Phoque OFF 2024 : L’expérimental, c’est loin d’être banal!

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Le 17 février dernier, je me suis rendu à L’Anti Bar & Spectacles pour assister à la dernière soirée du Phoque OFF. Le festival se clôt sur une note très expérimentale : sur scène, se sont succédé un membre de l’équipe des communications de l’événement (Ulysse Ruel Orchestra) qui a su me toucher par son processus créatif, puis Ce qui nous traverse nous a emmené dans d’autres sphères très instrumentales mais toutes aussi expérimentales.

Ulysse Ruel Orchestra

Le spectacle d’Ulysse commence avec une panne de micro. Cela ne fait que refléter le caractère imprévu et improvisé du spectacle qui est sur le point de commencer. D’ailleurs le musicien n’a vraiment pas l’air d’en faire un plat.

Si comme moi vous êtes néophyte, sachez que le concept entier de la représentation est basé sur un harmonica et une shitload de pédales analogues. Une mélodie rappelant un air blues planant est d’abord jouée seulement à l’harmonica. Puis, ce signal est amplifié, déformé, réverbé, etc., bref transformé par la multitude d’effets produits par les pédales. La beauté de la chose est qu’Ulysse fait grimper progressivement la tension jusqu’à son paroxysme final. Voyez cela comme une pyramide inversée, plus on évolue dans le spectacle, plus le motif instrumental se complexifie.

On note la présence d’une ampoule à incandescence, symbole d’une époque révolue qui parait maintenant lointaine, où l’on prenait encore le temps d’apprécier l’éphémère. L’analogue régnait encore en maître à cette époque et le numérique n’en était qu’à ses balbutiements. Ce côté éphémère et improvisé rend l’expérience très unique et authentique.

Je ne vois d’ailleurs pas le temps passer, le public non plus. L’écoute est RE-LI-GIEUSE, et Dieu sait que c’est rare comme de la marde de Pape en ce moment. Cette scène quasi improbable s’est bien produite au Phoque OFF : le monde est contemplatif, statique, quasi en transe hypnotique et semble à moitié éveillé pour vivre ce doux voyage transcendantal.

C’est définitivement une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie si vous êtes dans l’envie d’expérimenter de nouvelles sphères musicales.

Ce qui nous traverse

Ce qui nous traverse est un septuor composé de deux guitares, une contrebasse, une batterie, une clarinette/saxophone alto, un clavier et autres instruments loufoques que les musiciens s’alternent le jeu au cours de la représentation. Le groupe-orchestre montréalais nous fait traverser diverses ambiances sur des rythmes allant du jazz ténébreux au post-rock/shoegaze.

Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils nous traversent et nous changent fondamentalement. Difficile de rester de marbre face à cette performance, aucun détail n’est d’ailleurs laissé au dépourvu. Chaque note, nuance de timbre, arrangement est calculé dans cette harmonie tumultueuse.

La prépondérance de l’instrumental (et l’absence de verbal) nous amène dans des sphères très introspectives. Je trouve d’ailleurs que ça ferait une excellente alternative pour le concept de ciné concert (film projeté sur fond musical joué par un orchestre ou groupe). Le concept visuel est d’ailleurs exploité via des projections en arrière-plan.

En résumé, les pièces rentrent en dedans, vous traversent littéralement, et vous font vibrer aux rythmes et nuances des diverses sonorités. Un autre spectacle à vivre une fois dans sa vie.

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