Mile Ex End Montréal – 30 août au 1er septembre 2019

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Vendredi, 9 h 30. Il tombe des cordes sur le toit du 801. C’est pas la nuit sur Saint-Vallier, mais j’ai la toune de Juste Robert dans la tête pareil. Je m’inquiète. J’ai déjà tous mes bagages pour la fin de semaine, mais je n’ai rien prévu pour me protéger contre la pluie. Je regarde les prévisions. Je peux respirer tranquille, ça achève.

Vendredi, 11 heures. L’autocar est déjà de l’autre côté du pont. La pluie cesse, Le soleil se prépare à venir me rejoindre pour toute la fin de semaine. Et il a laissé son chum canicule à la maison. J’écoute The Ballad of the Runaway Girl dans le piton. Maudit que j’ai hâte de voir Elisapie me chanter ces belles chansons à quelques mètres de ma face.

Vendredi, 14 heures. Je me dirige vers chez mon amie, où je laisse mes effets. Tercel de Les Louanges joue ben fort dans mes écouteurs. Musique de circonstance, y’a rien de plus Montréal 2019 que La nuit est une panthère. Et ça tombe bien, Vincent pis moi, on a une troisième date cet été.

Vendredi, 17 heures. J’arrive à Mile Ex End. Caché sous le viaduc Rosemont-Van Horne, avec très peu d’indications pour s’y rendre à proximité. C’est un peu comme si Mile Ex End était un festival clandestin dans une grande ville, comme si on ne voulait pas que la bonne nouvelle se répande trop vite. On est loin de la folie du Quartier des spectacles (ou, pour rester dans le thème des festivals sous un viaduc, de celle d’Envol et Macadam – ça commence aujourd’hui, en passant). C’est le fun, on a l’impression d’être privilégié… en même temps qu’on a l’impression de se trouver dans une grosse fête de quartier (toutes proportions gardées, on se sent un peu comme dans un gros Limoilou en musique payant).

Et pourtant, dans ce site qui peut à peine accueillir 5 000 personnes bien tassées (on n’atteindra jamais ce nombre, heureusement), on va pouvoir voir de fichus de beaux artistes établis comme Feist ou Les Cowboys Fringants, en plus de faire quelques découvertes fort intéressantes.

J’installe mon équipement photo, puis je me dirige au bar pour prendre une bière. Yes, c’est de la bière de micro (Oshlag, pour ceux qui tiennent le compte). Les deux scènes ne sont pas brandées, c’est-à-dire qu’elles s’appellent simplement Mile Ex et Mile End. Oui, on voit bien quelques commanditaires çà et là (comme le jeu de balles de Fizz, ou le Bistro SAQ), mais ils ne prennent pas toute la place.

En gros, on se sent pas mal comme à la maison. Ça va être une belle fin de semaine.

Vendredi 30 août

Kevin Morby

Premier artiste du week-end, l’Américain Kevin Morby. On va commencer ça très smooth, avec un Morby tout en douceur, accompagné d’un saxophoniste (qui nous a aussi joué un peu de flûte – très 2019). Je vous avoue que je ne le connaissais pas trop, mais les tounes de son plus récent album intitulé Oh my God, interprétées sur cette belle scène où on voit le soleil se coucher doucement, viennent tranquillement me chercher. J’me demande comment ça sonnerait en formation complète. J’imagine qu’il va falloir attendre son retour pour le savoir (un passage à Québec serait-il possible?).

En attendant, on va aller écouter cet album sur lequel on trouve même une petite touche de gospel… du gospel de chilleur? Oui, madame.

Adam Naas

Changement de scène, changement de son (ça va souvent être le cas ce week-end). On poursuit avec Adam Naas et sa pop pleine de soul qui te pogne pas mal droit au cœur. Lorsque je vois le Français débarquer sur scène, je me demande si on s’est pas trompé… a-t-on booké Hubert Lenoir? Même genre de maquillage, même genre de dégaine, surtout, même genre de présence scénique (en plus doux, quand même).

Accompagné d’un band solide qui lui laisse toute la place à l’avant, Naas chante comme s’il n’y avait pas de lendemain. Le jeune homme possède un registre vocal assez impressionnant, capable de monter dans des aiguës qui pourraient faire péter toute la vitre des fenêtres de l’immeuble voisin, puis de descendre si bas, en prenant une voix si gutturale, qu’on se demande s’il n’a pas fait partie d’un groupe industriel quand il était plus jeune. Et pourtant, on est dans la pop tout ce qu’il y a de plus accessible, qui nous fait danser doucement avec un peu de chair de poule quand les refrains embarquent. Les mélodies sont extrêmement accrocheuses tout en étant pleines de nuances.

