La 7e édition de la Commission brassicole de Saint-Casimir, organisée par la Microbrasserie Les Grands Bois, nous avait accueilli-e-s avec une soirée d’ouverture bien festive où se sont succédés Odeur de Swing, Le Couleur, Choses Sauvages et Les Louanges vendredi le 17 juin dernier (pour en lire le compte-rendu, c’est par ici!). Les samedi 18 et dimanche 19 juin, on nous a amené complètement ailleurs, tout en gardant le plaisir (et la bière) au menu. Compte-rendu de cette aventure festivalière – partie 2 – avec au menu Bermuda, Les Lunatiques, The Blaze Velluto Collection, Coyote Bill et bien plus encore!
Samedi 18 juin – parcours choisis ton aventure
Dès 13h, le site de la Commission brassicole s’est mis à s’animer. Entre le froid et la pluie intermittente, on pouvait apercevoir le sourire réconfortant de celles et ceux qui étaient arrivé-e-s tôt pour débuter leur dégustation en explorant les kiosques tenus par une vingtaine de microbrasseries, une cidrerie et une distillerie. Autour, quelques enfants qui jouaient et des animations de rue colorées. À l’intérieur de la grande salle de la microbrasserie, le cirque Nez-à-Nez charmait les petits et grands.
De notre côté, on a commencé la journée avec une sieste musicale au Café Ringo: organisées par le collectif Les Incomplètes, ces moments de calme et de douceur mettaient en scène Dania Ortmann (voix) et Jasmin Cloutier (guitare acoustique, voix). Devant les yeux curieux, fatigués ou joueurs des enfants comme des parents, tous installé-e-s confortablement par terre sur des coussins, le duo a présenté différentes œuvres du folklore américain aux couleurs folk, blues et bluegrass. Leur performance sans prétention, où les histoires sur la musique accompagnaient des chansons choisies avec soin, donnait l’impression de passer un moment en famille, en toute complicité.
De retour à l’extérieur, il était temps pour nous de nous dégourdir les jambes et de goûter à quelques bières au chaud, sous le grand chapiteau des microbrasseries. D’ailleurs, il n’y avait rien de mieux pour se remettre sur le piton que le trio de jazz impro qui, situé au centre de la tente, groovait pas à peu près. Composé de Martin Lizotte (claviers), Marc-André Landry (basse) et Kevin Warren (batterie), l’ensemble pigeait dans les influences jazz plus modernes pour créer des compositions entièrement improvisées où se mêlaient aussi parfois d’étonnants détours vers le rock psychédélique, le métal, le boogie ou encore le reggae. On aurait vraiment dit que la magie opérait sous leurs doigts, surtout considérant que les musiciens n’avaient apparemment jamais joué ensemble avant ce jour-là! Bref, quand on était sous le chapiteau, l’ambiance y était aussi.
Vers 16h30 la scène principale a été prise d’assaut par Bermuda et ses musiciens: David Osei Afrifa (claviers), Émile Farley (basse), Alexis Gagnon (batterie) et Justin Saladino (guitare). La chanteuse enjouée, à la voix RnB, déclamait ses chansons avec verve sur des airs qui louvoyaient entre le funk, le rap et la pop. Aussi ludiques qu’engagées, ses compositions abordaient des thèmes variés comme le fait que tout le monde a un Beach Bodé ou bien encore que c’est ben chill de sortir danser sans vouloir frencher. De quoi mettre un peu de soleil dans la journée grise, pour le plus grand plaisir de tous les ponchos imperméables qui étaient là.
Un tour de magie – ou un tour aux kiosques de bouffe – plus tard, et puis c’étaient Les Lunatiques qui commençaient en force avec J’ai le goût d’une slush: yéyé dans sa composition, garage dans ses arrangements et punk dans son esprit. Ça pouvait donner une idée de l’univers éclaté des Lunatiques, une bibitte de Québec menée à la barre le multi-instrumentiste Antoine Bourque (voix, guitare) et poussée avec brio par François Pelletier (batterie), Simon Guay (basse) et Ariane Roy (qui n’était pas sur les planches samedi car elle jouait aux Francos de Montréal). Le groupe a présenté des pièces tirées de ses deux derniers albums ainsi que quelques nouvelles compositions aussi savoureuses que les précédentes.
Entre deux spectacles, une autre incursion dans l’univers des bières: dans le chapiteau, les festivaliers commentaient les différentes broues dégustées: « Savais-tu qu’il y a de la Auval? C’est Les Grands Bois qui la servent! » ou encore « J’ai goûté à la Bicycle jaune! Est ben bonne! ». Y allant des suggestions des uns et de l’enthousiasme des autres, il y avait de quoi se faire un bon parcours individualisé. Et si certaines microbrasseries présentes étaient déjà bien connues à Québec ou à Montréal, la Commission a aussi permis fait une place à des brasseries plus locales comme la Ferme du Tarieu (Sainte-Anne-de-la-Pérade) ou encore la Distillerie du Quai (Trois-Rivières).
