Mercredi 7 juin, L’Anti Bar & Spectacles proposait un triple plateau de voisins ontariens (Basement Revolver et Dearly Beloved) ainsi que des mississippiens Bass Drum of Death. Une soirée mêlant douceur, noise et punk garage.
Basement Revolver : la douceur
En toute honnêteté, je ne savais même pas que le groupe jouait ce soir-là. Ça m’apprendra à lire le titre de l’évènement correctement – merci aux membres du blog Maude et Luc. ce fut toutefois une agréable surprise.
Sans présentation, la formation menée par Chrisy Hurn (chant, guitare) joue les premières notes du spectacle. J’ai l’impression d’effectuer un retour dans les années 1990 avec la voix de Chrisy et ses intonations incroyablement proches de celles de Dolores O’Riordan des Cranberries. Sa voix unique, à la fois douce et puissante, nous transporte dans un voyage émotionnel profond. Musicalement, le claviériste et bassiste Nimal Agalawatte, le guitaritse Jonathon Malström, ainsi que le batteur William Fashion nous livrent de la dream pop alternative qui me fait penser dans une certaine mesure à Yo la Tengo.
Pendant un interlude, Chrisy nous fait part qu’elle est vraiment contente d’être ici, malgré le fait qu’il n’y ait pas foule (environ 30 à 40 personnes), mais c’est déjà mieux que les trois spectateurs présents lors de leur dernier passage à Québec. Le groupe mérite tellement une meilleure couverture médiatique. Les morceaux sont très envoûtants et la recette atypique de pop aux arrangements de claviers et guitares noisy est très efficace. On se fait transporter dans leur monde comme lors d’un bon morceau de Sigur Rós : c’est plein de vulnérabilité et d’intensité.
Bref, pour résumer mon expérience : Sub Pop, signez tout de suite ce groupe!
Dearly Beloved : le noise
Vient ensuite le tour de la formation Dearly Beloved. Composée de six musiciens dont Rob Higgins (chant, basse), Niva Chow (chant, clavier), Aaron Morrice (batterie), John Critchley (guitare), KT Lamond (guitare, chant) et Dave Casey (guitare, chant).
Dès les premières notes, l’excitation était palpable dans l’air. Le groupe est monté sur scène avec une présence imposante, prêt à enflammer la foule. Vous connaissez Tropical Fuck Storm? On est très proche de ce style pour vous donner un comparatif. On continue sur les chapeaux de roues avec les riffs sur la distorsion de John et KT, accompagnant les vocalises intenses de Rob et Niva qui s’engagent dans un dialogue mi-chanté, mi-crié.
Même si le groupe a sorti un nouvel album en janvier dernier, il ne me semble pas avoir entendu un seul nouveau titre, sans doute qu’avec autant de membres, il est difficile de pratiquer comme on veut. Comme c’était ma première fois, je ne suis pas mécontent d’avoir eu droit aux morceaux les plus populaires.
C’est donc Olympics of No Regard puisRace to the Bottom qui s’enchainent. On sent que le groupe a une grande expérience de la scène et sait comment faire bouger une foule avec leurs rythmes punk garage accrocheurs. Ça déménage en p’tit Jésus!
S’ensuit le morceau LSD commençant sur un rythme à la basse downtempo et intrigant puis accompagné de guitares lourdes et vrombissantes. C’est à ce moment précis que la foule se dégêne vraiment et commence à se déhancher.
Durant I Tried to Leave le batteur Aaron nous fait danser sur un rythme effréné pendant que s’opère un nouveau dialogue entre Rob et Niva. C’est intense et cela ne fait que monter en crescendo. D’ailleurs, Rob et Niva, armés de leur basse, cordes vocales et tambourine, sont maintenant rendu dans le parterre, histoire d’accentuer ce crescendo : le moshpit est maintenant bien établi.
Le groupe a vraiment de l’énergie à revendre et il sait comment la transmettre. C’est un très bon échauffement avant la dernière partie du tableau.
Bass Drum of Death : le punk-garage
Initialement et exclusivement formé en 2007 par le multi-instrumentaliste John Barret, le groupe de rock indépendant originaire du Mississippi est maintenant en formule élargie avec Jim Barret à la guitare et Ian Kirkpatrick à la batterie.
Là non plus, on n’a pas le temps de niaiser, le ton est donné avec la rythmique endiablée de I Wanna Be Forgotten tirée de leur album homonyme. Les paroles de la chanson sont très « ado rebelle » et collent parfaitement avec l’attitude punk.
La suite est délectable, c’est Nerve Jamming qui continue dans la même lignée punk sur rythme binaire de Ian. Leur premier titre tiré de l’indétrônable album « Gb City » : c’est une vraie bombe sonore!
Le groupe enchaine les chansons avec une énergie effrénée, ne laissant aucun répit au public. Le programme compte d’ailleurs 19 chansons pour une prestation d’une heure et quart, autant dire que l’étiquette punk-garage leur colle bien à la peau. Chaque note, chaque coup de batterie est exécuté avec une précision et une intensité captivantes. C’est comme si le groupe était en transe, transmettant cette énergie brute à la foule. Vous l’avez compris, la recette est simple et très efficace : deux guitares rythmiques, quasiment pas de solo et un batteur qui frappe sa vie!
Les morceaux se suivent et se ressemblent, mais c’est justement ça qu’on aime. C’est garage, sale, punk et ça déménage! Le morceau Spare Room sonne toutefois la mi-temps de cet aréna punk. Ils nous livrent donc des rythmes lourds très downtempo. C’est un moment très fort du spectacle, la guitare rythmique sur le trémolo répète les mêmes notes pendant que la guitare accordée dans les graves joue une ligne de basse vraiment très lourde : un véritable délice pour les oreilles.
Le spectacle se termine avec leur succès Crawling After You, la foule maintenant très réchauffée devient électrique et le moshpit est définitivement à son paroxysme.
Bass Drum of Death prouve qu’il est l’un des groupes les plus électrisants de la scène garage indépendante actuelle. Si vous avez l’occasion d’assister à l’un de leurs concerts, n’hésitez pas, vous serez emportés par la vague de sons bruts et d’émotions fortes.
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