L’étrange soirée emo du Quartier de Lune

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Vendredi le 8 décembre dernier, le Quartier de Lune proposait The Emo Night Before Christmas. Une soirée tout étoile proposant certaines des meilleures formations émergentes locales du genre : Fumigènes, Chyenex, Change My Brain With Cakes, Swipe Right et Hopeful Sixteen. C’était une soirée que je ne voulais absolument pas manquer!

Fumigènes

J’avais vu Fumigènes en septembre dernier dans le cadre du Festival Envol et Macadam, et je n’étais, à ce moment-là, clairement pas prêt à ce genre de prestation. La proximité de la scène au Scanner a peut-être contribué au brasse-camarade qui s’y était produit. Cette fois-ci, c’était un petit peu plus tranquille dans le public, mais le groupe formé de Kelly-Ann C. Boudreault (basse), James Mahoney (guitare), Jessy Dubé (batterie) et Gab « La Promesse » (voix), qui n’a toujours pas atteint le seuil des dix spectacles en carrière, a néanmoins donné une excellente performance. Gab « La Promesse » a d’ailleurs tenté de susciter un chant de fans sur « Fumigènes bébé ». Le groupe de rap queb core a offert une prestation allant dans les extrêmes, d’une comptine aux accents hardcore jusqu’à une pièce assez tranquille et sentimentale, dans laquelle le leader s’est assis au devant de la scène (J’te feel). Bien que le quatuor avait la tâche d’ouvrir la soirée, le public était déjà au rendez-vous, ne se gênant pas pour partir quelques petits moshpits. Clairement, c’est une jeune formation qui a tout pour attirer les projecteurs. J’ai très hâte de voir ce qu’elle nous réserve pour 2024.

Chyenex

On a changé complètement de registre avec le groupe pop-punk Chyenex, composé de Gab Bleney (guitare et voix), Claudia Lizotte (batterie et voix) et Kevin Hébert (basse) – formation qui était également à la soirée au Scanner d’Envol et Macadam. Une chose évidente, dès le départ, c’est le charisme contagieux du chanteur, qui est capable de convaincre quiconque de partir des moshpits. Son bon pop-punk donne le goût de se claquer des pintes tout en chantant à l’unisson les refrains. Le trio n’a que deux chansons disponibles sur les plateformes d’écoute, mais qu’à cela ne tienne : il y avait visiblement un public conquis devant la scène. Évidemment, ce sont ces deux chansons, Poison et It’s My Life, qui ont reçu le plus de réactions, principalement grâce aux refrains plus qu’accrocheurs des pièces. Une des particularités du band est le duo de voix masculine et féminine, deux voix qui se complètent à merveille en plus d’ajouter un élément mélodique supplémentaire. La prestation s’est terminée avec une petite séance de body surfing pour le chanteur principal, porté par le public convaincu de la performance.

Change My Brain With Cakes

Costumé et maquillé comme à l’habitude, Change My Brain With Cakes a définitivement le sens du spectacle. La foule a d’ailleurs commencé à s’agglomérer davantage devant la scène pour cette prestation. J’ai assisté à plusieurs spectacles durant lesquels cette formation ouvrait des soirées hardcore ou métalcore, pensant, je l’avoue, qu’elle était un peu en dehors de son élément (après tout, un groupe costumé et maquillé dans une soirée hardcore fait clairement sourciller). Ceci dit, j’ai toujours apprécié ce que le quatuor avait à offrir musicalement, en plus de donner tout un spectacle. Cette fois-ci, la soirée était définitivement faite sur mesure pour que la troupe n’ait pas l’air décalée, et c’est le concert que j’ai le plus apprécié de Change My Brain With Cakes. Dave Leclerc (voix), Cindy WrongDice (basse), Jey Levesque (guitare) et Mathieu Boutin (batterie) ont pris d’assaut la scène avec leur métalcore à thématique horreur. Le chanteur, capable d’une grande gamme de cris, allant du plus grave au plus aigu, tenait son micro avec un lollipop collé sur celui-ci, prenant régulièrement des lichettes, et la bassiste s’est mise à cracher du faux sang en plein milieu du spectacle tout en en étalant partout sur son visage. Le groupe avait clairement le public dans sa poche, ça sautait en masse en plus de s’exécuter lorsque le chanteur demandait des circle pits. Tel que mentionné, c’est la performance du groupe que j’ai le plus appréciée : leurs spectacles sont de plus en plus efficaces et grandioses. Le quatuor s’est d’ailleurs produit aux États-Unis pour une dizaine de dates en octobre – le futur semble très prometteur pour la formation.

