l i l a – n’oubliez pas les espaces entre les lettres
Feutrée, l’ambiance; juste, la voix; maîtrisée, la guitare. Je ne connaissais pas l i l a avant cette prestation à l’Impérial, le vendredi 20 octobre. On dit souvent que les premières parties ont comme devoir de réchauffer la foule; cette fois-ci, la jeune artiste veillait plutôt les flammes des chandelles brillant sur les tables disposées pêle-mêle sur le parterre de cette salle de spectacle que j’avais, jusque-là, toujours vue déchaînée. Sans doute le plancher était-il heureux de ce petit interlude posé, d’une chaleur cozy, automnale. Le spectacle, en formule acoustique, était assez tranquille, mais on sentait très bien – même si l i l a elle-même semblait en douter, répétant que plusieurs de ses morceaux sonnaient plus « intenses » avec un band – toute la maturité musicale de l’œuvre présentée. La dernière pièce jouée était d’ailleurs inspirée d’un poème d’Emily Dickinson, témoignant de la recherche de la musicienne, mais aussi de sa conscience de faire partie d’une grande collectivité artistique, et de son ouverture à s’y mêler, habilement. Autre témoignage de sa sensibilité artistique et de son souci du détail : elle a peint ou dessiné à la main les designs sa merch, entre autres des petits dessins et des t-shirts.
Gabrielle Shonk – traversez la pièce, c’est beau tout partout dedans
Affublé·es de leurs éternels vestons-cravates trop grands pour elleux, Gabrielle Shonk et les musiciens (Pierre-Emmanuel Beaudoin aux percussions, Raphaël Laliberté-Desgagnés aux claviers et à la guitare, et Joey Proteau à la basse) sont entré·es sur scène sous les acclamations d’un public qu’on sentait bienveillant et familier de Shonk. Comme elle est une fille originaire de Beauport, l’Impérial signifiait un bref retour à la maison et donc aux figures connues. Pourtant, les néophytes étaient là aussi, les oreilles grandes ouvertes et attentives. L’album « Across The Room », sorti il y a quelques mois déjà et rejoignant une quantité toujours grandissante d’auditeur·ices, était pour la première fois joué à Québec. Celles et ceux qui connaissent un peu la musique de Gabrielle Shonk mesurent son authenticité; en salle, c’est encore plus vrai. Composé durant la pandémie et une rupture amoureuse, on peut bien imaginer le ton de l’album. Pourtant, plein de messages lumineux ont émergé de ce concert aux chandelles. « La prochaine est sur les bonnes vieilles crises de panique que l’on fait tous », a dit Shonk en annonçant son morceau Remember To Breathe, « mais elle vous dit aussi que vous n’êtes pas seul·es et qu’on s’en sort ». La prestation de Out Of The Blue m’a aussi particulièrement émue, perchée que j’étais sur le balcon de l’Impérial. La puissance de la voix forte et sûre de l’artiste a fait bien plus que voyager « across the room »; elle transperce la pièce, l’englobe, s’envole et touche là où il faut. Accompagnée par les incroyables musiciens mentionnés plus haut, le résultat ne pouvait, de toute façon, qu’être impeccable, bienveillant, et s’inscrire sous le signe de l’amitié et, même, du care.
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