Le Festif! – 19 juillet 2019

PAR

The Brooks

Manifestement le funk n’est pas mort si l’on regarde aller l’octet montréalais, qui semblait avoir un plaisir fou à interpréter leurs entraînantes ritournelles. Assises sur les rythmes de Maxime Bellavance, également batteur pour Arianne Moffatt et donc à sa deuxième performance de la journée, les pièces abondamment cuivrées sont solides en elles-mêmes, mais particulièrement plus efficaces lorsqu’elles accueillent les vocaux du fort charismatique chanteur Alan Prater. L’invitation à sortir vos plus beaux moves de danse n’a pas eu besoin d’être prononcée pour que la foule n’obtempère joyeusement. Les ayant manqués au FEQ, je me devais de voir de quel bois se chauffaient les funkateers pour mettre le feu au plancher et je n’ai pas été déçu, ni ceux qui étaient réunis pour danser lors de ce début de soirée à la scène Desjardins.

François-Samuel Fortin

Annie Sama

La pluie a cessé juste à temps pour la dernière prestation sur la scène Pantoum / La Bête. Les spectateurs sont revenus peupler progressivement le parterre maintenant inondé par l’électro-pop d’Annie Sama. Un grand sourire colorant sa voix douce et sucrée, la rappeuse/chanteuse groovait et bougeait de manière contagieuse sur des rythmes d’abord assez accessibles, puis qui ont penché progressivement vers le champ gauche de la musique électro. Pas étonnant d’ailleurs de retrouver derrière ses échafaudages sonores le multi-instrumentiste Blaise Borboën-Léonard (Lydia Képinski), qui accompagnait aussi l’artiste sur scène avec ses deux claviers et ses autres machines, y mettant toute la fougue et le génie qu’on lui connaît. On n’a pas besoin de vous dire qu’en peu de temps, les spectateurs immergés se sont pris à danser!

Marie-Ève Fortier

Quebec Redneck Bluegrass Project

Bon, tant qu’à être ben loin de ma zone de confort aujourd’hui, pourquoi ne pas aller voir les maîtres du folk sale québécois qui me font demander à chaque fois où se cachent tous ces hippies dans la foule le reste de l’année. Écoutez, la recette de QRBP, elle est pas compliquée. Des chansons chantées dans la langue de Tremblay, des textes parfois grivois, parfois revendicateurs, souvent les deux, une énergie qui déborde partout sur scène, c’est vraiment beau à voir, surtout quand la foule est mauditement dedans (au nombre de bières que j’ai reçues par en arrière de la tête dans le pit… c’était une foule TRÈS enthousiaste).

Jacques Boivin

Gogol Bordello

J’avais une date avec Gogol Bordello depuis ce soir de juillet 2014 où ils se sont pointés au Festival d’été (mon premier à titre de gars de média) et où j’ai pris des photos que je trouvais ben bonnes à l’époque, mais qui ne rendaient pas justice à la folie qui émane de ce groupe gypsy-punk nouillorquais. J’étais pas le seul qui avait une date, Clément, le boss du Festif, essayait de les avoir depuis de nombreuses années (c’était même rendu un de nos sujets de prédilection pendant le Cabaret), et il a enfin mis la main dessus.

Eugene Hütz et sa bande de fous ont enflammé la place Desjardins avec une énergie qui servait bien leur musique dynamique, un alliage de nombreuses influences fait pour faire la fête le poing levé. La foule a super bien répondu avec sa propre folie, ça dansait follement, ça planait au dessus des autres, tout ça dans une ambiance plutôt bon enfant, dans les circonstances.

Défi relevé, Clem. Mais là, de quoi on va parler au Cabaret l’an prochain? 😉

Jacques Boivin

Guantanamo Baywatch

Le groupe originaire de Portland, Oregon, avait de quoi plaire aux nombreux festivaliers affublés de chemises hawaïennes avec leur surf rock naviguant entre le le punk, le garage et la musique psychédélique. La bassiste groovait, le batteur à la chemise colorée débordait d’énergie derrière ses tambours et le chanteur/guitariste s’ingéniait à trouver de nouvelles variantes à ce genre si caractéristique tandis que le parterre se trémoussait gentiment. De quoi nous redonner de l’énergie pour la suite de la soirée!  

Marie-Ève Fortier

Robert Nelson

Indubitablement un des moments que j’attendais le plus de ma journée du vendredi, pas seulement parce que je suis un fan fini du président d’la république libre du Bas-Canada, mais aussi parce que ces performances improbables se tiennent dans un bus sillonnant les rues de la sympathique bourgade entre son église et son aréna, en passant par une visite aux urgences et au shack à patates. Pour patienter jusqu’aux minuscules heures, j’ai vagabondé entre deux endroits fort contrastants. D’une part, on retrouvait le show-intime-de-feu-de-camp-pas-de-feu offert par Geoffroy, en compagnie de Clément Leduc (Hologramme, La Bronze). Le son légèrement trop timide et quelques pépins techniques ont légèrement nui a l’ambiance, surtout dans la mesure où les gens réunis sur place pouvaient difficilement s’empêcher de parler de manière assez sonore. D’autre part, on retrouvait le nouveau prodige rapquéb Fouki, venu avec sa grosse zayquipe pour interpréter les nombreux hits réunis sur ses deux premières publications, dont Gayé.

Nonobstant le caractère prodigieux du post ado charismatique et talentueux, le vrai boss de la soirée c’était clairement le président, même s’il a tenté de nous convaincre que c’était dans une certaine mesure le chauffeur d’autobus. Accompagné pour l’occasion de son grand frère Timur, Ogden a livré une performance survoltée devant les fêtards passablement éméchés à cette heure avancée. Entrecoupées de confidences et de judicieux conseils de vie, le rappeur et porte-étendard de la troupe de postrigodon Alaclair Ensemble, les pièces phares de son plus récent disque, « Nul n’est roé en son royaume », se sont succédées dans le même ordre que sur disque, ambiance festivement chaotique en bonus. Robert Nelson a amorcé avec les trois premières pièces de ce récent opus, notamment le premier simple Jacques Plante qui lui a donné l’occasion d’arborer le masque du légendaire gardien de but montréalais et de nous expliquer la surprise de ses adversaires lorsqu’il l’a adopté. L’ambiance complétée par une abondance de caméramans professionnels et amateurs ainsi que de gens accrochés au plafond du bus est assez indescriptible et l’occasion d’avoir une grande proximité avec les artistes qui nous y convient est incontournable, comme le Festif en général.

François-Samuel Fortin

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