Swipe Right

Seul groupe de la soirée que je n’avais jamais vu live, Swipe Right est une formation relativement nouvelle mais qui fait déjà beaucoup de vagues dans la scène locale, appuyée par des musiciens d’expérience. Derrière la batterie, on peut apercevoir Guillaume Fortin (Ten Foot Pole, $$$TAR$$$), derrière la basse Samuel Bédard (Sicksense, Day Of Change), la guitare Gab-Leh (6 Years No Sleep), et au micro Gabriel Carlos. On revient au pop-punk pour ce groupe, bien qu’on puisse entendre quelques influences métalcore parsemées ici et là. C’est donc un genre d’amalgame de tous les styles des formations qui sont montées sur scène jusque-là. Malgré quelques anicroches de synchronisation entre les membres, on a tout de même eu droit à une excellente performance. Le groupe semble déjà avoir des fans fidèles, qui ont aidé à mettre de l’ambiance sur le parterre. Leur reprise de la pièce I Kissed A Girl de Katy Perry a d’ailleurs mis le feu à la salle. Visiblement, c’est un groupe qui a un style fait pour plaire, et qui ne tardera pas à tailler sa place dans la scène musicale québécoise.

Hopeful Sixteen

Au risque de me répéter, c’est une autre formation que j’avais déjà vue dans le cadre du festival Envol et Macadam, bien que Hopeful Sixteen faisait partie de l’édition pandémique de l’évènement. Le contexte à l’époque ne les avait pas aidés à faire bonne impression, mais j’ai trouvé qu’iels ont vraiment pris de l’aisance sur scène depuis, donnant une performance plus qu’époustouflante. Composé de Stéphanie Auclair (voix), Ced Chapellz (guitare), Simon Frederic (batterie) et Jonathan Picard (basse), le groupe se définit comme métalcore alternatif. Porté par la magnifique voix haut perchée de la chanteuse, devant des breakdowns solides, des solos endiablés, le tout entrecoupé de segments électroniques, le groupe offre un son vraiment rafraîchissant pour la scène métalcore québécoise. Les qualités musicales des membres sont indéniables – le batteur a d’ailleurs toute qu’une voix criée, qui ajoute de l’agressivité aux pièces. Entre deux chansons, on entendait le rythme électro de la salle du bas du Quartier de Lune, qui étrangement s’est mélangé particulièrement bien avec Dreamland une fois celle-ci lancée. Pour la dernière pièce, Reveler, la chanteuse a enfilé une jaquette d’hôpital alors que le guitariste est allé jouer au centre de la foule, qui se donnait à coeur joie côté moshpit. C’était vraiment une excellente prestation du quatuor, qui a terminé la soirée sur un point d’exclamation. Si ma première rencontre avec le groupe ne m’avait pas complètement convaincu, cette fois-ci j’en ressors conquis.

Somme toute, ce fut une incroyable soirée, avec des styles assez variés pour attirer un grand nombre de personnes, mais assez similaires également pour qu’aucun groupe n‘ait l’air de n’être pas à sa place. Clairement, ces cinq formations vont faire beaucoup de bruit dans les mois et les années à venir. Avec des spectacles comme ça, on ne peut que réaliser la santé de la scène locale alternative, à l’heure actuelle. Mentionnons également que quatre groupes sur les cinq pouvaient compter sur la présence de femmes, soit deux bassistes, une batteuse et une chanteuse, et on espère évidemment que ça devienne de plus en plus la norme, et non une exception.

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