Plateau double au Pantoum
Bien installée avec ma pizza hawaïenne du Salvatoré au Pantoum (ma nouvelle tradition n’en déplaise aux haters d’ananas) je suis allée me prendre une bonne dose d’énergie qui brasse avec worry et UUBBUURRUU.
Ne le cachons pas, nous avions cruellement besoin d’énergie. Pour beaucoup, mai était déjà brûlant, mais voici que juin nous mettait à genoux et je fais pour ma part du déni sur juillet et août à venir. Le public, plus dissipé qu’à l’habitude, avait un certain amorphisme dans son énergie et je m’y inclue volontiers. C’était donc une soirée étrangement calme, comme un rechargement de batterie par le rock pour toffer la run.
Worry
Pour leur troisième fois en full band, worry alias Kerry Samuels (lead vocal et guitare), Joey Proteau (guitare), Laurence Gauthier-Brown (basse), Simon Choquette (batterie) et l i l a (chœurs) étaient présents pour nous faire valser entre dissonance – avec les titres du maxi « ISOLATED // TO LOVE » – et sonorités étonnamment groovy – avec les pièces du EP « after something ».
Dans un look aussi 90s que leur musique, worry nous a livré un indie rock éthéré et grunge qui commençait la soirée en puissance. Avec son côté naïf se heurtant à une mélancolie lucide, les rythmes lents et planants laissaient place à un déchaînement. Toujours avec les finales en force du chanteur à la guitare qui font, pour moi, sa marque visuelle autant que sonore.
Visuellement, tous avaient soigné leur look pour une agréable « attitude » rock bad ass : gilets blancs, jeans, collants résilles et shorts homemade. Le chanteur avait un détail qui a attiré mon attention: une magnifique sangle avec des broderies de fleurs colorées très délicates. Un joli clin d’œil visuel à l’image de leurs rythmes entre mélancolie punk et rock assumé. La vibe alternative et shoegaze de worry fittait parfaitement avec le mood emo du public.
We are Worry, we have merch !
Le chanteur à l’attention du public
Kerry Samuels nous a partagé son émotion, il était spécial pour lui de se retrouver au Pantoum, comme quoi il y avait plaisir de jouer dans cette salle si importante pour la communauté artistique et les mélomanes. Le chanteur attendait ce moment avec fébrilité et c’est avec gratitude qu’il a remercié les incroyables humains qui rendent le Pantoum emblématique de la culture locale.
Parlant de culture locale, le groupe a fait paraître un premier clip pour la chanson ISOLATED, entièrement réalisé par Kerry Samuels, avec l’aide de l i l a pour la captation et de Catherine Robitaille (incroyable, que dis-je, grandiose artiste en arts visuels et médiatiques) pour l’animation et le montage.
On y retrouve ce visuel presque horrifique et très onirique sur fond d’angoisse qui teinte aussi la musique de worry. Très autobiographique, la chanson comme le clip traduisent bien les inner demons et cette folie qu’il y a dans la réclusion et la solitude pesante.
Une intimité et une proximité avec la psyché du chanteur qui approfondit sa musique.
Pendant la pause, où on cherchait à se réveiller à coup de bière, du Gus Englehorn jouait le temps d’une caresse musicale, comme un doux rappel à la soirée du bar le Scanner ou worry était de la partie. Les marches de pâtés de maison et les cigarettes allaient de bon train. Les spectateurs étaient toutefois unanime: ce qui se passait sur scène était de grande qualité et tous avaient hâte à la suite du programme.
UUBBUURRUU
Débarquant avec les chansons de leur dernier EP éponyme « UUBBUURRUU », Joé (vocales), Sam (guitare), Pat (Guitare), Chub (claviers), Vick (basse) et Max (batterie) nous ont livré leur rock métal stoner avec une douce brutalité. Les six musiciens offraient un beau visuel classique, un peu motard/bums aux grands coeurs : cheveux longs, bérets, tous de noirs vêtus des skinnys juqu’aux coats de jeans.
Toute livrée avec la même intensité décoiffante, la musique nous rentrait dedans pendant que nous flattait la belle voix du chanteur qui pointait dans les aiguës avec beaucoup de maîtrise. Une belle voix claire, très planante et catchy, donnant un côté psychédélique aérien à l’ensemble. Malgré la mollesse du public, les musiciens était féroces dans leur présence et, dès la chanson Cosmic Cannibalism de leur EP « Swamp Ritual », la torpeur semblait devenir moins paralysante.
À partir de ce moment-là, la musique ne nous lâcherait plus avec sa puissance, l’attitude du chanteur crinquant les plus éveillés à l’avant de la scène. Mimiques provocantes et cheveux se propulsant dans l’espace jusqu’en enfer avec Spacecraft To Your Dreams suivie de Feel Alright In Hell.
Il y a vraiment un côté cult classic, Hard Rock et Heavy Métal entre les rythmes et la voix d’UUBBUURRUU. Un esthétisme à la Métal hurlant dans le visuel. Macabre tout en restant très clean, c’est un renouveau contemporain qui fleure bon la nostalgie de l’âge d’or du style musical à l’américaine fin 60s et qui reste près des codes plus classiques des années 70 début 80.
La lourdeur du stoner rock vient agréablement jouer avec les sonorités plus psychédéliques et avec l’onirisme de la voix. Tout s’harmonise et se complimente dans cet amalgame. Du début à la fin, l’album comme la prestation live donne cette même énergie qui ne déroge pas beaucoup dans la nuance, mais qui reste d’un bloc, fonçant dans une course folle qui sent bon l’apocalypse.
La soirée finira comme elle a commencé, c’est-à-dire en puissance avec la chanson Pentagram et ses riffs en rafale.
Pas de rappel pour les spectateurs, mais plusieurs d’entre eux partiront avec la fameuse merch, dont le photographe Léo Moffet qui m’a grandement influencée dans le vice et dans l’achat d’une veste pantoumienne.
T’es vraiment influençable Mona !
Léo Moffet pendant que j’hésite vivement entre le hoodie et la veste du Pantoum.