Un tel registre est parfait pour transmettre ses émotions. Ça tombe ben, j’aime ça, moi, des émotions. Surtout quand en plus, la personne qui te les transmet s’arrache le cœur dans ta face. Pas besoin de vous dire qu’on était tous toute ouïe, accrochés aux babines de ce phénomène.

Premier immense coup de cœur de la fin de semaine… qui ne fait que commencer! Je reviens dans quelques minutes, je m’en vais ajouter The Love Album à ma bibliothèque!

Melissa Laveaux

On retourne sous le viaduc pour la chanteuse d’origine haïtienne Mélissa Laveaux. J’avais entendu beaucoup de bien au sujet de cette jeune femme installée à Paris. Que ce soit dans ses propres compositions ou dans ses reprises, Laveaux fonce avec assurance, faut dire qu’avoir un puissant organe vocal comme le sien, ça donne confiance.

C’est chaud (pas mal plus que la météo), c’est entraînant (pas mal plus que ce que je pensais), on passe des sonorités africaines et caribéennes au folk sans aucune gêne, tout ça avec brio. Chapeau aussi à ses musiciens, aussi souriants que compétents, qui ajoutent aux pièces de Laveaux une richesse qui fait du bien autant au cœur qu’aux oreilles.

C’est comme ça que j’aime ma musique accessible. Avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité.

La Force

De retour sur la « petite » scène Mile End, où on va avoir la chance de revoir La Force (Ariel Engle) et ses chansons pop électro riches et complexes. La plus récente égérie de la formation à géométrie variable Broken Social Scene a pris beaucoup d’aisance sur scène, surtout qu’elle est entourée de superbes musiciens.

Évidemment, on a droit à sa reprise d’Angèle Arsenault, Je suis libre, qui va donner le ton au reste de la brève prestation. Voyez-vous, La Force, c’est une boule d’émotions sur scène, c’est pour la jeune femme un moment parfait pour ne faire qu’une avec ses sentiments. Et elle le fait très bien, toute expressive et en douceur, notamment sur Amaze Me (si jolie) et cette reprise d’Anthony and the Johnsons dont je ne me rappelle jamais du nom (c’est pour ça que tu dois prendre des notes, mon Jacques).

Par contre, je ne sais pas si c’est parce que le public était déjà fatigué (je l’étais moi-même un peu, mais j’avais quand même un voyage dans le corps), le contact avec celui-ci a été difficile. D’ailleurs, vous connaissez mes allergies aux papoteux (#fermezvosgueules), je dois admettre que les conversations ambiantes ont un peu miné mon appréciation du spectacle, et je trouve ça dommage, parce qu’à l’avant, Engle et sa bande se donnaient vraiment à fond.

Je pense que La Force s’apprécie tout simplement mieux dans un contexte différent, un peu plus intime, avec du monde venu voir Ariel et ses amis être tristes avec nous. Ça donne un show complètement différent.

Libre. Comme Ariel.

Feist

Oh que j’attendais ce rendez-vous avec ma Leslie préférée! Faut dire que les visites de l’auteure-compositrice-interprète se font rares dans notre belle ville de Québec (j’étais au Grand Théâtre, juste devant elle, il y a de ça plus de sept ans), ce qui nous oblige parfois à faire un petit bout de 20 pour prendre de ses nouvelles.

Aussitôt la prestation de La Force terminée, le groupe de Feist embarque, s’amuse ferme en adoptant un rythme tribal qui accompagnera la courte marche de l’artiste (qui entrera sur scène avec Ariel). Pis ça part!

La dernière fois que j’ai vu Feist, donc, c’était dans le cadre de la tournée Metals, qui était somme toute assez tranquille. Je vous avoue donc que je m’attendais à quelque chose de semblable, surtout que le dernier album, Pleasure, n’était pas un album de death metal non plus.

Et pourtant, on a eu droit à la version ROCK de Feist, une Leslie rythmée et entraînante, tout sourire, qui nous balance ses chansons avec toujours un peu plus de mordant. Comme si on se disait que le morceau le plus tranquille devait être My Moon, My Man.

On s’est promené allègrement dans le riche répertoire de Feist, mais on s’est surtout concentré sur les deux derniers albums, qui ont donné de magnifiques moments. Frissons sur A Man is Not His Song. Chair de poule sur How Come You Never Go There, sourire accroché sur Mushaboom. Que des chansons que je connaissais par cœur.

Malheureusement, mon plaisir a été un brin gâché par une foule souvent plus occupée à se raconter sa semaine qu’à écouter la grande artiste devant nous. J’ai bien essayé de trouver un coin plus tranquille où écouter, en vain. C’est un brin dommage. Heureusement, c’est la dernière fois que je vais vivre cette frustration de toute la fin de semaine.

Ça se poursuit à la page suivante!

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