Laurence-Anne (+ Fria Moeras) – Le Pantoum (sec), 28 février 2019

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Ça fait des semaines qu’on entend parler de la jeune auteure-compositrice-interprète Laurence-Anne. Un gros buzz la précède, son album, Première apparition, est très très bon, elle a l’air d’une bébitte un peu spéciale (comme les Pelgag et autres Képinski de ce monde), et elle a emmené avec elle une grosse gang afin d’ajouter une touche de piquant à un show qui allait sûrement être bref, mais intense.

En gros, on avait hâte, et on n’était pas les seuls! C’est pour ça que, question de ne pas nous faire avoir par un public encore plus nombreux que prévu, nous sommes arrivés très tôt. Un peu trop tôt, même, car les portes sont vraiment demeurées fermées jusqu’à 20 heures en raison d’un événement qui s’est produit un peu plus tôt et qui a forcé le Pantoum à respecter la réglementation à la lettre et nous demander de laisser la bière chez nous.

Cet événement allait devoir se produire sans alcool. On sait que plusieurs personnes ont fait un 180, mais la salle était quand même bien remplie de gens qui avaient davantage soif de musique que de Pabst Blue Ribbon.

Ça change la game, c’est le cas de le dire!

Fria Moeras

Pour réchauffer la salle, Fria Moeras entre en scène avec ses Bélugas (et son Gatorade bleu) et se lance sans tarder dans Louise et ses teintes bluesées.

Après avoir invité le monde à s’avancer, c’est au tour de La peur des animaux, que Fria interprète fort inspirée. Simon magane sa six-cordes comme un gars qui boit du crème soda plutôt que trop de bière (c’est-à-dire assez doucement, finalement).

Wow, une nouvelle toune (qui s’appelle probablement Mal de mer si on se fie aux paroles)! C’est lent, mais c’est vachement rock, j’ai presque envie de partir un slow moshpit! C’est limite stoner son affaire, avec un jam interminable à la fin qui pourrait rappeler un Leloup-Leclerc. Parlant de Leloup, Fria s’est permis une petite incursion dans l’univers du roi pompon avec sa relecture de Johnny Go.

La dernière fois qu’on avait vu Fria, au Cabaret Festif de la relève, elle était en formule trio, et même si c’était ben bon, faut reconnaître que les guitares assassines de Simon Provencher rajoute une grosse couche de rock à l’ensemble!

Pendant qu’elle défile quelques autres chansons de son cru (la jolie Cataclysmique, entre autres), on se surprend à apprécier l’écoute du public, qui était même parfois un peu trop sage. L’absence d’alcool nous a permis de nous réchauffer moins vite? Peut-être, mais on apprécie quand même ça, quand on n’a pas à regarder personne de travers parce qu’on a l’impression que le show dérange leur conversation.

Finalement Fria, tes Bélugas pis toi, vous avez l’attitude d’un band de cégépiens avec le son d’une bande de guerriers aguerris! Y’a tellement d’innocence sur scène, mais en même temps, ce qui en sort est tellement solide… Ne perdez surtout pas votre candeur!

Laurence-Anne

Fuck, as-tu vu la pile d’instruments de toutes sortes qui accompagnent les musiciens de Laurence-Anne, toi? Deux claviers, des percussions en masse, une entrée toute atmosphérique qui nous emmène dans un nuage, des boucles de voix, une orgie de tambourines, name it! Portant un masque de la muerte, Laurence-Anne monte sur scène, groove en dansant avec sa guitare pendant que la boule disco se fait aller joyeusement. Toute une entrée en matière, quelque part entre le prog et le jazz.

Après un bref « Bonsoir Québec » (on se rendra compte tout au long de la soirée que les palabres, c’est pas le fort de Laurence-Anne), on se lance immédiatement dans le bain avec une Botanique qui fesse pas mal plus que sur l’album. C’est suivi tout de suite d’Instant Zéro, la grosse pièce pop de Première apparition, qui prend ici beaucoup de poids (et nous martèle son beat jusqu’à nous l’enfoncer solidement dans la tête, tel un métronome).

Elle est drôle, Laurence-Anne, toute de blanc vêtue avec ses cheveux rouges, l’air timide quand elle regarde devant, presque en transe quand elle se tourne vers son band. Faut dire que la chimie entre les musiciens est palpable.

Sur Chaque nuit, on plane avec les savantes boucles vocales concoctées à la mitaine par Naomie DeLorimier. Qui crée avec ces boucles des choeurs assez hallucinants merci!

Les chansons défilent une à une, le temps passe trop vite, on essaie de savourer chaque moment. Laurence-Anne présente la bouleversante Poison en s’excusant d’avance si on a des émotions. Elle fait bien, parce que si le texte est déjà touchant, la musique, elle, toute en douceur et en nuances, vient nous prendre par en-dedans en titi (entre autres, grâce à un solo de sax bien senti d’Ariel Comptois… qui prend beaucoup de place pendant le show, mais jamais trop! Au contraire, on en aurait pris encore plus… dans la mesure du possible, ben sûr).

Après avoir pas mal suivi le programme imposé par l’album tout le long de sa prestation, Laurence-Anne termine avec C’est un virus, qui se trouve au milieu, mais qui termine vachement bien le show avec sa mélodie pop accrocheuse qui peut s’étirer longtemps.

En plus d’Ariel et Naomie, Laurence-Anne a pu compter sur l’excellent travail de David Marchand (toujours excellent avec une quatre ou une six cordes), Laurent St-Pierre (batterie) et Étienne Côté (percussions/synthétiseurs). Un band de course parfait pour la musique ambitieuse de la jeune femme.

Une musique ambitieuse, certes, mais Laurence-Anne a clairement les moyens de ses ambitions. Même si on la sent encore un peu timide sur scène, les univers qu’elle a créés sur disque se transposent magnifiquement bien sur les planches. Le buzz est justifié, cette jeune femme ne sera pas qu’un feu de paille.

Vous êtes avertis.

Ah, pis finalement, le Pantoum sans alcool? Ben le fun. Ben, ben, ben le fun. Ça donne le goût d’avoir d’autres soirées du genre (sans être forcé de le faire par la bureaucratie).

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