Limoilou en musique, soir 2 : Anachnid, Les Deuxluxes, Élage Diouf

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En fin de semaine, notre équipe était présente lors de l’évènement Limoilou en musique qui annonce officiellement l’ouverture des festivités musico-estivales! Je suis donc sorti de chez nous en passant par les ruelles de Limoilou, jonchées de trésors du bazar laissés à l’abandon, pour me rendre à la place limouloise afin d’assister à un spectacle des plus éclectique.

Anachnid – Une « Cree » du cœur

Ce fut Kiki Harper alias Anachnid qui ouvre le bal. La chanteuse oji-cree nous offre d’abord une expérience immersive que l’on pourrait comparer à un mix entre l’album éponyme de Fever ray et Born To Die de Lana Del Ray. Emmanuel Alias au clavier et Jérémie Essiambre à la batterie électronique (drum pad) nous plonge dans un univers minimaliste aux sonorités envoûtantes, non sans rappeler toutefois les rythmiques autochtones.

Anachnid nous fait ensuite vibrer avec ses hurlements de loup teintés de sonorités primales et planantes.
Elle a plus d’une corde à son arc, tantôt sa voix est douce et tire vers les aiguës sur fond de mélodie berçante, tantôt, on dirait qu’elle s’est fait exorciser tellement sa voix est déformée et grave, le tout sur une rythmique trip hop au tempo très lent. Ses envolées vocales sont d’ailleurs très impressionnantes.

Durant un Interlude, elle introduit sa chanson America traitant des enfants autochtones isolés de leur parent en Amérique du Nord. Une chanson très poignante sur fond de tambour autochtone (ici au drum pad) ou la rengaine « they have taken my children away » prend toute la place et suffit à faire passer le message de désolation.

La deuxième partie sonne beaucoup plus pop. Pour reprendre les comparatifs, on serait plus proche des premiers albums de Tycho. C’est une artiste avec une véritable joie de vivre parlant ouvertement des thèmes de genres, de la culture ou encore du féminisme qui amène un véritable vent de fraicheur sur Limoilou.

Les Deuxluxes – Du rock solide

Vêtus de robe zébrée, lunettes fumées et toison « shaggé », Anna Frances Meyer et Etienne Barry font leur entrée sur scène. Le duo, tantôt franco, tantôt anglo, a des allures de White Stripes (inversé) tout en ayant leur signature rock’n’roll bien à eux!

On rentre tout de suite dans le vif du sujet avec du bon rock kitsch qui réchauffe la foule comme il faut. Il n’a pas fallu un morceau pour que la foule commence à se déhancher.

La température à l’extérieur affiche proche de 15 °C, mais la foule est bien réchauffée.

« Un petit vent de fraîcheur avant que ça commence à brûler », annonce Anna.

La formation nous offre alors des hits comme Springtime Devil ou Everything Of Beauty. Même s’ils ne sont que deux, cela sonne comme une tonne de brique, et ce, sans arrangement particulier. Tout est un parfait mix entre l’intense voix d’Anna, les mélodies rough et les riffs sur la distorsion : c’est garage à souhait, c’est ça l’essence du rock!

La place limouloise est maintenant jam pack, les enfants réussissent malgré tout à faire de belles parties de tag. C’est aussi ça Limoilou en musique, un évènement familial pour que chacun puisse découvrir ou redécouvrir la scène musicale locale.

Armés de leur flying V, batterie et d’une belle panoplie de guitares customs, les Deuxluxes nous livrent tout le long du rock lourd classique. On a même droit à un moment flûte, Anna, armée de sa flûte traversière, apporte une dimension planante au tableau.

La fin du spectacle redouble d’intensité avec les pièces No Way, Diable du printemps ou encore So Long Farewell : ça te rentre dedans tels les coups de pieds latéraux droits d’Anna sur scène. Je sors du spectacle vraiment impressionné par l’énergie et la performance du groupe.

Élage Diouf – La chaleur sénégalaise

Dans une autre ambiance, le Sénégal d’Élage Diouf s’invite sur la place limouloise.

On a droit à un set plus traditionnel « guitare, basse, batterie et clavier », accompagnant les inusités djembés et les paroles wolofs d’Élage.

La pièce Cool fine nice présente des rythmes reggaes amplifiés en intensité par les percussions. C’est très dansant malgré les couplets parlés qui ne font que redoubler l’intensité du morceau lors du refrain. La rengaine « cool fine nice » me reste dans la tête.

S’ensuit un solo de djembé. Il fait alors participer le public par applaudissements en rythme, la foule est très réceptive et participative. Durant la performance, s’improvise une piste de danse sur scène. Le bal est lancé par un ami du groupe qui se fait imiter par les spectateurs dans le public (on salue d’ailleurs la chanteuse des Deadly Cookies, Véronique Tremblay). Les impros de danse se suivent et l’ambiance est clairement festive.

Durant un court instant, je crois entendre une rythmique punk de batterie avec des sonorités celtes comme si Les Ramoneurs De Menhirs croisaient Tiken Jah Fakoly pour finalement revenir au registre reggae. Ce sont maintenant les enfants qui s’invitent sur scène pour un exercice de chant et de danse durant une reprise de Get Up Stand Up de Bob Marley chantée par le public : un beau moment.

Pendant la chanson Mandela, on pousse aussi la note avec le chanteur. J’ai rarement vu de show aussi participatif, enivrant et chaleureux. Élage Diouf descend même dans le parterre et demande à la foule de reculer (Oui de reculer, vous avez bien lu) afin de danser vers lui.

Le spectacle se termine avec une version reggae de Tassez vous d’là des Colocs. Le refrain, dont tout le monde a sa propre version plus ou moins bien improvisée, est en fait du wolof et écrite par Élage Diouf lui-même. La soirée se clôt donc sur cette bonne humeur très communicative et festive.

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