L’art en contrôle avec Violett Pi et Mid Divers

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Le 22 septembre dernier, Violett Pi faisait salle comble au premier étage du Pantoum. Si l’artiste était déjà passé en ville le 19 mai dernier (on y était, bien entendu) alors que son nouvel album « Baloney Suicide » n’avait pas même un mois, les amateurs étaient à nouveau au rendez-vous et encore plus nombreux pour ce spectacle imprégné de rock.

Mid Divers

C’est le groupe de Québec Mid Divers qui avait la tâche de réchauffer la salle pour une soirée qui s’annonçait déjà dégoulinante. Je ne savais aucunement à quoi m’attendre de leur part, et j’étais donc en mode découverte. La formation a offert une performance intéressante dans son exécution, une livraison qui colle parfaitement au grunge. C’est sans aucune surprise qu’une recherche rapide nous apprend que leurs inspirations sont Melvins, TAD et Nirvana. Si j’aurais aimé qu’on me surprenne davantage, il faut dire qu’ils ont parfaitement saisi l’esprit qui définit la musique de ce style, et le résultat s’est révélé efficace. L’audience était bel et bien réchauffée, et la salle du Pantoum également.

Violett Pi

J’avais des attentes pour ce spectacle-là. Violett Pi s’est mérité une place dans mes coups de coeur du FME 2023. J’avais hâte de le revoir moins fatigué qu’en Abitibi (le spectacle a eu lieu aux petites heures du matin) et l’oreille mieux préparée pour « Baloney Suicide ». Je me rappelle avoir découvert Violett Pi il y a quelques années avec « Manifeste contre la peur », et d’avoir abusé de la chanson Les huîtres de Julie Payette. Si déjà alors il nous présentait une trame à la fois dansante et rock, le contraste se fait encore plus marqué et maîtrisé sur ce nouvel album. Il faut dire que sept ans se sont écoulés entre les deux titres. Les pièces ont eu le temps de mûrir à perfection tant en musique qu’en textes, pour se solder en un album renversant.

Je n’ai pas eu la chance de voir Violett Pi à l’époque, mais on sent qu’entre les deux albums l’artiste a pris du coffre vocalement. Sur scène, on le sent bien en contrôle, aussi confortable que son deux-pièces Adidas. Toutefois, dans cette aisance, j’aurais apprécié un peu plus de connexion avec l’artiste. Bien que situé à l’avant-scène, il me manquait un petit quelque chose pour faire passer ce spectacle d’excellent à mémorable. Les échanges au micro se sont fait rares, hormis une blague quant à la température chaude et humide de la salle. « Deux cents fans et pas un courant d’air » s’est-il alors exprimé.

Avec un univers musical aussi fertile, des textes aussi éclectiques qu’intelligents, des rythmiques délicieusement perturbantes, je me serais attendue à une expérience en salle encore plus déconcertante. J’aurais aimé me sentir hors de ma zone de confort, naviguer entre la joie paisible et le malaise comme quand j’écoute l’album. Attention, on parle ici de mes attentes, et ça n’enlève rien à la qualité de la prestation de l’artiste et de ses musiciens. Je souligne simplement que Violett Pi a le puissant pouvoir de nous amener dans un espace mental que bien des artistes n’arrivent même pas à mettre en musique. J’aurais aimé le ressentir davantage en spectacle.

Les moments forts ont néanmoins été nombreux, autant sur l’excellente Fleur de Londres issue de l’album « eV » (2013) que sur la récente et incendiaire Butane. Sur Bipolaire, on a senti une sorte de moment de communion entre les corps amassés dans la foule, un moment d’euphorie contenue dans une sorte de retenue entre douce démence et timidité. Le spectacle s’est enchaîné à une vitesse spectaculaire, sans temps mort, pour nous laisser comblés. Violett Pi est un artiste unique, une force créatrice sans vergogne qui repousse les limites des esprits qui acceptent de s’y ouvrir, et qui mérite de combler toutes les salles.

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