Sweet Montérégie
(Big in the Garden)
Alex Burger s’amène en même temps que le redoux avec Sweet Montérégie, onze tracks bien tapées qui ont de quoi faire fondre votre glace. On vous propose un petit voyage en plein coeur de l’album, accompagnés par l’auteur-compositeur-interprète.
Le disque s’ouvre sur Plus grande que nature, au son de laquelle on peut facilement s’imaginer partir en road trip vers quelque part d’ensoleillé. On reconnaît le groove un brin country des fameux Prix Staff (David Marchand à la basse, Elliot Durocher-Bundock à la guitare et Mandela Coupal Dalgleish aux percussions), qui sévissent aussi dans d’autres formations montréalaises (comme Mon Doux Saigneur, pour ne pas la nommer). Burger, lui, chante un amour déçu brodé de rêveries et d’images.
La pièce suivante glisse vers un country plus assumé, alors que le chanteur salue son coin de pays avec nostalgie. La sweet sweet Sweet Montérégie donne en partie le ton à l’album, sans pourtant en capturer l’ensemble. Après tout, « Le titre de l’album, c’est surtout le titre d’une toune. L’album, c’est pas une lettre d’amour à la Montérégie », explique Burger. En effet, on y retrouve aussi Montréal, la ville aux mille et un vices et plaisirs, ou encore un Sea Shack rassembleur, sur Chanson pour Simon. Sweet Montérégie, c’est plutôt une trotte sur le territoire québécois, reflétant entre autres la vie de tournée qui animait encore les musiciens au moment des premiers enregistrements en 2019.
« J’ai toujours été sur la trotte, renchérit Alex. C’est pas un style que j’ai adopté à 19 ans. Même quand j’étais jeune, par exemple, ma mère pis son chum pouvaient décider de partir aux Îles de la Madeleine pendant le souper, pis le lendemain matin on était rendus. Y pognaient des espèces d’éclairs pis ils partaient… je changeais tout le temps d’école. »
Le son, lui aussi, se promène d’un bout à l’autre du territoire musical sur le disque. Autour du country, on voit flasher diverses nuances de rock – classique, blues ou boogie-woogie – auquel s’amalgament savoureusement des notes très pop, autant dans la production que dans les influences. En bon voyageur, l’auteur-compositeur-interprète navigue ces eaux vives en y cherchant son edge : « Je suis, et je vais rester encore longtemps, dans une phase d’exploration. J’aime beaucoup essayer des trucs dans un canevas pop, je trouve ça vraiment intéressant. Mettre des sons, des petites touches qui sont moins habituelles. Essayer de garder ça simple, pas complexe, mais original en même temps. »
Parlant d’originalité, on retrouve d’ailleurs l’Alex Burger intense d’A’ment donné et sa voix en dérapage contrôlé sur That’s it, un rock and drôle énergique qui fait honneur aux AC/DC et Guns N Roses de ce monde, groupes avec lesquels le musicien a appris à jouer de la guitare. C’est pas le Pérou détonne pour sa part avec sa pléthore de sons ludiques, ce qui donne un résultat déluré et eighties rappelant la démarche pop’n’roll de notre Simon Kearney local. Burger avoue s’être payé un trip à la Talking Heads en studio pour cette pièce-là, tandis que le reste de la production est assez simple, reproduisant l’esprit du spectacle live.
Soulignons au passage la collaboration d’Alexandre Martel (Mauves, Anatole, Hubert Lenoir, Gaspard Eden) à la réalisation de l’album: « C’est pas le genre de réal qui va imposer des affaires, commente Burger, mais il était bon pour caller des “oui” ou des “non”, pour donner des trucs sur le plan du vocal. J’ai beaucoup aimé travailler avec lui, on avait pas mal les mêmes références musicales », ajoute-t-il, en convenant par contre que l’expérience country était assez nouvelle pour Martel. « Il y a trois tounes qui ne sont pas faites avec Alex, poursuit Burger: la première, la dernière et celle sur le Sea Shack. Celles-là, c’est plus mon genre de réal: plus old school, country quoi! », conclut l’auteur-compositeur-interprète, qui a aussi autoproduit son album.
Rester, partir, regretter, recommencer, brûler la chandelle, s’assagir : ce sont les aléas de la fête et des amours qu’exprime Burger dans ses textes. La trotte domine encore d’une manière plus métaphysique, que ce soit dans La balade du mixologue ou dans La randonnée, qui racontent toutes deux une série d’aventures (vécues ou relatées, l’histoire le dit pas). Et au travers, quelques ports d’attache : l’écho de la voix d’un bon chum, les larmes d’une amie de longue date, les games de pool et, bon an mal an, Montréal. Au final, on ressort de Sweet Montérégie les oreilles pleines d’un soleil qui se cueille la nuit et la tête pleine d’images : un service à l’auto, de la vaisselle sale dans un lit, un bicycle à gaz et l’ivresse des paysages qui défilent.