Ode à la vie – et la mort – avec Frank Custeau, Margaret Tracteur et Capitaine Salaud.

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Trois artistes assez différent.es étaient réunis à La Source de La Martinière jeudi le 1er février dernier. Trois artistes qui me sortent un peu de ma zone de confort mais qui m’ont charmé par leurs claires influences punk. On a Capitaine Salaud et Frank Custeau que je voyais en spectacle pour la première fois et Margaret Tracteur que j’ai déjà vu plusieurs fois par le passé.

Capitaine Salaud

C’est Capitaine Salaud qui ouvre la soirée, c’est un duo composé de Bryan Vigneault (guitare acoustique, harmonica et voix) et Laurence « Lolo » Môller (violon). Plus souvent qu’autrement un trio, c’est la première prestation en formule duo pour la formation de Havre-Saint-Pierre. Cette provenance transparaît évidemment dans la musique de rock bateau du Capitaine qui présente plusieurs pièces inspirées de son coin de pays. Un autre thème récurrent est le party, la joie de vivre et le plaisir de trinquer, plusieurs invitations à lever son verre ont été lancées au public durant le spectacle. Parlant d’invitation, pour la dernière partie du concert c’est Margaret Tracteur qui est invitée à monter sur scène pour accompagner Capitaine Salaud au banjo et à la contrebasse question  de finir cette prestation sur une grosse note, de façon assez festive et donner un avant goût de l’artiste qui suivra. Vraiment une bonne idée de transformer le duo en quatuor pour conclure cette première partie. Pour ma première rencontre avec Capitaine Salaud j’en ressort avec une opinion très positive, ce genre de musique est clairement faite pour des festivals, il y a fort à parier qu’on va voir ce nom sur quelques affiches d’événements cet été et bien hâte de voir ce que ça donne en trio.

Margaret Tracteur

Mon amour pour la musique de Margaret Tracteur (Gabrielle Noël Bégin) n’est pas secret, son dernier album « L’heure du thé avec Margaret Tracteur » s’est frayé un chemin parmi mes cinq préférés de 2023 en compagnie de quatre projets punk et hardcore, ce n’est pas rien! J’ai eu la chance de la voir en spectacle à quelques reprises dans la dernière année, en solo au Knock-Out pour son lancement, en trio aux GAMIQ où elle interprétait avec brio les chansons des gagnant.es à sa sauce. Cette fois-ci c’est en formule duo avec Danny Roach à la contrebasse que j’ai la chance de voir l’auteurice-compositrice-interprète-yodelleuse. Si l’artiste précédent célébrait davantage les plaisirs de la vie, du côté de Margaret Tracteur on aborde des thèmes un peu plus sombres comme la mort (C’était un accident ou À tombeau ouvert) ou bien l’avenir incertain de la planète et de sa population (Un singe avec du linge ou La fin des haricots). Malgré ces sujets, c’est toujours fait avec une pointe d’humour et d’espoir. Comme Margaret Tracteur fait parfois des spectacles solo, son alter-ego Gabrielle manie multiples instruments avec aisance; banjo, guitare acoustique, gazoo, pratiquement un harmonica différent pour chaque toune et même le cajòn tout en chantant et yodellant. C’est toujours agréable d’entendre les histoires derrières les chansons pendant qu’elle change d’harmonica et d’instrument. À l’instar de la prestation précédente, ça s’est terminé par une surprise alors que Capitaine Salaud est remonté sur scène, Laurence toujours au violon alors que Bryan empoigne le banjo pour interpréter en quatuor la pièce Train de minuit. Encore un excellent moment passé avec Margaret Tracteur qui mérite définitivement d’être découverte si ce n’est pas déjà fait.

Frank Custeau

C’est avec son deuxième album « Xénial Blues » sorti en 2021 que j’ai connu Frank Custeau, un album qui arrivait à point en pleine xième vague de Covid-19. Parmi les dix pièces du projet il y en une qui a particulièrement retenu mon attention, Pipapot, qui a sans aucun doute été une des chansons que j’ai le plus écouté cette année-là, une toune qui fait sourire mais surtout une toune qui reste prise dans la tête grâce à son excellent refrain. Malheureusement pour moi, en ce jeudi de février je n’ai pas eu la chance d’entendre ce ver d’oreille, on eu droit tout de même à un excellent setlist qui pigeait principalement dans le dernier projet, le EP « Les Poissons Volants » sorti en septembre dernier. Sur scène on a François « Frank » Custeau à la guitare et au chant qui est entouré par Antoine Auger à la guitare, Olivier Hamel à la basse et Luc Bélisle à la batterie, une grande partie de l’équipe qui a enregistré le mini-album susmentionné. Il y a un côté vraiment plus rock je trouve sur scène qu’en enregistrement, et ce n’est pas seulement la guitare Flying V d’Antoine qui donne cette impression. Il faut dire que pour un soir de semaine on a clairement opté pour les chansons qui brassent le plus du répertoire de Frank pour tenter de garder le public attentif. Pour rester dans la thématique, parmi les pièces jouées il y en a deux qui se sont enchaînées de façon tellement organique, Le Rock and Roll tirée de « Xénial blues » suivi de la reprise en français de I Love Rock ‘n Roll de Arrows intitulée J’aime le rock and roll qu’on peut retrouver sur la compilation « Zoo 4 » sortie en 2019.

Le chanteur a vraiment un charisme incroyable lorsqu’il présente ses chansons, parfois avec des histoires, parfois en prétendant faire un podcast parce que les podcast remplissent davantage les salles que les shows de musique de nos jours, mais toujours avec une certaine candeur, on dirait un vieux chum qui nous parle. L’artiste folk-rock raconte d’ailleurs à quel point les rappels sont habituellement faux dans les spectacles, ce qui n’est pas sans rappeler un autre groupe sur leur label, Rouge Pompier qui se fait un plaisir de le rappeler à chaque show. Ce qui a étrangement eu comme conséquence que le public en a réellement demandé plus et un vrai rappel a eu lieu. Après un petit temps de réflexion, le band a opté pour faire une reprise de Plume Latraverse, clairement une grande inspiration pour les quatre musiciens.

On a eu droit à toute une soirée à La Source De La Martinière, malheureusement la foule n’était pas tout à fait au rendez-vous. Par contre, les personnes présentes n’ont certainement pas été déçues et ont clairement réussi à donner de l’énergie aux artistes. Comme on dit, ce n’est pas toujours la quantité qui compte mais bien la qualité. Et la qualité c’était autant devant que sur la scène que ça se passait, ce sont vraiment trois artistes merveilleux.euses avec un point de vue bien unique sur la vie – et la mort.

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