Certes, il y a longtemps que les gars des Trois Accords n’émergent plus sur la scène musicale du Québec ni sur celle de France. De même qu’ils n’ont plus besoin de tournée médiatique pour vendre leurs shows. Alors pourquoi en parler sur ecoutedonc.ca me direz-vous? Parce qu’il est du devoir du défendeur de l’héritage culturel québécois de vivre l’expérience mélodramatico-absurde d’un des groupes pop-rock les plus marquants des deux dernières décennies.
L’Impérial Bell présentait le 20 décembre une deuxième supplémentaire du spectacle de la tournée supportant le sixième album des Trois Accords intitulé Beaucoup de plaisir. C’est d’ailleurs avec la pièce titre que les éternels ados de Drummondville ont ouvert le spectacle devant un parterre à guichet fermé, dense, strident et multi-générationnel. Victorieux et diablement en forme, Simon et sa gang, accompagnés par deux demoiselles percussionnistes dont Mélissa Lavergne, occupent la scène de main de maître, engagent le public dans leur humour dérisoire identitaire et enchaînent TOUS les hits.
Parmi les moments forts, soulignons Hawaïenne, quatrième sur le programme, Grand Champion, J’aime ta grand-mère, Ouvre tes yeux Simon en finale et Saskatchewan en rappel, devenue un peace & love traditionnel où le chanteur aux baskets noires presse chacun des spectateurs à former non pas un mosh pit, mais plutôt une chaîne d’amour, bras-dessus, bras-dessous et à chanter la tendresse à son voisin immédiat…
L’humour absurde des Trois Accords ne s’entend pas uniquement dans les chansons du répertoire du quatuor. Il occupe également une place de choix dans la mise en scène, ce qui délecte merveilleusement la foule et provoque des moments de communion sublimes entre les membres du groupe, principalement Simon et le souffre-douleur/guitariste Alexandre, et les spectateurs. Avant d’entamer la chanson Bactérie #1, Simon s’élance dans une longue dissertation sur la dépression vécue par Alex pour expliquer son absence prolongée de la scène – une semaine, c’est la faute à Beloeil – et de sa difficile remise sur pied pour le spectacle de ce soir. On ne peut passer sous silence ce magnifique moment intimiste du spectacle. Tournant en dérision ce passage obligé, l’interlude se résume à un autre bon monologue de Simon qui remercie la présence du tabouret sur lequel il est assis et rend un hommage aux défunts, inspiré par les départs des membres originaux du band. Puis hop, on repart sur un autre hit en format très rock. Pour les amateurs d’absurdité, c’est superbe!
En bref, on semble s’accorder pour affirmer que le spectacle Beaucoup de plaisir des Trois Accords est un incontournable pour faire le plein de rires, de musique et de grands hits pendant presque deux heures. Les gars remettent ça le 15 février 2020 à l’Impérial Bell. Pensez-y maintenant avant de vous frapper le nez aux guichets fermés.
Bon Enfant
Le projet Bon Enfant vient d’arriver sur la scène indie québécoise grâce à l’imaginaire de Daphné Brissette, chanteuse de Canailles et de son ami Guillaume Chiasson, guitariste de Ponctuation et figure emblématique du Pantoum. Ce duo créatif forme le coeur d’un superquintette de pop queb éclectique dont le premier album éponyme est sorti sur les plateformes le 1er novembre dernier.
L’idée de programmer Bon Enfant en première partie des Trois Accords est géniale. La prestation est charismatique et chimique, superbement maîtrisée et riche de l’expérience virtuose de chacun des membres du band. La voix délicieuse de Daphné, secondée par des beats à saveur 70’s et par des arrangements recherchés et intelligents, tantôt folk, tantôt pop, tantôt tie dye, forment une signature musicale qui sonne comme un coup de tonnerre. La chanson Ménage du printemps, premier extrait de l’album, a chaleureusement été applaudie par les spectateurs qui, de par leur enthousiasme, semblaient vivre un véritable plaisir coupable.
Pour témoigner de l’émergence d’un supergroupe qui sera bientôt auréolé d’un buzz mémorable, allez le découvrir le 15 janvier au Show de la Rentrée d’hiver 2020 avec Caravane et Jesuslesfilles, au Grand Salon de l’Université Laval ou au District St-Joseph, le 19 février 2020, dans le cadre du Phoque Off.