Après avoir manqué la première soirée de qualifications en raison d’un petit virus qui court depuis quelques années (bravo Charlotte Brousseau – jury et 2120 – public, en passant), nous revoilà de retour à Baie-Saint-Paul pour la deuxième soirée. Une soirée qui, sur papier, aurait pu être une finale n’importe quelle autre année du Cabaret.
Y’avait d’ailleurs énormément de fébrilité dans la petite salle (comble en maudit) du Cabaret Otis. Ça sentait les choix déchirants (oh que j’étais content de ne pas être sur le jury), parce que les prestations allaient toutes être bonnes.
Et elles l’ont toutes été. Tellement que selon nos sources, le vote du jury a été des plus serrés, et on a dû déterminer les gagnant.es de la soirée à partir de détails qui seraient pas mal insignifiants en temps normal. C’était serré de même, comme un photo finish où quatre coureurs franchissent la ligne d’arrivée dans le même dixième de seconde.
LYD.
La soirée a commencé avec le projet que je connaissais le mieux : LYD. J’écoute « EXIT » depuis sa sortie. J’ai assisté au lancement. J’ai vu la vitrine d’Ann-Lydia Plourde et son band de course pas plus tard que le lundi précédent. Pas besoin de vous dire que mes attentes étaient très élevées!
La grosse pop de LYD. se démarquait déjà du reste de la soirée, qui était plus axée sur le folk et le rock. Déjà un gros point pour l’artiste de Québec. Déjà, sur Tout renverser, les têtes dans la foule hochaient joyeusement et on a entendu quelques exclamations au refrain. Il est vrai qu’il est difficile de résister à la formule full band, avec Aubert Gendron-Marsolais à la batterie (qui drumme tellement mieux qu’une machine).
LYD. s’est lancée dans une sorte de Greatest Hits, proposant quelques-unes de ses chansons les plus entraînantes, et ça a manifestement marché. Dans une salle debout, avec un peu moins de monde, parions que ça aurait dansé joyeusement.
Seul problème, Ann-Lydia semblait un peu serrée sur la toute petite scène du Cabaret Otis. Celle qui se promène habituellement d’un bord à l’autre de la scène (et qui n’hésite pas à défoncer le quatrième mur au besoin) était prise dans un espace très restreint, et on a pu voir que ça l’a dérangée un peu. C’est un peu comme si on lui avait enlevé son arme de séduction massive avec laquelle elle aurait pu tous nous achever. Un détail vraiment insignifiant qui a malheureusement eu toute son importance dans cette soirée extrêmement serrée.
Bourbon
Deuxième tentative au Cabaret Festif pour David Bourbonnais et son projet Bourbon. Encore une fois accompagné d’une équipe de musiciennes (et pas n’importe lesquelles : Alex Guimond, Sarah Dion, Agathe Dupéré et Mélanie Venditti), le Montréalais était venu présenter son nouvel univers sonore.
Si quelques ennuis techniques sont venus miner le début de la prestation (le genre de trucs que tu veux pas voir dans une soirée comme celle-là, où chaque détail compte), le Montréalais s’est mauditement bien repris grâce à son aisance derrière le micro. Il en a vu d’autres, son band aussi, et les pépins se sont réglés dans la bonne humeur grâce à quelques bonnes blagues bien placées.
Interprétées avec brio, les nouvelles pièces de Bourbon sonnaient comme une tonne de briques. Y’avait déjà passablement de rythme dans son projet, mais il lui a ajouté un petit je-ne-sais-quoi, un petit groove qui nous a beaucoup fait taper du pied. Avec sa grosse voix qui ressemble parfois à celle d’un Philippe Brach qui se serait mis au soul, Bourbonnais a assuré, et avec son band, il nous a fait rêver à l’été, à ses chauds rayons et à toutes ses soirées à écouter de la belle musique rythmée avec nos meilleurs potes. Une évasion plus que bienvenue au beau milieu de l’hiver.
Sandra Contour
Si tu cherches comment t’assurer d’avoir le vote du public au Cabaret, ne regarde pas plus loin que la prestation de Sandra Contour, qui a été mon coup de coeur de la soirée. OK, avoir déjà vécu dans le coin et pouvoir inviter un paquet d’ami.es à remplir la salle, ça aide, mais je vous jure que ça n’a pas changé le résultat, parce que Sandra a mis tout le monde dans sa petite poche d’en arrière et elle est repartie à Québec avec.
Présence scénique incroyable, humour bien aiguisé, que ce soit pour des jeux de mots niaiseux (relisez son nom de scène à voix haute à quelques reprises) ou pour des calls un peu plus sérieux, textes solides dans lesquels l’artiste décrit son quotidien avec une poésie qu’on voit rarement, qu’elle parle de son manque de visite ou qu’elle nous chante une chanson faussement pas engagée, lignes mélodiques accrocheuses pas possible pour une artiste qui se contente d’un contrebassiste, d’une guitare et d’un vieux téléphone beige, et surtout, contact instantané et durable avec un public qui ne demandait qu’à entrer dans son univers, Sandra a été le total package.
En fait, ma seule réaction samedi soir, le seul mot que j’ai été capable de prononcer à la fin de la prestation de samedi, c’était celui-ci : « Wow! »
Pas étonnant qu’elle soit repartie avec le vote du public, qui vient avec une deuxième chance de passer en finale!
M’est d’avis qu’on va beaucoup revoir cette artiste dans les prochaines années. En tout cas, c’est qu’on souhaite à ce monde, qui ne pourra que mieux s’en porter.
Embo/Phlébite
Je vous avoue que j’avais TRÈS hâte de voir Embo/Phlébite. Le projet mené par Raphaël Léveillé propose une vaste palette sonore qui s’étend de la douceur à la douleur, et je me suis pas mal demandé comment ça allait sonner sur scène.
Eh ben, c’était exactement ce que j’avais rêvé, et plus encore. On aurait pu entendre une mouche voler pendant les bouts les plus tranquilles de la prestation, et on aurait pu partir quelques moshpits bien baveux pendant les moments les plus entraînants. Entre les deux, y’avait du dansant, des expérimentations, des textes pince-sans-rire, toutes sortes de choses qu’on aime voir dans une prestation au Cabaret.
Non, Raphaël n’est pas la plus grande bête de scène de la soirée, mais la qualité de l’exécution, qui mélangeait précision métronomique et tempête d’émotions, nous a transporté.es quelques minutes dans un univers unique où tout est permis. Y’avait beaucoup d’yeux fermés accompagnés d’un sourire dans la salle, signe qu’une centaine d’éponges se gorgeaient d’un jus créatif fort apprécié.
Un parcours sans faute dans une soirée où la moindre petite défaillance pouvait être fatale. C’était suffisant pour le jury qui, après de longues délibérations, a choisi Embo/Phlébite comme projet gagnant de la soirée. Léveillé et sa gang rejoignent donc Charlotte Brousseau à la finale du 1er avril (qui commence à avoir l’air d’une des plus grosses finales de l’histoire du Cabaret Festif).
La prochaine soirée de qualifications aura lieu le 11 mars, toujours au Cabaret Otis de Baie-Saint-Paul. Avec Lilas l’bon temps, Cayenne, Anne Painchaud et Pataugeoire, on s’attend à une autre soirée des plus relevées. On nous dit qu’il reste encore une poignée de billets, perdez pas trop votre temps, ça va certainement se passer à guichets fermés!
Galerie photos