Les couleurs sont revenues dans le ciel juste à temps pour The Blaze Velluto Collection, un autre groupe de Québec cette fois-ci composé de Blaze Velluto (voix, guitare) et Little Miss Roy (voix), accompagné-e-s par Timothy Luke Dawson (basse), Antoine Bourque (claviers, bongos, percussions, c’est le même que tantôt oui) et Jean-Etienne Collin Marcoux (batterie, percussions). Aguichant le public avec Sirens, une composition aux couleurs flamenco qui monte graduellement en intensité, les musiciens ont su attirer les spectateur-ice-s au devant de la scène malgré la fraîcheur. On était prêt-e-s à danser pour chasser le froid et célébrer la fin de la pluie, et c’est exactement ce que The Blaze Velluto Collection nous a permis de faire avec son rock chaleureux et vintage habité d’animaux et pailletté d’extravagance.
Ayant mis de l’avant l’aspect familial de la Commission brassicole toute la journée, les organisateur-ice-s n’ont pas oublié de terminer l’expérience en beauté pour les petits avec un spectacle de jongleur-euse-s et de cracheur-euse-s de feu! Le spectacle a semblé plaire aussi à de nombreux adultes qui, comme les enfants, se tenaient la bouche ouverte devant les artistes de feu, retenant leur souffle quand ceux-ci effectuaient leurs cascades les plus risquées ou riant quand ceux-ci faisaient des clowneries.
Que dire de la finale musicale, assurée d’une main de maître par Coyote Bill? Se réunissant assez rarement, le super-groupe qui roule sa bosse depuis un moment a déjà laissé sa marque dans les esprits de plusieurs mélomanes et musicien-ne-s de la relève, se démarquant par son groove et sa créativité. Samedi soir, on pouvait compter sur scène Olivier Bélisle (guitare), Benjamin Vigneault (batterie), Hugo Chaput (basse), Martin Lizotte (clavier, synthétiseur et drapeau de signalisation), Charles Papasoff ( saxophone), Édouard Touchette (trombone, en remplacement de Mathieu Van Vilet), Mario Allardand (saxophone alto) et David Carbonneau (trompette). De quoi concocter un cocktail festif de fin de soirée pas pire pantoute!
Présentant les compositions qui figurent sur leur album homonyme (2012), le groupe improvisait aussi visiblement pendant plusieurs moments du spectacle, offrant des soli endiablés au public ébahi, le tout dans un véritable esprit jazz. Les signatures temporelles atypiques de plusieurs pièces – que ce soit 7/4 ou 13/8, en gros des temps difficiles à compter – semblaient pointer vers des influences rock progressives qui se voyaient aussi dans les arrangements ou encore dans la virtuosité du jeu des interprètes. Comble du fun, le claviériste Martin Lizotte (oui, le même que dans le chapiteau des bières) faisait office d’entertainer en offrant au public différentes manières d’interagir avec le groupe. Comme quoi jazz et dance battle pouvaient vraiment aller ensemble!
La soirée s’est poursuivie jusqu’aux petites heures du matin avec les DJ de la grande salle – les mêmes que la veille – qui ont cette fois donné à l’ensemble de leur set des couleurs latines où prédominait la cumbia. On a pu danser comme s’il n’y avait pas de lendemain… ou presque! Parce qu’il y avait bien un lendemain, avec son lot d’aventures pour clore la Commission brassicole.
Dimanche 19 juin – harmonies colorées
Le parvis de l’Église Saint-Casimir brillait sous le soleil à 10h30 tandis que les vaillant-e-s festivalier-ère-s et les motivés de la population locale prenaient un café en attendant le début du Concert de chant gospel sud-africain. Situé à l’intérieur de l’imposante cathédrale, le spectacle était livré par une cinquantaine de choristes de l’Atelier d’harmonies de Québec. Leurs vêtements colorés reflétaient bien l’atmosphère des chants présentés, qui étaient majoritairement des œuvres liturgiques des cultures zouloue, sotho et xhosa. À un certain moment dans le spectacle, les choristes se sont avancé-e-s en chantant pour marcher entre les allées jusqu’à l’arrière de l’église, ce qui a donné un effet immersif qui n’a pas manqué de marquer les spectateurs.
À la sortie, le soleil nous attendait toujours, accompagné de viennoiseries généreusement offertes par la Commission brassicole. Il y avait quelque chose de beau dans la vision de ce groupe de personnes souriantes qui socialisait un dimanche midi devant l’Église-Saint-Casimir, dans l’atmosphère décontractée post-festivalière. Quelque chose comme la vie qui revient et qui prend racine autrement.