Erika Angell

Originaire de Suède et établie à Montréal depuis 13 ans, Erika Angell se présentait pour la deuxième fois sur la scène du Pantoum, donnant d’une main de maître le coup d’envoi pour 10 jours de musique plus qu’effervescents.
En ce vendredi de Saint-Valentin, la chanteuse et compositrice est émergée dans le noir, entourée de bruits de fond et d’une ambiance intense. Ses premiers sons sont futuristes, un mélange d’électro, de reverb et de mots mystérieux qu’on peine à comprendre. Seule avec son batteur Tony Crain, elle crée une illusion sonore où l’on pourrait croire qu’elle est accompagnée par toute une armée de musiciens. Les voix résonnent en arrière-plan, soutenues par des effets synthétiques qui enveloppent l’auditeur. Son univers est définitivement unique et intrigant. Sa voix envoûtante, tantôt basse, tantôt aiguë, navigue entre les extrêmes, tandis que les rythmes saccadés, loin des tempos traditionnels, plongent le public dans un état de flottement. C’est un son qui ne ressemble à rien de ce que l’on connaît, dérangeant par son unicité, mais incroyablement captivant. Le public est absorbé, totalement attentif, réagissant à chaque variation, chaque rupture de rythme.
Erika a captivé mon attention et celle du public non seulement par sa musique, mais aussi par ses mots. Après avoir posé un texte vibrant et ressenti dans un silence presque absolu, elle a invité la foule à participer, à se libérer en criant ses mots avec elle. Le public se transforme en une chorale impromptue, lançant des mots dans l’air comme un défouloir partagé, créant une atmosphère de communion intense. C’est une expérience musicale et émotionnelle, où chaque note, chaque geste devient un acte de libération, un instant de pure connexion.
Cette performance fut définitivement une belle découverte pour ma part et un excellent prélude au Phoque OFF.
Yoo Doo Right

L’ambiance est déjà électrique au Pantoum lorsque le band se dirige vers la scène pour nous présenter leur nouvel album « From the Heights of Our Pastureland ». Le groupe nous plonge immédiatement dans l’ambiance de la soirée en conseillant au public de venir me voir au bar pour y prendre des bouchons d’oreilles, nous préparant ainsi à l’intensité de ce qui va suivre.
Dès les premières notes, on sent que ça va être fort. La musique vibre dans tout le corps, chaque battement de la batterie fait bouger les têtes. Justin Cober et ses complices s’en donnent à cœur joie, et on ressent instantanément leur connexion et leur plaisir à jouer pour nous.
La première chanson commence avec des paroles, mais ce sont surtout les instruments qui prennent le devant. Le jeu des musiciens est ce qui domine, avec des riffs de guitare puissants et des rythmes qui secouent l’espace. Ça rentre au poste, et on dirait bien que j’aime ça. La deuxième chanson s’enflamme avec des coups de bass drums à une vitesse effrénée, suivis des baguettes frappant les contours de la batterie. C’est intense, presque une explosion sonore, et le plancher vibre sous l’énergie dégagée. Bien que le groupe propose un tout autre genre musical qu’Érika, les airs que la formation nous propose un son tout aussi déstabilisants, voire même anxiogènes par moments. Comme si on naviguait dans une mer déchaînée, nous submergeant de vagues puissantes et désordonnées, nous plongeant dans un océan d’émotions noires et oppressantes. Difficile pour moi et même mes collègues de décrire les émotions que leur musique nous font vivre et d’y identifier un style musical tellement les sonorités sont peu communes et confrontantes. Parmi cette richesse sonore, je la voyais à peine de mon emplacement, mais elle se distingue clairement : la trompette, brillante, apporte une dimension supplémentaire à l’ensemble, ajoutant une complexité sonore fascinante. Après une pause musicale, plongés dans le noir, les musiciens reviennent avec un morceau plus doux, où l’instrument à vent brille en solo, accompagnée du battement régulier du bass drum, tel un cœur qui bat.
On ne s’ennuie pas dans cette prestation, après cette alchimie musicale, ça repart en force, comme un chaos contrôlé. Le plaisir de jouer ici est évident. La dernière chanson, jouée à seulement trois musiciens, commence par un son rappelant une cloche d’église. Ce morceau, qui dure presque dix minutes, nous emmène dans un tourbillon sonore, avec des bras levés, des têtes qui bougent, et une batterie frappée avec toute la fougue du groupe. Une performance épuisante, mais inoubliable.
En somme, ces deux prestations ont été des complices idéales pour cette soirée de Saint-Valentin, enrichissant l’atmosphère d’émotions fortes et d’une énergie inoubliable.
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