincent Thibault)
La Fièvre (et invité)
Ma-Au et Zéa de La Fièvre ont pu présenter leur dark art pop dans toute sa splendeur à l’intérieur du métavers pendant le Phoque OFF. On était plongé.e.s dans la pénombre, secoué.e.s parfois d’éclats de lumière tandis que le duo nous faisait entrer dans son monde aux teintes halloweenesques (ou plutôt aux airs d’une nuit de Sabbat). Entre cris de loups, histoires de monstres (humains ou mystiques), de survivant.e.s et de déesses, les voix posées de Zéa et de Ma-Au rappaient toujours avec autant d’irrévérence. Bien sûr, on a encore été charmé.e.s par les segments de thérémine sur fond de synthés cold wave, mais cette fois c’est l’apparition de Narcisse qui a volé la vedette, permettant au trio de terminer en beauté avec quelques nouvelles pièces dont Médusa, une chanson haletante et défoulatoire où toutes les serpentines ont leur place. (Marie-Ève Fortier)
Nadah El Shazly
Le métavers s’est ouvert à nous dans une Charpente des Fauves pour le moins déroutante pour la performance de Nadah El Shazly, artiste originaire du Caire en Égypte. En modifiant habilement des séquences de musique traditionnelle égyptienne reconnaissable à ses microtonalités, elle nous a étourdis et envoûtés d’une main de maître, munie simplement de son portable, d’un synthétiseur et d’un micro.
À travers ce qui donnait l’impression d’une traversée d’un désert virtuel rempli de glitchs, l’artiste nous a fait vivre une purge de la lourdeur trop organisée du quotidien. Elle a terminé sa performance avec un peu plus de douceur, faisant une démonstration impressionnante de son talent de vocaliste alors qu’elle était accompagnée de séquences d’instruments acoustiques.
C’est sur tout un coup de cœur qu’on a terminé la première soirée du Phoque OFF, avec une nouvelle envie de vivre une soirée dysto-orientale en personne dès que possible. (Vincent Thibault)
Érika Zarya
Une attitude désinvolte aux limites de l’arrogance, un désir de s’échapper et une sensualité assumée, c’est ce que la prestation de la jeune et prometteuse Érika Zarya a dégagé lundi soir en clôture de la première soirée du Phoque OFF édition MÉTAVERS.
Dans ses chansons Trip, Petite, L’amour du risque, Coûte que coûte, Brasse Ville et Baise, l’artiste relate son désir de vivre pleinement, sans le poids du regard des autres et avec vulnérabilité. Derrière elle, Pro.douceur gère les platines avec talent. Entre les rythmes de club et les sections plus langoureuses, le DJ place une ambiance sur laquelle la chanteuse peut se sentir en confiance de nous montrer la maturité surprenante de sa voix. Érika Zarya va certainement enflammer les planches de plusieurs scènes de la basse-ville et, on l’espère, de la ville entière dans les mois à venir. (Vincent Thibault)
Steve Beezy
S’il avait été possible de matérialiser le métavers en cette soirée d’ouverture du Phoque OFF, on se retrouverait en plein cœur de Limoilou. C’est depuis la scène de L’Anti que Steve Beezy, a.k.a. Limoilou’s finest, nous interprète quelques chansons de son nouvel album « Jamais Limoilou sans moi » ainsi que quelques-uns de ses classiques. Accompagnés sur scène par traekay, les deux rappeurs ont su dégager assez d’énergie pour faire vibrer la salle virtuelle de tous ses pixels. L’artiste communique fréquemment avec la foule permettant momentanément d’oublier la barrière entre la foule et l’artiste. Si seulement l’emoji qui me sert de corps me permettait d’headbang au rythme de Limoilou. (Charles Julien)
Sensei H
Les lumières s’ouvrent sur la scène virtuelle et nous révèlent Sensei H, qui se joint à un groupe de musicien.ne.s armé.e.s de guitare, basse et batterie. La rappeuse nous interprète quelques chansons de son nouvel album et de ses plus vieilles créations. Cette dernière commence timidement le spectacle, mais gagne rapidement en intensité et en confiance alors qu’elle interprète Il est l’or qui culmine avec un solo de guitare et une montée instrumentale énergisante. Puis, la MC conclut le spectacle avec Saccadé, une chanson qui paraîtra sur le prochain album de Sensei H. Le flow de la rappeuse s’accorde à une trame à l’allure rock qui complémente avec justesse un ego trip à la saveur Sensei H, présage d’un album prometteur à surveiller dans les mois à venir. (Charles Julien)
Notre compte rendu se poursuit à la page suivante.