[Entrevue] Suuns

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IMG_1398À l’aube de lancer leur 3e album Hold/Still, le groupe montréalais Suuns s’embarque dans ce qui sera sans doute une éreintante tournée. Des mélomanes partout en Amérique du Nord et en Europe vibreront dans les prochains mois au son de la musique oppressante, entêtante et singulière du quatuor. À l’écoute de ce 3e chapitre, un disque exigeant, mais tout aussi magistral que le précédent, il semble que le groupe n’avait qu’un but: outrepasser ses propres frontières. J’ai eu l’opportunité de rencontrer Ben Shemie (chanteur et guitariste) et Joseph Yarmush (guitariste et bassiste) avant une représentation à la sympathique taverne de Saint-Casimir.

(Photos de l’entrevue Simon Desjardins / Concert Julien Baby-Cormier)

IMG_1404Si le groupe avait enregistré les deux disques précédents à Montréal, ils ont cette fois décidé de sortir de leur zone de confort et d’aller enregistrer au Texas dans un modeste studio. «Nous avions l’option d’enregistrer n’importe où, mais l’idée était de sortir de Montréal pour nous concentrer 100% sur l’album chaque jour», explique Ben. Ils ont enregistré avec John Congleton, un réalisateur réputé (il a réalisé des albums pour des artistes de tout acabit, tels War on Drugs, St Vincent, Erykah Badu ou Sigur Ros). Questionné à ce sujet il poursuit: «On l’avait rencontré une ou deux fois, c’était un fan, il nous avait contactés pour nous dire qu’il voulait travailler sur notre prochain album. C’était super.» Le groupe a aussi modifié sa façon d’enregistrer, essayant de donner vie aux chansons en direct dans le studio plutôt que d’y aller avec des superpositions (overdubs). «Les chansons, nous les avions jouées, mais ce n’était pas des versions finales, on espérait que John nous aide à les finir et à choisir les meilleures versions(…) c’était plus comme des répétitions enregistrées». En parlant du processus de sélection, on apprend que certaines pièces dataient des débuts du groupe. «Translate (le premier extrait) par exemple était complètement différente, on l’avait déjà enregistré 3 fois», explique Joseph. Ils ont ainsi considéré autour de 17 chansons pour arriver à ce tout extrêmement cohérent et concis qu’est l’album Hold/Still.

IMG_1405Le groupe voyage énormément pour supporter ses albums et si pour la première tournée (pour le disque Zeroes QC) le groupe faisait surtout des premières parties, celle derrière Image du Futur à vu le groupe être propulsé en tête d’affiche dans la plupart des grandes villes où il passait. Lorsqu’on leur demande s’ils avaient hâte d’embarquer dans cette tournée, Ben se fait convaincant: «on fait tellement de « prod » sur l’album et là c’est beaucoup de presse et de (répétitions) prétournée que je me dis : Let’s just fucking play some shows, et on est habitués maintenant (aux multiples allers-retours)». Suuns tente aussi de modifier la grille de chansons tous les soirs pour tenter de capter l’énergie parfois très changeante du public avec en trame de fond le désir de ne pas sombrer dans la facilité. «Ce ne sont pas toujours les mêmes chansons qui fonctionnent d’une place à l’autre», explique-t-il. Lorsqu’on leur demande quel a été le spectacle le plus marquant de la précédente tournée, ils élaborent sur un festival européen en particulier: «Glastonbury  (immense festival en Grande-Bretagne) c’était comme un rêve, c’est magique. C’est comme une ville-festival massive, c’est incroyable. On a été chanceux d’être sur un stage super-cool avec un bon line-up.» Ce n’est pas toujours le cas. Dans la catégorie des concerts bizarres, il y a celui au festival d’été en première partie de Marillion. «On jouait devant leurs fans… they hated it… Ils nous avaient demandé si on voulait faire ce spectacle-là et on a répondu oui sans hésiter. On a fini par avoir du « hate-mail » à cause de ce show-là.» Cependant, ils ont aussi leur part de louanges. Les Inrocks, célèbre magazine parisien, n’hésite pas à qualifier Suuns de groupe qui évolue dans une classe à part; parmi les meilleurs groupes du monde, rien de moins. À Saint-Casimir, malgré la maigre foule, ils ont projeté sur scène une unité qui transcende celle de bien des groupes de haut calibre; il fallait les voir enchainer les nouveaux morceaux dans ce spectacle avec une maitrise digne des fins de tournée. Des pros.

Questionnaire musical en vrac:

Y a-t’il un album qui a fait l’unanimité dans la van lors de la dernière tournée?

Joseph:«Yes, Kendrick»

Ben: «C’était la thématique de l’année cet album (To Pimp a Butterfly)»

Dernier album acheté?

Joseph:«L’album de Pang Attack» (un groupe de Montréal qui assure la première partie de Suuns pour quelques concerts)

Ben: «Kaitlyn Aurelia Smith, tu connais? C’est vraiment bon, c’est de la musique électronique avec un peu de chant… it’s cool!»

Quel serait votre album exutoire?

Ben: «Du techno ou AC/DC»

Joseph: «Des fois quand je suis stressé je joue Undertow de Tool, souvenirs d’adolescence…»

Avez-vous des plaisirs coupables?

Ben: «Probablement Madonna, l’album True Blue.»

Joseph: «N’importe quoi de Rihanna.»

Finalement la fameuse question. Quel serait votre album-île déserte?

Joseph: « That’s tough… it’s a impossible question… White Album?»

Ben: « Impossible Spaces de Sandro Perri, je l’écoute encore régulièrement, j’adore cet album-là»

Suuns joue en compagnie de Moon King, Buck Gooter, Rishi Dhir, Pang Attack et Yonathan Gat au complexe Méduse, le vendredi 15 avril à partir de 20h dans le cadre des Nuits Psychédéliques.

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