En mettant les pieds au Pantoum le 23 mars dernier, impossible de ne pas remarquer le poteau de danse qui domine la scène. C’est donc évident qu’on aura droit à un spectacle tout sauf ordinaire pour ce lancement d’album de la formation math-stoner-garage féministe BRUE. C’est le trio punk de la Vieille-Capitale Crachat qui s’est chargé de réchauffer la foule en ouverture.
Crachat
C’est mon quatrième spectacle de Crachat depuis septembre, disons que je commence à être habitué à leurs prestations! N’empêche qu’à chaque fois je trouve que les trois musiciennes – Justine Beaulieu (guitare et voix), Lyziane Cantin (guitare et voix) et Maloue Le Liboux (batterie et voix) – prennent davantage d’assurance sur scène. Elles sont arrivées gonflées à bloc pour rocker le Pantoum comme il se doit en entonnant leurs pièces punk féministes. La foule semblait déjà gagnée d’avance alors qu’un moshpit a éclaté dès le commencement de la prestation, les gens présents semblaient vraiment avoir de l’énergie à revendre en se poussant joyeusement tout le long du spectacle. On a droit à une performance intense, puissante et rapide de la part du trio qui ne perd pas trop de temps à enchaîner les chansons. On dirait que ça vient de commencer qu’on est déjà à la fin de leur présence sur les planches. Mention spéciale à la pièce éponyme, « L’hymne de Crachat », qui s’est terminée par un petit jam qui me rappelait un peu le bon vieux Black Flag, du punk bien brut avec un côté expérimental fort intéressant. Encore une fois la formation solidifie sa place sur la scène punk québécoise comme devenant incontournable grâce à ce genre de spectacle fort efficace tout en scandant haut et fort des message d’une grande importance. Le trio est actuellement à l’enregistrement de nouvelles pièces, on a bien hâte de les découvrir.
BRUE
Le mini-album de sept chansons, quinze minutes, « Édens & Retour En Saturne » est disponible depuis le 17 novembre dernier, mais BRUE n’avait pas encore eu l’occasion de lancer officiellement ce projet. Après un spectacle au Cabaret des Foufounes Électriques à Montréal la veille, on se retrouve au « cabaret » du Pantoum pour ce qui s’annonçait tout aussi électrique. En voyant quelques images du lancement montréalais, disons que j’avais encore plus d’attentes pour la soirée à Québec. La chanteuse Sarah M-Brunnemer fait son apparition du haut de ses énormes talons aiguilles vêtue d’un bodysuit particulièrement révélateur pour nous offrir une performance de pole dancing assez impressionnante. Elle est suivie par Philip Després avec son merveilleux soutien-gorge garni de crânes qui est venu s’exécuter sur le poteau à son tour. Après cette petite séance de danse à deux, la chanteuse vient trouver sa place du côté court de la scène en empoignant sa guitare alors que le reste du groupe est formé par Gabriel Lapierre (Crabe) à la basse et Evelyn Charlotte Joe (Pinksnail) à la batterie. Si par les images visionnées sur les réseaux sociaux, le spectacle de la veille semblait assez intense, on a tout de même eu droit à quelques différences au Pantoum. Originaire de la ville de Québec, Sarah a mentionné que « Québec c’est comme une pantoufle en phentex, pour le meilleur et pour le pire. » En tant que pantoufle confortable on a donc eu droit à quelques nouveautés inédites qui sont d’une efficacité assez incroyable.
Évidemment on a également droit aux pièces de l’album, dont Des Nouveaux Ami·e·s qui est, des dires de la leader, leur hit alors que le reste du spectacle serait une pente descendante ensuite. Ce n’est pourtant pas exactement ce qui se produit, bien sûr ce hit est bien connu du public présent mais le reste du show n’a pas été ennuyant du tout. D’ailleurs une autre danseuse, Catou surnommée « La P’tite Crisse » fait son apparition pour s’exécuter à son tour sur le poteau de danse. La musique garage de BRUE se prête visiblement à la danse pour nous offrir un spectacle multidisciplinaire qui rend hommage à la grâce et à la beauté des corps appuyé par des paroles encourageant la solidarité entre tous.tes. Vraiment un spectacle qui sort légèrement des sentiers battus mais qui est d’une grande qualité pour tous les sens.
Une merveilleuse soirée mémorable en compagnie d’artistes célébrant la féminité – et la diversité de genre – pour en donner plein les oreilles et la vue au public du Pantoum. D’une part on a Crachat qui devient rapidement le groupe punk féministe par excellence, de l’autre part on a BRUE et sa chanteuse qui déborde de confiance et de talent pour un résultat qui charme à tout coup.
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