Quand le punk franco s’amène dans les rues de Saint-Raymond

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Introduction par Sandrine Gauthier-Brown

Eh oui! Comme je suis une des rares personnes à avoir une voiture chez ecoutedonc.ca, samedi le 16 mars dernier, je me suis retrouvée en compagnie de Maxime dans une petite maison à l’allure d’un country shack en plein milieu de la « Ville de l’automobile » à une trentaine de minutes de notre Capitale-Nationale. Il faut dire que je n’avais aucune attente en me rendant à cet événement organisé par Bobby Hamel et Kevin Rioux-Nadeau, alias Under The River Productions, car malgré le fait que je passe régulièrement par là pour me rendre au chalet familial, je n’avais jamais eu conscience de l’existence de cet endroit qui gagne à être connu. 

D’ailleurs, l’initiative d’Under The River Productions ne se limite pas à l’organisation d’événements dans ce lieu unique. Elle porte une mission bien plus profonde. Utilisant ce lieu de diffusion, ainsi que l’intégralité des profits générés lors de ses événements, UTR se dédie à la promotion et au soutien de la relève musicale. En s’associant avec des élèves de l’école secondaire locale, le duo offre non seulement des cours et de l’accompagnement, mais aussi une occasion en or de se produire en première partie d’un spectacle professionnel, donnant ainsi espoir et motivation chez les jeunes aspirants musiciens. 

Arrivé.es à destination, Max et moi avons été accueilli.es dans une ancienne maison servant de lieu où l’on peut apprendre à peaufiner nos mouvements de danse. Murs et planchers en lattes de bois, cadres présentant des chevaux, tonneaux de chêne et boule disco, rien ne pouvait nous laisser croire qu’on allait vivre une soirée aussi déjantée et électrisante en compagnie de Bitten Bush, Capable!, L’Affaire Pélican et Thick Glasses

Bitten Bush

Par Sandrine Gauthier-Brown

Visiblement, le groupe acoustique raymondois Bitten Bush composé de Kevin Rioux-Nadeau (chant et guitare) ainsi que Félix Gagné (guitare) était attendu par la foule portant fièrement la merch du band local. Famille, ami.es et même élèves étaient réunis pour assister à la performance des deux musiciens. Tout de suite la première chanson Autruche commencée, on sent la connexion entre le chanteur et le public qui chante haut et fort les paroles. Avec sa voix chaleureuse au timbre rauque, Kevin nous invite dans son univers punk folk aux paroles engagées et aux inspirations des Vulgaires Machins. Enchaînant les titres tels que Precious (chanson inspirée par ce lutteur de haut calibre), Haillie Sellasse, Up Your Ass de Propagandhi, Clandestino de Manu Chao (version 2.0 adaptée en partie en français) ou bien Whippet d’Exterio (le fameux Whippet money de Jessy Fuchs!), chacune des chansons nous est jouée avec bonheur et passion. On peut facilement voir que ces deux musiciens tripent à faire de la musique ensemble et à la partager avec le public qui semble connaître avec assurance la majorité des titres. Le duo a bien joué ses cartes en terminant sa performance avec leur succès Prince Albert. Ce fut quand même rigolo de voir le public entonner à tue-tête cette chanson aux propos un peu farfelus. L’ambiance générée par le lieu et la musique rassembleuse de Bitten Bush nous donnait l’impression d’être dans un gros party de famille. C’était un bien beau commencement à cette soirée surprenante.

Capable!

Par Maxime Beaulieu

Les montréalais de Capable! viennent tout juste de sortir l’album « Le Désorde Organisé ». C’était donc l’occasion parfaite pour entendre les nouvelles pièces du groupe. La formation nous avait habitué au format EP avec quatre mini-albums depuis 2016, c’est enfin le premier long-jeu pour le quatuor qui vient tout juste de signer avec la réputée étiquette de disque Stomp Records (The Planet Smashers, The Creepshow, The Anti-Queens). Un excellent album punk-rock empreint de nostalgie, d’expérience et de célébration pour la culture. Le groupe est formé de Maxim Bonenfant (basse), Mathieu Harton (batterie) Israel Trudel-Denis (voix et guitare) et Sébastien Pilon (guitare), ces deux derniers viennent d’Évain en Abitibi-Témiscamingue, maintenant fusionnée avec Rouyn-Noranda, et ne manquent pas de noter les similitudes entre leur village natal et Saint-Raymond. À plusieurs reprises on rappelle l’importance d’avoir des shows en région, des spectacles pour tous âges en plus, question de former une certaine relève punk. Évidemment la plupart des chansons jouées sont tirées du nouvel album, dont les classiques instantanés aux refrains accrocheurs UVAV, T-shirt préféré et Bras d’sus t’sou d’bras mais on entend tout de même des pièces plus vieilles dont P.M.D.A. qui parle de ne pas avoir d’argent pour s’acheter des affaires. Cette chanson était malheureusement d’une vérité déconcertante cette fin de semaine-là alors que leur véhicule de tournée a rendu l’âme la veille. Une solide performance pour le quatuor qui a su convaincre la foule qui était quelque peu timide en début de prestation. Je connais le groupe depuis plusieurs années, mais c’était enfin mon premier spectacle de Capable! et je ne suis aucunement déçu, vraiment une des bonnes formations punk de la province qui, espérons-le, sera davantage connue grâce à cet excellent nouvel opus. 

