Une virée exceptionnelle à Montréal pour Enter Shikari

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On déborde vraiment du mandat d’ecoutedonc.ca ici, mais un gars s’essaye. J’ai demandé si c’était possible, exceptionnellement, de couvrir un show avec aucun band québ, à Montréal de surcroît. À ma grande surprise, me voilà dans le « pit photo » du Théâtre Beanfield devant mon groupe préféré de tous les temps, Enter Shikari. Groupe britannique qui repousse les limites des genres musicaux depuis maintenant plus de vingt ans, un mélange de metalcore, électronique, rock et un peu de tout ce qui se retrouve entre ça. En ouverture on avait Yours Truly d’Australie et You Me At Six de l’Angleterre qui offrait une toute dernière tournée nord-américaine à vie.

Yours Truly

J’avais assez hâte de voir ce premier groupe de la soirée, bien que Yours Truly ait un côté un peu plus pop que les deux autres groupes, j’avais bien aimé le dernier album du groupe « Toxic ». Composé de Mikaila Delgado (voix), Teddie Winder-Haron (guitare) et Henry Beard (batterie) c’est donc un trio sans basse. Je ne sais pas si c’est la raison mais j’ai justement trouvé que l’égalisation du son n’était pas vraiment optimale, la guitare ne se démarquait pas particulièrement, on entendait majoritairement la batterie.  Qu’à cela ne tienne, le trio déborde d’énergie, mettant le feu à la scène pour bien débuter ce spectacle. La chanteuse Mikaila a vraiment toute une voix, offrant des notes aiguës très peu entendues dans ce style musical, c’est vraiment une performance impressionnante de sa part. Malgré que le son n’était pas nécessairement à la hauteur de mes attentes, une chose est sûre, la foule quant à elle était définitivement convaincue et a vraiment apprécié ce que Yours Truly avait à offrir.

You Me At Six

Groupe phare de l’époque MySpace, on est rendu à la fin du parcours pour You Me At Six qui a annoncé que 2024 serait la dernière année d’existence pour le quintet. Consistant de Josh Franceschi (voix), Matt Barnes (basse), Max Helyer (guitare), Chris Miller (guitare) et Dan Flint (batterie), seul le batteur ne faisait pas partie de la formation originale créée en 2004. Musicalement on navigue entre le pop-punk, le post-hardcore, le emo et même le screamo pour une bonne dose de pièces en petit peu plus lourdes entre des chansons mélancoliques. Malgré tout, le groupe sait comment mettre le party, on peut d’ailleurs entendre le chanteur et la foule échanger des « Woo! Hoo! », davantage caractéristiques des festivals électroniques. Le chanteur mentionne même n’avoir aucune idée quel jour de la semaine on est mais qu’il veut que le public traite cette soirée comme si c’était un samedi soir. Et la foule profite pleinement de ce dernier rendez-vous en sol montréalais avec You Me At Six, ça se donne à coeur joie dans le moshpit. Sur le dernier album du groupe il y a une chanson avec Rou Reynolds, le chanteur d’Enter Shikari, ce dernier est venu pour interpréter No Future? Yeah Right, évidement un gros moment du spectacle. Malgré les vingt ans de carrière et les nombreuses tournées du groupe, c’était mon premier show de You Me At Six et j’ai vraiment été impressionné par la qualité exceptionnelle de la prestation.

