Avec ma nouvelle chronique Découvredonc.ca, je vous inviterai, au fil des prochains mois, à découvrir une panoplie de projets musicaux émergents de la ville de Québec. Depuis mon arrivée dans la Capitale-Nationale en 2017, j’ai l’impression d’entendre un nouveau band local à chaque semaine; j’ai donc eu l’idée de partager mes coups de coeur méconnus pour ecoutedonc.ca.
Interstellar Drive
J’ai connu Interstellar Drive cette année, alors que je cherchais un band électro avec qui partager la scène (avant la pandémie, of course). J’ai tout de suite été charmé par le caractère organique de leur électro vintage. Interstellar Drive, c’est le projet de Mathieu Therrien et François Chabot, que vous avez peut-être déjà entendu dans Les hommes rouges, un trio jazz électro qui a roulé sa bosse de 2000 à 2008, puis de 2016 à l’an dernier. Mathieu m’explique qu’ils ont choisi de se tourner vers l’électro vintage, ayant développé une nouvelle sonorité après être passés de trio à duo. Une atmosphère plus spatiale, plus brute et minimaliste imprègne leur nouveau projet. Rapidement, la thématique de l’espace est devenue évidente et leur amour de la pièce Interstellar Overdrive de Pink Floyd les a menés vers ce nom, comme un sorte d’hommage au mythique band britannique.
La relation entre les deux membres du groupe date du secondaire, expérimentant les rudiments du métal dans le garage du père de François, un batteur. François tient d’ailleurs à spécifier qu’il utilise encore la vieille batterie Ludwig 1960 de son père, instrument plutôt rare dans l’électro d’aujourd’hui. À cette époque, ils avaient aussi accès à un local de musique à l’école, avec du vieux gear, mais bien du plaisir. C’est à l’université qu’ils forgent leur identité musicale, avec leur groupe Les hommes rouges. On parle donc de vieux potes qui font de la musique ensemble depuis presque 25 ans! Pour les deux musiciens, jammer est une façon de décrocher de la vie familiale et professionnelle, le seul moment où ils arrivent à ne penser à rien d’autre.
Pour composer, les deux acolytes ont pris l’habitude d’enregistrer leurs pratiques et d’en sortir les meilleurs moments. Le défi, c’est d’ensuite réussir à reproduire la magie et la spontanéité de ces jams. Mathieu explique dans ses mots leur processus d’écriture : ‘’Il y a une pièce, Flying to Venus, dont le tempo est défini [automatiquement] par un Univox Mini-Korg (synthétiseur des années 70, sans midi). François doit suivre le synthé au drum avec un beat jazz en 5/4…et moi je dois suivre une suite d’accords’’. Le plus surprenant, c’est que les gars d’Interstellar Drive n’utilisent pas de clock*. C’est donc dire que les machines ne communiquent pas ensemble et que le tempo est géré manuellement, de façon indépendante. Cela représente un immense risque rythmique, mais ajoute selon moi au caractère vivant de leurs pièces. Pour ce qui est de leurs inspirations, elles sont principalement tirées des sonorités électro des années 70 et 80 (et 2000, avec, par exemple, Boards Of Canada).
Décidément, Interstellar Drive doit se retrouver dans vos listes de lecture si vous cherchez une ambiance planante et dansante, voguant dans un univers rythmique sombre et envoûtant. Un incontournable pour les fans de Vangelis, Carpenter Brut ou encore Beat Market.
*Le ‘’clock’’ est un système de communication entre machines, qui fait en sorte que chaque module utilise la même signature rythmique afin qu’ils agissent tous en simultané.