Ariane Roy au Pantoum : une soirée vraiment « spiciale »

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Quand on a appris qu’Ariane Roy avait été sacrée « Révélation de l’année » au dernier gala de l’ADISQ, on est partis à rire. Pas parce qu’on croit que cette accolade n’était pas méritée, bien au contraire, Ariane mérite tous les spotlights qu’on peut braquer sur elle. Non, on a ri parce que pour nous (et bien des gens de Québec), Ariane n’est pas tant une révélation qu’une valeur sûre qui n’attendait que son break pour charmer la francophonie au grand complet (jusqu’en Suisse).

Au tout début de sa carrière, l’autrice-compositrice-interprète de Québec se fait tout simplement appeler « Ariane ». Passage obligé à L’Ampli de Québec, comme bien d’autres artistes de sa génération. Habituée de la scène Fibe au Festival d’été de Québec (2018, 2019), on la croise aussi en formule ultra-intime à la Librairie Saint-Jean-Baptiste. Finaliste aux Francouvertes et au Cabaret Festif. Comme tout le monde, on note de nombreuses similitudes avec sa grande chum Lou-Adriane Cassidy, mais ça ne durera pas. Ariane va trouver son propre filon, tout d’abord avec « Avalanche, n.f. », puis avec son premier album « Médium Plaisir », sorti plus tôt cette année et figurant sur de nombreux palmarès des meilleurs albums de 2022 (sera-t-il sur le nôtre? vous le saurez la semaine prochaine).

Vous comprendrez donc qu’on avait hâte de voir Ariane faire son retour triomphal à la maison, devant les siens, et on a eu la chance de vivre ce moment le 24 novembre dernier au rez-de-chaussée du Pantoum.

Après une longue attente (la gang du Pantoum a été prise par surprise par la longueur de la file au vestiaire), les lumières s’éteignent et le groupe monte sur scène. Et quel groupe! Sérieux, qui ne prendrait pas Odile Marmet-Rochefort, Vincent Gagnon, PE Beaudoin, Dominique Plante et Raphaël Laliberté-Desgagné dans son équipe?

Vêtue de blanc, comme un ange sous son auréole, Ariane se lance, guitare à la main et couteau entre les dents, dans une interprétation particulièrement lourde et vitaminée de Tu voulais parler. Le ton était donné, ce show va être très spicial en effet, et la foule enthousiaste ne se fait pas prier pour danser comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Et c’est comme ça qu’a commencé un set très généreux de 17 chansons qui a permis au public de voir de nombreuses facettes d’Ariane. Que ce soit avec la très soul Apprendre encore ou la douce Banc de parc (tsé, celle que tout le monde appelle C’est pas la fin du monde), qu’on rocke pas mal plus que sur l’album sur l’excellente Tu as le droit ou qu’on se laisse aller doucement en visitant Le paradis de l’amour, l’aiguille du plaisir dépasse amplement la ligne du médium. Les contrastes sont saisissants, et Ariane se promène dans chacun de ces univers sonores de la même manière qu’elle essaie du linge à la friperie du coin : tout lui va comme un gant. De cuir, de velours, de laine, whatever, ça lui va à ravir!

Bien sûr, qui dit show spicial dit au moins un invité surprise. On en a eu deux : le premier, c’est Valence qui est venu chanter une petite toune, question de montrer que les deux artistes, qui se sont affrontés dans un trio de la mort avec Narcisse aux Francouvertes 2020, ne sont plus en guerre (on l’espère, sinon j’aimerais pas être Raphaël). Intitulée Charlie, la chanson nous a montré deux complices qui ont du fun ensemble et qui fitte bien dans le répertoire de chacun. Ne vous surprenez pas de voir Ariane faire un tour à un show de Valence et vice versa. Ça marche juste bien.

La deuxième, et ça Montréal ne l’a pas eue, c’est Lou-Adriane Cassidy qui est venue accompagner Ariane sur Fille à porter. Ici aussi, il y avait beaucoup de complicité, mais au lieu de la sagesse et de la retenue qu’on pouvait ressentir avec Valence, on a eu droit à un immense moment de folie qui s’est étendu sur toute la grande salle de la rue Saint-Vallier. On le sait, au fil du temps, Lou est devenue une méchante bête de scène et même si Ariane fait généralement preuve d’un peu plus de retenue, ici, elle se lâchait lousse. Et la foule qui criait le refrain à tue-tête, comme une espèce de catharsis libérateur.

Voir les deux reines de la pop de Québec sur une même scène, c’était quelque chose dont on va se rappeler longtemps.

Un autre moment attendu d’un show d’Ariane, c’est le moment de la reprise (qui va probablement prendre le bord un moment donné). Elle m’a déjà fait pleurer en chantant du Francine Raymond, mais là, c’est du Sylvie Daviau qu’elle a interprété.

SYLVIE QUI?

Sylvie Daviau, interprète du gros hit des années 1980 Trop d’beaux gars. Vous connaissez pas? Allez écouter ça sur les YouTubes tout de suite!

Anyway… Ariane et Odile nous ont interprété ce gros succès le sourire aux lèvres avec deux danseurs un peu trop beaux (quoiqu’il y avait un des crottés d’Élégie). Sérieux, on va s’ennuyer de ces moments quand Ariane va avoir assez de matériel pour faire un show de 17 tounes sans reprises (elle est mauditement pas loin, il lui en manque juste une).

On a aussi eu droit à quelques apparitions d’un gorille. Et c’est vraiment tout ce qu’il faisait. Il arrivait, il regardait, il repartait comme il est arrivé.

Oh, et avant que j’oublie, tant qu’à avoir Ping Pong Go dans son band, Ariane s’est dit qu’on pourrait avoir un petit moment gamer jazz dans son show spicial, et vlà mon Vincent qui s’en va jouer de la musique avec ses rayons laser (on en profite pour vous dire que Ping Pong Go est au Pantoum le 16 décembre prochain pis que ça va être bon).

Finalement, est-ce que c’était bon? Oui. C’était excellent. Mais on s’y attendait! Ariane ne fait pas les choses à moitié, même dans une vitrine de 20 minutes, alors imaginez pendant un spectacle d’une heure et demie! OK, ça ne sera pas tout à fait aussi spicial au Petit-Champlain le 18 février prochain, mais ça n’a pas besoin de l’être! Pas besoin de gorille, de lasers, de duos avec un moustachu qui fait du yacht rock. Ça prend juste de la musique, un bon band… et une Ariane en forme.

Allez donc la (re-)voir, vous ne le regretterez pas. Parole de Louveteau!

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