Sara et Rebecca : Du flamenco au Pantoum? Si Señoritas!

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Ce samedi 6 avril au Pantoum a eu lieu le spectacle de lancement de Sara et Rebecca. Un pari osé pour le Pantoum, car le duo n’en est qu’à leur premier opus. Qu’à cela ne tienne, les chansons du microalbum « Dédicace féline » sont très solides musicalement et techniquement. Leurs multiples années de jeu ensemble, la collaboration avec de talentueux musiciens et un public enthousiaste font de ce spectacle une réussite.

Rebecca est émue de voir autant de monde présent ce soir, je ne m’attendais pas non plus à ce que la salle soit comble. Je reconnais bon nombre de leurs compagnons de « Jam du parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste » et autres connaissances mais il en faut plus pour remplir la salle : leur originalité attire plus d’un curieux.

Le spectacle s’ouvre avec leur tout premier morceau Lieux communs. Ce titre fait d’ailleurs l’objet d’un clip vidéo dénigrant l’absence d’originalité des lieux publics tels un somptueux stationnement de Costco ou une magnifique bretelle d’autoroute. Musicalement, les fans de Rodrigo y Gabriela comme moi sont conquis. On passe de la guitare flamenco solo de Sara à la guitare rythmique avec percussions (à même la guitare) de Rebecca, le ton est donné pour une soirée latino très rythmée.

Sur scène s’ajoutent ensuite Rachel (basse) et Steve (percussions) afin d’interpréter le nouveau titre phare très jazzy Dédicace féline. Ces musiciens expérimentés amènent une dimension rythmique très intéressante au duo. Avec une touche d’humour, Rebecca nous raconte que la pièce aurait pu s’appeler gros poulet, remercions Sara d’avoir fait pencher la balance.

La suite du spectacle aurait pu s’avérer très courte si elles s’en étaient tenues aux cinq chansons parues présentement. La reprise de grands classiques du Flamenco comme Entre Dos Aguas de l’espagnol Paco de Lucia ou de Diablo Rojo du couple mexicain Rodrigo y Gabriela vient pimenter et compléter le spectacle. L’exercice n’est clairement pas à la portée de tous, mais Sara et Rebecca le réussissent avec brio.

Au cours du spectacle, de multiples instruments s’ajoutent. Que ce soit de la cloche à percussion, de la flûte traversière ou encore du güiro (percussion sud-américaine), tout y est pour se sentir loin, très loin, quelque part entre Cuba et le Brésil. La foule est maintenant en liesse: elle danse, chante et frappe des mains sur des rythmes bossa nova et flamenco. À noter que la formation est presque exclusivement féminine, un exemple pour la scène québécoise qui ne cesse de progresser dans la représentation des femmes sur scène mais peine à arriver à la parité.

Pendant le morceau Consolacao, reprise de la brésilienne Rosinha de Valenca, la flûte traversière nous transporte au cœur des années 1960. C’est un peu comme ça que je m’imagine un spectacle de bossa nova psychédélique de l’époque : des duos guitares/flûte envoûtants et apaisants. Puis l’ambiance devient « Caliente » voir même tantrique. Sara troque sa guitare folk pour une électrique et s’échauffe un peu sur les solos, ça groove et on retrouve des influences funk. La pièce finie par un medley disco-funk inspiré du Cantina Band disco de Star-Wars et de Rasputin de Boney M. Un peu plus et on partait la boule disco et le limbo.

L’ovation est sans équivoque et le public en redemande. Heureusement la formation a encore quelques cordes à son arc. Je reconnais l’excellent Hora Zero de Rodrigo y Gabriela, pièce la plus rythmée de l’album « 11:11 ». Le jeu de guitare est impressionnant, ce morceau est considéré comme l’un des plus complexes du flamenco moderne et ces femmes-là nous en font toute une démonstration!

Le spectacle se termine de la même façon que leur album avec le doux morceau Vague de froid, mêlant envolée de solo de guitares, percussions jazzy et une basse bien ressentie. Le public est unanime : c’est un pari réussi pour la formation et le Pantoum ce soir.

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