comment debord – « monde autour »

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Sorti au beau milieu de la pandémie, le premier album de comment debord a été pour plusieurs un baume qui a soulagé plusieurs bobos grâce à ses chansons rassembleuses. Maintenant que le monde a recommencé à tourner normalement (c’est-à-dire tout croche), le groupe de Montréal remet ça avec un deuxième opus qui évite habilement les pièges dans lesquels tombent la plupart des artistes qui ont démarré sur les chapeaux de roues.

Réalisé une fois de plus par Warren C. Spicer, « monde autour » nous emmène là où comment debord nous avait laissé : une collection de belles pièces 100 % bio où chacun des sept membres y met un peu (ou beaucoup) du sien. Les textes sont toujours écrits par Rémi Gauvin (voix principale du groupe), mais la musique est clairement un effort collectif, et yep, ça paraît. On entend même de nouvelles voix (Willis Pride chante sur tranquillement pas vite et Karolane Carbonneau est attendrissante sur manquer le bateau). Encore 2-3 albums pis tout le monde va avoir été soliste!

Bon, c’est ben beau, faire mieux la même chose que la première fois, mais si on veut évoluer, on doit proposer un peu de nouveau, et c’est ce que fait ici comment debord : certains morceaux (comme tu penses-tu) ont une petite touche country qui peut surprendre au départ, mais qui tombe totalement sous le sens au fil des écoutes. Ce subtil élargissement de l’univers sonore du septuor permet au groupe d’éviter la redite au fil des douze chansons de l’album.

Ça ne veut pas dire que ce qu’on aimait tant sur l’oeuvre homonyme n’est plus là, bien au contraire! Le funk est toujours bien présent sur des morceaux comme la très bluesée faites-moi penser et la plutôt viellot-disco veux veux pas, et blood pareil mérite son extended mix. Le doux est aussi de retour, et y’a des pièces comme tough luck qui s’écoute les yeux humides quand on sait pu si on devrait avoir de l’espoir ou tout crisser là. Et pis y’a moyen d’être à la fois très mollo et salement groovy, comme Rémi et sa bande le font si bien sur le fond de l’air, une pièce qui se rapproche autant de l’americana des années 2010 que des chansons les plus obscures de Beau Dommage (les meilleures).

Du côté des textes, Gauvin s’est clairement laissé inspirer par le « monde autour ». Certains textes semblent avoir été écrits pendant la pandémie, alors qu’on pouvait observer tout le monde tout seul sur le bord de la bay window (vous savez pas combien cet extrait du premier album a été une source d’espoir pour les gens qui avaient hâte de se rassembler). Ça a donné les trucs un peu plus country avec des textes (et des mélodies) un brin mélancoliques, même si on n’a jamais manqué de lumière au bout du tunnel. Et on sent dans les morceaux les plus entraînants cette énergie du groupe en tournée, cette invitation à chanter ensemble ces chansons qui nous rapprochent grâce à leurs textes simples, mais universels.

Avec « monde autour », comment debord montre qu’il est là pour durer. La forte présence du groupe sur les différentes scènes du Québec au cours de la dernière année pourrait nous faire oublier que le premier album est sorti il y a déjà trois ans. Rémi et sa bande ont donc pris leur temps. Ça paraît. On a ici une oeuvre beaucoup plus fine et subtile que « comment debord », qui était déjà un truc fort abouti. Capable d’alimenter autant les feux de camp que les soirées disco, cet album risque fort de rester à proximité de la table tournante pour un bon bout.

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