Nous n’étions pas les seul.e.s à avoir fait la route pour se rendre à la Source de la Martinière le 14 avril dernier, malgré le fait que plusieurs autres alléchants spectacles se donnaient le même soir. C’est que, comme on allait le réaliser, nous n’étions pas les seul.e.s non plus à attendre la venue de Comment Debord à Québec avec impatience.
Avril Jensen
C’est Avril Jensen qui a d’abord ouvert la soirée, prenant place sur scène comme si elle était dans son salon. La jeune autrice-compositrice-interprète y a défendu les pièces de son tout récent maxi, « COLORS », paru ce mois-ci, accompagnée de tracks ainsi que de Tomás Jensen (guitare) et de Némo Venba (percussions). À l’intersection du trap et de l’indie-folk, ses compositions dégageaient un groove aux couleurs variables sur lequel sa voix RnB semblait venir se poser sans effort. Sa vibe décontractée a plu aux spectateurs souriants et attentifs, qui ont aussi eu la chance de se dégourdir un peu la danse sur la dernière chanson éponyme, plus dansante, de Jensen.
Comment Debord
Le septuor a pris le relais, se lançant dans la nonchalante, mais non moins groovy, Ville fantombe. Quelle ne fut pas leur surprise quand, dès le début du refrain, presque tout le monde a entonné les paroles!
Ah, j’ai pas pensé pantoute
Comment Debord, Ville fantombe
À regarder les choses
D’une autre manière et là
L’intérieur de mon sleeping
Est une ville fantombe
Étonnement puis sourire qui gagnait tranquillement les musicien.ne.s: ben non, on n’était pas les seul.e.s, non plus, à avoir écouté l’album sur repeat depuis sa sortie en septembre 2020! L’atmosphère feel good de cette première pièce s’est trouvée amplifiée par la complicité de celles et ceux qui s’attendaient depuis (trop) longtemps et puis qui se retrouvent.
Sur Chalet, qui a suivie, c’était la même affaire : sept voix devant, cinquante voix derrière, à l’unisson et, on vous le dit d’avance (avis de divulgâchage) : ça a été comme ça toute la soirée. Tsé veut dire, on pense depuis un moment déjà que les paroles de Rémi Gauvin savent frapper droit au but et se loger dans les oreilles (les nôtres, du moins), mais là, c’était la consécration.
Au travers des compositions bien connues se sont aussi glissées trois nouvelles pistes, toutes aussi savoureuses que les anciennes : une véritable complainte aux momans de ce monde sur un groove mordant, une pièce digne d’un road trip sous la pluie (justement, « tu penses-tu qu’on est bientôt arrivé.e.s? ») où la percussionniste Lisandre Bourdages s’est fait aller la guimbarde et puis une troisième de circonstance, qui parlait de neige et de pluie, en confirmant que Comment Debord sait bien faire autant dans le groove smooth que dans le dansant.
C’est malgré tout sur les pièces déjà plus connues du groupe que l’atmosphère a le plus levé, que ce soit lorsque Olivier Cousineau (batterie) a pris la première voix pour Chandail principal (qui, avouons-le, pourrait presque être une toune de camp de jour. Une maudite bonne toune de camp de jour) ou encore sur Bay Window, lorsque Alex Guimond (chœurs) a donné libre cours à tout le potentiel de sa voix et que Karolane Carbonneau (guitare) en a fait de même à son instrument à coup de soli bien bluesés.
Après tout ça, on était prêt à danser comme s’il n’y avait pas de lendemain sur Je me trouve laide, hymne disco à l’accrocheuse ligne de basse livrée par Étienne Dextraze-Monast, qui s’est terminée sur un jam bien senti accompagné d’un impressionnant solo de clavier de Willis Pride. La survoltée Papier Foil aurait probablement été supposée fermer le bal, mais sous la pluie incessante d’applaudissements des spectateurs, le groupe a choisi de revenir pour présenter la douce Chasseurs de tournades, que les gens ont pris plaisir à écouter bras dessus bras dessous, en souriant derrière leurs masques.
Même si la soirée avait ce je-ne-sais-quoi de spécial qui se nourrit de l’attente enfin récompensée, on espère que Comment Debord n’attendra pas trop longtemps avant de revenir fouler les planches de Québec!