« J’ai pas d’visite » de Sandra Contour : doux, franc et sensible

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J’vous avertis, quoi que j’écrive, y’a rien qui pourra rendre justice à ce torrent de beau doux que nous a concocté Sandra Contour. On va donc tenir ça bref, question que vous aussi, vous plongiez tête première dans l’univers de l’autrice-compositrice-interprète et que vous en ressortiez complètement soufflé.e 27 minutes plus tard.

« J’ai pas d’visite », c’est neuf pièces écrites avec sensibilité et authenticité, où la poésie des textes de Sandra côtoie la richesse des arrangements où se superposent guitare, contrebasse, piano et percussions. Quelque part entre les couleurs vieillottes d’un Nick Drake et la franchise parfois brutale d’une Laura Marling, on retrouve la Jeannoise, qui nous apprend à apprivoiser la solitude et à prendre les petits revers avec philosophie et humour.

Comment ne pas lâcher un gros « WOW » en entendant La maison est d’travers, avec son refrain beau à faire pleurer alors que ses couplets nous font sourire? J’vous l’ai-tu dit que Sandra avait le tour avec les mots?

On a aussi droit à quelques petits moments de fantaisie, comme Rêver c’est pour les autres, où on peut même entendre Tipouel, le chat de Sandra, miauler quelque part entre les guitares, les cordes, le piano et les percussions. Une pièce où le jazz et le ludisme font bon ménage!

Même les tragédies comme L’amour au temps du confinement sont racontées avec un certain humour. Ici, Sandra explique aux privilégié.es comme moi, qui a vécu le début des années 2020 dans une maison pleine de gens que j’aime, que l’amour à deux mètres, ça se vit pas très bien.

Pour finir l’album, Bienheureux sont les ignorants expose doucement, mais crument, tout ce qui ne tourne pas rond en ce bas monde. Tout ça en douceur, sans le cynisme dans lequel Sandra aurait pu si facilement tomber. Une finale minimaliste qui a un effet assez efficace sur nos glandes lacrymales.

Les cinq autres pièces de cet album coréalisé avec Gabriel Desjardins et enregistré en grande partie dans le salon de Sandra sont également de petits bijoux, qu’on pense à la toute nue Comme un avion de papier ou à la très nostalgique J’avais pas mon téléphone.

Avec une belle brochette de musiciens, dont Desjardins (au piano et aux claviers), Pierre-Antoine Tanguay (contrebasse et choeurs), Pierre-Olivier Gagnon (basse électrique et contrebasse), Christian Roberge (guitare manouche), Jean-Sébastien Bordage (guitare), PE Beaudoin (percussions) et un quatuor à cordes constitué de Mélanie Bélair, Chantal Bergeron, Ligia Paquin et Dominic Painchaud, Sandra séduit à tout coup et nous offre ici un album qui s’écoute en mode répétition sans qu’on ne se lasse un seul instant. Chaque écoute révèle sa petite perle, sa petite ligne mélodique, son petit ver magique, cette petite trouvaille dans les arrangements, qui fait qu’on a envie d’y retourner encore et encore.

Et quand on le connaîtra par coeur, suffira de fermer les yeux et de s’inventer toutes sortes de tableaux aussi colorés que ceux qui tapissent les chansons de Sandra.

En passant, Sandra présentera un spectacle de lancement le 23 mai prochain au Pantoum. Une formule maximaliste avec sept musicien.nes. Même si vous l’avez déjà entendue chanter, vous l’aurez jamais entendue de même. Préparez-vous à une « grande décharge » de belles émotions. Les billets sont en vente ici.

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