Lancement Saints Martyrs et Chârogne : Une soirée de dur à queer

PAR

Grande messe « Mythologie de dernier recours » pour Saints Martyrs et cri primal avec Chârogne!

Grosse fin de semaine pour Le Pantoum qui commence avec le lancement des Saints Martyrs et de Charôgne! Beaucoup de beau monde était présent avec une tendance tirant sur le punk flamboyant et les T-shirts noirs. Des coiffures défiant la gravité étaient aussi de mise, avec des touches de rose et de jaune savoureuses ainsi que des pics vertigineux à faire pâlir le Mont Sainte-Anne.

Chârogne

Le show n’avait pas encore commencé que déjà la fumée envahissait la scène en flottant au travers de la lumière rouge pour un effet des plus spooky.

En habits flashs, tutu rose, porte-jarretelle, perruque et casque en cuir, puppet dog fury, les genderfuck punk de Chârogne sont venu.e.s nous réveiller d’entre les morts après une longue absence de six ans dans la capitale. J’avais par ailleurs mis mon plus beaux boobtape pour célébrer leur grand retour et me sentir comme le porte-étendard de leur chanson J’peux pas montrer mes seins.

Catherine Jeanne-D’arc au chant et à la guitare (iel\elle\il en alternance) Nas Ganon à la guitare (iel), Jonathan Franken à la basse (iel, elle\il en alternance) et Sara Blair à la batterie (elle) ont rapidement ensorcelé les spectateurs avec leurs paroles ancrées dans les combats sociaux et le féminisme.

Chârogne c’est avant tout une ode à la révolte par son univers coloré et poétique. Entre la chanson, le scream et le spoken word cet univers était queer, trashy, sensuel et surtout fabuleux avec ce côté théâtral prenant à partie le public avec fougue. Les rythmes de la musique étaient rapides et la distorsion ajoutait un velours catchy où une certaine rondeur des notes était présente. De son côté, la voix de Catherine se perchait, cinglante, impitoyable et aiguisée, puis se susurrait dans une poésie brutale, pleine des vérités qu’elle délivrait.

Catherine Jeanne-D’arc s’enflammait sur la scène du Pantoum et se mêlait volontiers aux spectateurs pour moshpiter. Une colère qui contaminait étrangement par sa bonne humeur, c’était un partage de libération et de férocité. La convergence des luttes et de nos voix, ensemble, le temps de hurler Féministe frustrée et autres chansons de l’album « Mange Moi » comme un cri primal indispensable.

Se défouler n’aura jamais été aussi joyeux qu’avec Chârogne.

Saints Martyrs

Lever de rideau pour le lancement très attendu des Saints Martyrs pour « Mythologie de dernier recours » et sa thématique enfer du paradis.

Le théâtre continuait avec une mise en scène d’apocalypse, Frère Foutre à la voix, Souffrance à la guitare, Anonymous Bosch aux claviers et Alpha Vil à la batterie étaient prêts à nous repentir. La couleur pimpante post-punk de Chârogne laissait place au sombre punk grunge des Saints Martyrs où masque de la peste, maquillages morbides et habits noirs prenaient d’assaut le visuel.

Première interaction, provoquant un certain ébranlement, le chanteur Frère Foutre confrontait certains spectateurs, s’approchant et scrutant de près leurs visages avant de rejoindre la scène. Sous l’unique lumière, ses habits de prêtre et ses plus belles bottes de cuir plateforme, il nous dévisageait stoïquement avant de pousser un cri déchirant de goule.

Chien de garde ouvrait la grande messe avec l’incroyable Rox Arcand et voici que nos prières étaient exaucées. La théâtralité était ici poussée jusqu’au bout, Frère Foutre se ligotait avec le fil de son micro pendant que Souffrance sautait dans le tas avec sa guitare. Le chanteur et le guitariste se garochaient dès que possible dans la foule, jouant au passage avec l’unique lumière rouge pendue au plafond. Merveilleuse idée pour habiller la scène et renforcer la lourdeur du visuel. Un son où le scream habitait en maître, les sonorités punk avaient cette teinte gothique, cette touche encore une fois du spoken word avec des paroles intimes et anxieuses presque chuchotées. À la manière d’une prophétie sur nos propres apocalypses et notre propre purgatoire.

Il y avait cet effet particulier tragi-comique et cette angoisse délectable dans la dramatisation des musiciens rendant la présence des musiciens imposante.

Après l’enfer, le paradis, le chanteur dans une magnifique poésie nous crucifie par son écoanxiété, toujours avec cette touche emo-gothique parsemant le punk. Dans son plus beau harnais de cuir BDSM et bas résille, Frère Foutre met son âme et son corps à nu et soudain le paradis prend une coche de chaleur.

Entre mythologie personnelle et universelle, il y avait une grande sensibilité et une intelligence émotionnelle qui se dégageait tout autant des groupes, que de la mise en scène ou encore de la marchandise proposée.

En effet, je me suis gâtée all dress avec la merch, entre l’araignée vaginale du T-shirt de Chârogne et son album de pièce de viande trônait l’incroyable pochette de Catherine Hélie-Harvey pour le vinyle « Mythologie de dernier recours » des Saints Martyrs. C’est bien la première fois qu’il n’y avait aucun scrupule à dépenser sans compter et d’investir nos capitaux dans leurs futurs projets.

Puisqu’à défaut de sauver l’humanité, nous célébrerons ensemble nos combats et nos déclins absurdes.

VOUS CHERCHEZ QUELQUE CHOSE?