Le 27 octobre dernier nous étions convié dans notre salle de spectacle fétiche pour un programme double à haute intensité. D’une part Nüshu lançait son album homonyme, de l’autre le duo CRABE délivrait enfin « Visite du temple inné ». Deux albums qui brassent en masse, on pouvait donc s’attendre à des flammèches sur la scène du Pantoum.
Nüshu
Une semaine après avoir rendu disponible leur sublime album homonyme, Nüshu se retrouvait sur les planches du Pantoum pour nous présenter son post-punk hautement expérimental. Une galette qui se laisse facilement dévorer de la sorte ne peut que se transposer à merveille sur scène. La quatuor s’installe donc devant diverses projections mycologiques, statiques ou bien aquatiques, les amplis dans le prélart pour nous réchauffer les oreilles. Le groupe est formé de Jessica Pion (voix et basse), Lydia Champagne (batterie), Jerry Lee Boucher (guitare) et Navet Confit (guitare). Le quatuor ne perd pas de temps à chauffer les planches, jouant avec intensité ses nouvelles pièces. La foule est malheureusement peu nombreuse, mais les personnes présentes sont définitivement là pour tripper, ça danse et ça se pousse gentiment sur le parterre. Nul besoin de préciser le talent des membres de la formation, mais celle qui retient indéniablement l’attention est clairement Lydia qui martèle sa batterie avec force et précision, le tout avec un énorme sourire contagieux. On traverse d’énormes gammes stylistiques durant la prestation, des moments plus tranquilles et expérimentaux on passe en un instant à du gros hardcore intense. Déjà j’avais énormément apprécié l’album mais en concert les pièces atteignent vraiment leur paroxysme, donnant envie de les revoir en spectacle dès que possible.
Nous c’était Nüshu, ensuite ça va être Crabou.
CRABE
Duo difficilement catégorisable qui n’a plus besoin de présentation, CRABE nous présente son nouveau long-jeu « Visite du temple inné » la journée même de son lancement sur la toile. Mertin (voix, guitare et claviers) se présente atriqué d’un sarreau de scientifique alors que son comparse Gabriel (batterie et claviers) de son côté arbore une grosse visière. La nouvelle galette est peut-être un peu plus calme en général que ce à quoi CBRAE nous avait habitué mais sur scène ce n’est définitivement pas un show tranquille auquel on assiste. Une pièce de décor bien couverte attire la curiosité du public jusqu’à ce qu’on le dévoile, il s’agit d’une sculpture-guitare-fontaine agrémentée de visages réalistes. Ce n’est pas seulement un élément décoratif, la guitare est réellement branchée et les deux musiciens s’alternent à en jouer.
Les deux camarades ont une chimie impressionnante et unique, par moments on croirait qu’il s’agit d’un duel musical où chacun essaie de surpasser l’autre en intensité. Ce qui impressionne également est la capacité de Gabriel à jouer de la batterie d’une main et du clavier de l’autre, rares sont ceux ou celles qui pourraient faire de même. Pendant ce temps Mertin navigue entre le confort de la scène et les moshpits dans le public, question de mettre la foule encore plus dedans .La sculpture-guitare-fontaine n’était pas le seul élément surprenant de ce spectacle, le guitariste sort une perceuse pour remplacer son plectre, ce n’est peut-être pas la façon la plus mélodique de gratter les cordes mais ça donne un méchant effet! C’est une prestation haute en couleur que CARBE nous a offert, fidèle à son habitude, avec plusieurs moments mémorables dont seul le duo est capable. Encore une fois c’est un album qui prend tout son sens lorsque joué en concert, l’attitude et l’énergie foncièrement punk du duo en est pour quelque chose.
Un double lancement d’une efficacité déconcertante avec deux groupes qui se complètent à merveille, vraiment une belle soirée punk. Le seul bémol serait l’affluence qui n’était peut-être pas à la hauteur, on sent un petit essoufflement du public pantoumien depuis le début de l’automne. Évidemment plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte sur la popularité d’un spectacle plus qu’un autre, mais il ne faut pas prendre nos lieux de diffusion pour acquis. Malheureusement, sans un achalandage constant, les salles vont avoir de plus en plus de difficulté à offrir des belles programmations. Dans ce cas, les absent.es auront manqué tout un party de lancement!
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