La semaine dernière, l’autrice-compositrice-interprète originaire de Québec Safia Nolin est revenue à la maison faire une des rares gigs qui manquaient à son palmarès déjà bien garni (Cercle, Impérial Bell, Grand Théâtre, diverses scènes du FEQ) : le mythique Pantoum!
Quatre prestations, deux soirs : en formule électrique le jeudi, en formule déplugged le vendredi, comme les deux côtés de son microalbum « SEUM ». Quand on m’a demandé lequel des deux soirs je voulais couvrir, j’ai réfléchi une petite minute, mais le choix n’a pas été trop difficile. J’ai vu Safia en solo ou en duo un nombre incalculable de fois, mais je pense que je l’ai juste vue en « formation complète » à une seule reprise.
J’aime ça, ce genre de shows un peu plus mainstream au Pantoum. Ça apporte son lot de néophytes qui découvrent à quel point c’est le fun de voir un show intime dans des conditions quasi-parfaites. Tsé, le genre de place propice pour faire des découvertes. On le sait depuis longtemps, mais c’est toujours agréable de voir des yeux ronds comme des trente sous. Espérons que ces personnes-là, très jeunes pour la plupart, deviendront des habituées.
Dix-neuf heures pile. La salle est pleine. Les musicien.nes (Marc-André Labelle à la guitare, Agathe Dupéré à la basse et Jean-Philippe Levac à la batterie) précèdent Nolin, qui monte nerveusement (comme d’habitude) sur la petite scène. Le quatuor lance Mourir au large, qui ouvre également « SEUM ». Premier constat : ouin, ça rocke. Deuxième constat : Safia est particulièrement en voix, mais on n’a encore rien entendu.
Dagues, une pièce de « Dans le noir », a été réarrangée pour l’occasion. Et boy que cette nouvelle version s’éloigne de l’originale! La mélancolie du refrain est devenue un cri primal sur lequel on hoche la tête plutôt rageusement. Les p’tites jeunesses devant moi s’en donnent à coeur joie et j’ai pensé pendant un instant que je verrais mon premier moshpit à un show de Safia Nolin (y’a un début à tout, comme on l’a constaté si souvent en 2021). Même La laideur, une « vieille » toune de « Limoilou », avait un peu plus de mordant.
Un des trucs que j’aime le plus de Nolin, c’est sa candeur au micro. Elle n’est pas aussi mal à l’aise que la première fois que je l’ai vue au Cercle il y a sept ans (ça rajeunit personne), mais elle a encore un petit côté brouillon ma foi fort adorable qui fait oublier les interventions robotiques d’autres artistes qui nous répètent tout le temps les mêmes salades sans essayer de changer un mot pour leurs fans finis. C’est tout à fait à l’image de l’artiste : débordant de sincérité. Ça a donné quelques moments cocasses comme quand elle s’est battue avec sa « maudite crisse de lampe frontale à marde du tabarnak » (je paraphrase, il y avait peut-être un sacre de plus ou de moins) juste avant Miroir.
Sur ce morceau qu’elle a joué seule à la guitare dans le noir, c’était le public qui était sous les projecteurs, au grand dam de votre humble serviteur qui s’était placé drette dans la ligne de vue de Nolin. J’vois encore des flashes!
On a eu droit à un beau moment avec Agathe Dupéré qui est venue accompagner Nolin sur Lesbian Breakup Song. Deux belles voix en harmonie sur c’te toune-là, ça marche toujours. On a eu aussi un p’tit boutte de reprise (ça serait pas un show de Safia Nolin sans une petite reprise à quelque part). Mais là, plutôt que d’avoir du Céline ou de La Chicane, c’est du Green Day qu’on nous a servi avec un p’tit couplet/refrain de Boulevard of Broken Dreams. Toujours dans le ton. J’me demande ce qu’elle a joué le lendemain à son show unplugged.
Et ça s’est poursuivi comme ça jusqu’à la fin du show (qui n’allait pas avoir de rappel… on avait été avertis!). Avec les jeunes autour de moi qui chantonnaient les paroles de toutes les chansons, même celles de SEUM. Et Nolin qui interprétait ses tounes avec une aisance qui lui sied bien. C’est le fun de la voir se lâcher un peu plus lousse, se permettre un peu de théâtralité, mais surtout être elle-même.
Oui, j’aurais vraiment aimé voir le show du lendemain. Mais je pense que je n’aurais pas eu autant de plaisir que là, à voir Nolin dans un univers plus rouge que bleu, plus rage que résignation. Un univers où on ne demande plus poliment sa place. On la prend, tout simplement.