Enter Shikari

C’est inexplicable mon histoire d’amour pour Enter Shikari. J’ai découvert la formation aux alentours de 2007 avec la désormais culte Sorry, You’re Not A Winner et ses fameux applaudissements. À l’époque, le mélange de métalcore et de musique électronique devenait de plus en plus populaire. Si la majorité des groupes d’electronicore n’ont pas fait long feu, Enter Shikari est vraiment spécial pour sa longévité, mais surtout pour l’évolution musicale toujours constante et impressionnante. Si les premiers albums sont restés pas mal dans le mélange de métalcore et d’électro, plus le groupe prenait de l’expérience plus il expérimentait avec différents sons, probablement un des groupes qui a su le plus se renouveler dans ces styles. Mais ce qui fait davantage la notorieté d’Enter Shikari, c’est sans aucun doute les spectacles complètement enflammés. Un quatuor qui fait le tour des plus gros festivals européens, ça a toujours été plus tranquille pour lui en Amérique du Nord. Cette tournée en est encore la preuve, jouant au Théâtre Beanfiled, une salle comparable à l’Impérial Bell à Québec.  Qu’à cela ne tienne, un de mes spectacles préférés à vie fut Enter Shikari et Letlive à la Sala Rossa en 2013, une salle d’environ 250 places.

Bref, j’adore ce groupe et après avoir manqué les quelques dernières tournées de la formation je ne pouvais absolument pas manquer celle-ci. Un album complètement phénoménal est disponible depuis avril 2023, « A Kiss For The Whole World », je me devais d’entendre ces chansons en spectacle. Avant même que le groupe apparaisse sur scène, on peut entendre la foule chanter à l’unisson « And still we will be here, standing like statues », des paroles classiques du premier album appelant à la résistance, qui est en quelque sorte devenu un hymne pour les fans du groupe. Le quatuor est formé des même quatres musiciens depuis 2003, soit Rou Reynolds (voix, claviers et un peu de guitare) Chris Batten (basse, claviers et percussions), Rob Rolfe (batterie) et Rory Clewlow (guitare et claviers).  À la grande surprise de pas mal tout le monde, Rou est apparu perché au balcon pour chanter a capella la pièce System…, l’intro de l’album « A Flash Flood of Colour » de 2012, avant de courir sur la scène pour la suite, …Meltdown, un début complètement explosif.

C’est le premier passage à Montréal pour le groupe depuis la sortie du dernier album, évidemment on a droit à plusieurs chansons tirées de cet opus mais à ma grande surprise les quatre musiciens puisent dans les plus vieux morceaux également. Un élément particulier est l’évolution de leurs vieilles, ou même moins vieilles, chansons lorsque jouées live. Plusieurs vieilles pièces reçoivent régulièrement une métamorphose, j’imagine que c’est une façon pour le groupe de ne pas se tanner de jouer les vieilles chansons. À une certaine époque les spectacles regorgeaient de remixes à saveur dubstep, cette fois-ci on a davantage de drum and bass pour agrémenter les morceaux. Ce qui donne comme résultat un méchant gros party au parterre où les moshpits et la danse s’entremêlent.

Après avoir joué { The Dreamer’s Hotel } de l’album « Nothing Is True & Everything Is Possible » le groupe quitte la scène et un petit message enregistré s’apparentant à un système téléphonique d’hôtel se fait entendre demandant à la foule si elle veut prolonger son séjour. N’étant pas un grand fan des rappels prévus d’avance j’ai tout de même trouver ceci assez original et intéressant. Une magnifique utilisation des quatre petits écrans sur la scène a suivi afin d’introduire la pièce (pls) set me on fire. Le tout s’est terminé avec la magnifique chanson titre du dernier album, A Kiss for the Whole World x.

Définitivement un concert dont je me souviendrai longtemps. Enfin voir You Me At Six pour la première et dernière fois, accompagné d’une belle introduction à Your Truly pour bien commencer la soirée. Mais les mots me manquent pour décrire la prestation d’Enter Shikai. C’était tout simplement spectaculaire, phénoménal et grandiose. Et que dire d’avoir la chance de photographier et de couvrir son groupe préféré? C’est vraiment une opportunité que je chérirai pendant longtemps. J’ai déjà hâte à la prochaine visite du quatuor dans la Belle Province, peut-être que cette fois on pourra enfin les voir à Québec, soit dans un festival ou bien dans un Impérial Bell, je ne peux qu’espérer.

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