Retrouvailles helvétiques pour et avec Ariane Roy

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Le 17 novembre 2022 se terminait la courte tournée européenne de notre géniale révélation de l’année Radio-Canada (NDLR : et du dernier gala de l’ADISQ) à mi-chemin entre Lausanne et Genève, dans une salle assez mythique : La Parenthèse, à Nyon, est une ancienne cave à vin, qu’occupe sans doute une bonne poignée de fantômes médiévaux aux nez avinés et aux joues rougeaudes (si c’est possible pour des fantômes?), reconvertis par nécessité en mélomanes aguerris. Car La Parenthèse accueille depuis 2008 des tonnes de concerts gratuits par année, concerts de groupes en tout genre et tout horizon. J’ai l’impression d’être tombée sur un espèce de Pantoum suisse, mais à l’opposé sur l’axe vertical, sous terre plutôt que dans les vapes aériennes des odeurs de patates frites (du moins, à l’époque où le Coin de la patate était encore en vie… Nostalgie soudaine).

En tant qu’expatriée à Lausanne depuis quelques mois, la musique québécoise en live me manquait beaucoup (même la musique franco : les Suisses romands ont cette curieuse manie de chanter en anglais bien que leur langue maternelle soit, évidemment, le français). L’annonce du concert d’Ariane Roy a été un baume sur mon coeur alangui, et j’ai réussi à convaincre quelques ami·es lausannois·es à venir assister à sa performance.

Retrouvailles, donc, pour moi ; retrouvailles avec le Québec, avec la scène québécoise qui me manque tellement ici. D’ailleurs, avec Ariane avait voyagé un bouquet de fleurs bien connues de nos champs musicaux : le fameux Dominique Plante à la guitare, basse, choeurs; la sylvestre Odile Marmet-Rochefort au synthé et aux choeurs; l’incontournable Vincent Gagnon aux claviers et le super remplaçant Thomas Sauvé à la batterie.

Retrouvailles aussi pour Ariane avec la Suisse, car elle a dit être déjà venue en sol helvétique pour chanter, toute jeune, avec une chorale ; aussi parce qu’elle a reconnu, dans l’assistance, un ancien pote de ladite chorale, vivant désormais à Lausanne (quand on dit que Québec c’est un gros village, je sais désormais que la formule est valide même outre-mer).

L’assistance, variée, s’est laissé séduire. « On voit par son énergie et sa confiance presque intimidante qu’à Québec elle est une vraie rock star », « Quelle perfo incarnée », « J’ai adoré du début à la fin » sont des phrases que j’ai entendues à travers la salle, avant, pendant ou après le super moment de danse que le groupe a provoqué avec Kundah. Et ce n’est pas facile de réchauffer le public suisse qui est souvent (sans rancune les copain·ines) assez frileux et difficile à faire bouger. Mais cet engouement n’était-il pas finalement tellement certain, considérant le génial répertoire qu’a créé Ariane à travers son plus récent album « Medium plaisir » et l’efficacité de ses mélodies et paroles ? Après avoir clos le spectacle sur sa chanson qui me touche sans aucun doute le plus, Fille à porter, le band, satisfait de la tournure qu’a pris leur good-bye kiss à l’Europe, est venu discuter avec nous dans la salle, intime et brûlante.

Thanks for a wonderful evening, comme dit si bien l’un des nombreux mémos écrits au crayon feutre sur la voûte de la cave. Je me suis sentie à la maison, tellement fière de voir la musique québécoise rayonner en Europe, tellement heureuse de la partager à mes nouvelleaux ami·es.

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