L’affaire Pélican

Par Sandrine Gauthier-Brown 

Pas le temps de niaiser, ce groupe composé de quatre gars de la Rive-Nord de Montréal commence son set sans présentation avec la première chanson La Marelle tirée tout droit de son récent EP « Spécial ordinaire ». Après seulement deux notes des guitares des deux Maxime (Maxime Leblanc et Maxime Paquin), de la basse de Benoit Bédard et des coups de baguette de Quentin, un petit moshpit se forme en avant du band, donnant ainsi l’impression que leur performance ne sera pas reposante. En effet, ça chante fort et avec assurance dans le micro et les musiciens ne tardent pas à sauter d’un bord et de l’autre de la scène. La salle se réchauffe assez rapidement au fil des chansons et le front bien humide de Maxime Leblanc nous en donne la preuve. Leur énergie est définitivement contagieuse, car les têtes de l’assistance se font aller dans tous les sens. Le groupe de punk rock francophone nous fait passer par une gamme d’émotions surtout lorsqu’il enchaîne, après la chanson Morphé extrêmement bien maîtrisée par le batteur du groupe, leur interprétation de la chanson L’Amérique pleure des Cowboys Fringants, cette version aux arrangements post rock finement réalisés est définitivement un grand plus dans la discographie du band. Quelle façon originale et électrisante de rendre un hommage à ce groupe culte de la culture musicale québécoise! J’en prendrais encore et encore. Le groupe a terminé en force avec Sans Gloire, chanson provenant de leur premier EP ayant déjà sept ans d’existence laissant le public se pousser les uns contre les autres. 

Thick Glasses

Par Maxime Beaulieu

C’est enfin au tour des quatre moustachus de Thick Glasses de s’installer dans le coin de la salle de danse country avec la magnifique batterie aux couleurs de la « 4e Dimension » de Rogers Normandin bien en évidence. Le groupe formé de Charles De Villers (Voix, guitare), David Roy (voix, guitare), Étienne Dubé (basse) et Gabriel Guimond-Marcille (batterie) est actuellement en train de produire son prochain opus qui suivra « L’échec héroïque » sorti en 2022. On a d’ailleurs eu droit à de nombreuses pièces inédites, la formation semble entrée dans son ère Deftones avec des morceaux un petit peu plus expérimentaux et planants, avec même une petite touche de shoegaze. Les guitaristes ont soit dit en passant une collection assez impressionnante de pédales d’effets qui pourrait rendre jaloux bien des groupes. C’est toujours un merveilleux privilège que d’entendre des nouvelles chansons en primeur mais évidemment les gens se sont déplacés pour les classiques du groupe, à ce niveau le quatuor n’a pas déçu en pigeant dans le EP « Courir après sa queue » avec entre autres la chanson d’amour Tour de piste et le ver d’oreille Doggo. Le moshpit s’est fait aller durant l’entièreté du set des petits nerds à lunettes, ce qui témoigne de l’efficacité et de la popularité du quatuor en sol portneuvois. Seule petite critique personnelle, la plus qu’excellente Bam Margera du dernier album n’a pas été jouée, en raison de ce faux pas impardonnable il m’est impossible pour moi d’écrire que j’ai aimé leur spectacle… Non, sans farce, je trouve vraiment que le groupe prend davantage d’assurance et d’aisance sur scène chaque fois que je le vois en concert, c’est une formation qui mérite définitivement plus de reconnaissance et mérite de se tailler une place parmi les groupes incontournables à inviter dans un festival ou un spectacle punk-rock. J’ai bien hâte d’en découvrir plus sur le prochain projet de Thick Glasses, ces primeurs ont sans aucun doute piqué ma curiosité. 

Conclusion par Maxime Beaulieu

En voyant le line-up, je ne voulais pas manquer ça pour rien au monde, quatres excellentes formations punk-rock francophones qui se donnent en spectacle. C’était en plus l’occasion de se dépayser légèrement pour voir un show en région dans une salle apportez votre breuvage. Si en approchant le lieu du spectacle, je commençais à avoir mes réserves. ce fut finalement une formidable soirée, le monde était dedans et les groupes avaient visiblement du fun. Vraiment je lève mon chapeau (de cowboy) à Kevin et Bobby de Under The River Productions pour l’organisation, je vais clairement regarder de près les prochains spectacles dans l’espoir d’y retourner rapidement.

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