Le 19 mai, c’est dans le cadre de la 9e édition du Le Printemps de la musique, qu’on se dirige à la Poudrière pour assister au projet ardent de Rox Arcand et Rémy Bélanger de Beauport. En partenariat avec Parcs Canada, c’est une prestation présentée par l’Ampli de Québec pour les artistes émergents de la ville de Québec. À chacun son printemps et son renouveau. Ici, on réinvente Les filles de Caleb. Le projet s’inspire de phrases pigées du roman Les filles de Caleb : Le Chant du Coq, fiction romanesque, se déroulant entre 1892 et 1917. Fiction devenue très populaire dans les années 1990 avec la série télévisée.
Hasarder les mœurs du Québec avec Caleb : Une nouvelle mise en abîme
À l’intérieur des murs de 1745, le public est au rendez-vous et on attend dans une pièce grise et froide, il est 16 h 30, il fait froid et la lumière du soleil est belle. Devant nous, on y trouve la batterie de Rox avec la façade qui affiche Crève ton cœur et ci-gît tout près, le violoncelle de Rémy Bélanger de Beauport. Deux caisses de son attendent le signal.
Rox et Rémy entrent en scène. Elle prend son micro avec un air de jeune fille au regard sévère. Elle tient ses papiers : « Des rêves de petite fille » pour enchaîner un peu plus tard avec « La petite, ne monte pas sur tes grand chevaux parce que tu ne me fais pas peur ». Elle enlève son manteau de cuir et prend les baguettes. Le violoncelle commence à grincer.
Petit jeu de batterie et des boucles de violoncelles embarquent sous « Tu n’es pas une femme Émilie » puis elle crie « As-tu bu Ovila? » .Tapage et reprise plus douce et rythmée avec le hi-Hat et cymbale. Chaotique, mais de manière mesurée, les artistes maîtrisent leurs instruments. Rox reprend le micro et d’une voix grave « Emilie et Ovila regardaient le printemps de leur fenêtre de chambre » et de plus en plus fort, elle cite « Ovila, j’espère que tu es le seul homme qui rentre dans ta chambre » et elle se met à répéter sans cesse « Ça ne se fait pas de ne pas dormir dans le même lit que ton mari ». C’est tout indiqué de crier, le son des cordes de violoncelle se déconstruit. Elle reprend la batterie : « Ça ne se peut pas être heureuse de même ». Ça redevient doux avec une tambourine nerveuse et des notes de violoncelle pour arriver plus fermement à la caisse claire, Rox hurle « Serre tes cuisses Ovila ». On assiste à des saccades de citations soutenues par une conduite chaotique et linéaire des instruments.
La finale se fait en douceur avec le violoncelle glissé à l’archet. Les applaudissements sont bien sentis, tout sourire, Rox et Rémy remercient leur public. Avec leur jeu créatif, les thèmes se condensent pour donner une perspective des mœurs du Québec dans un univers catholique binaire. C’est une expérience immersive qui rappelle nos origines et permet d’apprécier le goût d’aujourd’hui. On veut d’autres projets de ce genre!
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