C’est un Maelstrøm Saint-Roch complètement bondé qui recevait Allô Fantôme le 9 novembre dernier. Il y avait de quoi de satisfaisant à revoir ce lieu aussi vivant pour une soirée de musique. On retrouve définitivement un climat chaleureux, une sorte de proximité avec les artistes, typique à ce café-bar de la rue Saint-Vallier Est.
Si le lieu est parfait, l’absence de scène surélevée l’était un peu moins. En effet, les huit musiciens étaient tous à la même hauteur que le public et Samuel Gendron, porteur du projet, était assis devant son clavier. En d’autres mots, si la nature ne vous a pas donné le code génétique des grandes personnes, vous n’y voyiez pas grand-chose. Ajoutons à cette contrainte que l’éclairage était assuré par quelques lampes tout au plus. Si dans la caméra c’était un calvaire, l’ambiance nous projetait néanmoins dans un état de familiarité des plus appréciables.
Malgré tout, qu’on assiste avec nos yeux ou qu’on soit limités à ce que percevaient nos oreilles, le spectacle livré par Samuel et sa grande équipe était des plus entraînants. Sur les plateformes, on trouve jusqu’à présent cinq titres, dont quatre qui figurent sur un premier microalbum éponyme. Les ingrédients pour convaincre de la pertinence d’Allô Fantôme sur la scène musicale émergente y sont amplement suffisants. La proposition est accrocheuse et les mélodies recherchées. Du wurlitzer, du glockenspiel, des synthétiseurs, de la flûte traversière, du saxophone et de nombreuses percussions viennent consolider des trames musicales complètes. Si l’abondance est constante, jamais nos oreilles ne se retrouvent saturées. Tout est une question d’équilibre.
La musique d’Allô Fantôme n’est pas sans rappeler d’autres formations qui font monter autant de personnes sur scène. La pièce Sur la pointe de pieds, par exemple, rappelle le travail des excellents Comment Debord. D’ailleurs, on retrouve dans la voix de Samuel des similitudes avec celle de Rémi Gauvin, chanteur de cette formation de Montréal. Gendron a également joué auprès de Efy Hecks et de la nouvelle mouture full band de Mort Rose. Cela s’entend, certes, mais le projet conserve son caractère unique. Juste et singulière, la voix de Samuel participe grandement à cette différenciation. Le flot de ses paroles est fluide et tout aussi musicalement enrobé que les orchestrations du projet.
Si le défi de mener un projet aussi complexe sur scène est grand, la qualité musicale était autant présente en live que sur les enregistrements. Pour ceux qui avaient la chance de voir Samuel assis devant son synthétiseur, ses nombreuses expressions faciales ajoutaient définitivement un côté théâtral à la performance. Le projet étant encore jeune, le court programme a filé en un temps record, mais s’est révélé bien assez long pour faire danser l’assistance visiblement conquise. Espérons que ce passage au Maelstrøm aura suscité l’attention des spectateurs et que la formation reviendra sous peu pour nous initier à de nouvelles pièces.