Troisième journée de la Bourse Rideau. Des vitrines partout en ville, des artistes d’ici et d’ailleurs vendent encore leur salade à des diffuseurs de partout dans l’espoir de devenir le coup de coeur de l’un d’entre eux. On vous avoue qu’on a pris ça mollo, préférant aujourd’hui la qualité à la quantité. Allons-y!
Le D’Auteuil (vitrine de 19 h 30)
Lou-Adriane Cassidy
On commence cette soirée avec la jeune, mais incroyablement talentueuse Lou-Adriane Cassidy. Son album C’est la fin du monde à tous les jours a conquis les critiques québécois et nombreux étaient les délégués curieux de voir ce que la jeune auteure-compositrice-interprète avait dans le ventre. Accompagnée de son band de course composé d’amis musiciens chevronnés (Simon Pedneault – guitare, Alexandre Martel – basse, PE Beaudoin – batterie et Vincent Gagnon – claviers), Lou-Adriane Cassidy a présenté quelques-unes de ses chansons, se lançant d’entrée de jeu dans une Ça va ça va bien sentie, et poursuivant avec la très coquine Les amours immatures en se jouant dans les cheveux et en exécutant quelques timides déhanchements.
Ceux qui, comme nous, suivent Lou-Adriane depuis un bout déjà savent que celle-ci a énormément évolué ces dernières années. On remarque qu’elle a beaucoup travaillé sa présence sur scène. Elle est beaucoup plus vivante, plus naturelle, plus libre, même si elle fait toujours preuve d’une retenue qui a également tout son charme. On voit aussi toute la place que prend Simon Pedneault (qui a réalisé l’album) dans ce projet.
Si les gens appréciaient la prestation depuis le début, il faut être honnête : c’est la pièce-titre (ben presque titre, il manque le c’est) qui a volé le show avec ses progressions et ses transitions, ainsi que sa finale délectable, un véritable mur sonore (mais harmonieux). J’en ai eu des frissons à l’arrière de la salle, pendant que je fredonnais « c’est la fin du monde à tous les jours, mais des enfants jouent dans la cour » (désolé pour tous ceux qui m’entouraient et qui se demandaient sur quoi j’étais). J’aurais voulu arrêter le temps, appuyer sur la touche répétition, puis réécouter (et revoir) Lou-Adriane et ses boys jouer cette chanson sans cesse, pour toujours.
C’est beau de même.
Sam Tucker
Montréalais d’origine anglaise, Sam Tucker, que vous avez peut-être vu à La Wâ, est ensuite monté sur scène pour nous présenter quelques morceaux de brit-folk bien sentis. Le grand efflanqué a toute une voix (du genre David Gray ou autres britbadours du genre), mais surtout, son folk est très rock, bien appuyé par ses musiciens (dont Simon Pedneault qui mérite sa paye ce soir, et Samuel Joly (Klaus), toujours aussi en transe derrière ses peaux). C’est simple, c’est livré avec une efficacité redoutable, et ça sonne comme une tonne de briques. Par contre, les transitions entre les chansons sont un peu longuettes… probablement en raison des problèmes de son qui ont miné sa prestation. Shit happens, qu’ils disent, mais c’est plate quand ça arrive au moment où tu dois impressionner quelques centaines de personnes venues peut-être acheter ton show!
Salomé Leclerc
La dernière fois que j’ai vu Salomé Leclerc, c’était en duo sous un soleil de plomb au Festif. La voilà en formation complète, avec son fidèle écuyer José Major (batterie) et ses complices Audrey-Michèle Simard (percussions) et Carl Surprenant (basse/contrebasse). Même si elle était venue nous présenter des chansons de son plus récent album intitulé Les choses extérieures, c’est avec une vieille chanson, Arlon, que Salomé commence. Les bavards à l’arrière se taisent (enfin). On entre en transe avec une Salomé Leclerc qui nous montre que depuis son premier album paru il y a huit ans, elle a fait un maudit beau bout de chemin. D’ailleurs, la jeune femme timide qu’on avait vue en 2011-2012 a laissé place à une auteure accomplie, une compositrice hors-pair, mais surtout une interprète à la présence envoûtante, qui n’hésite pas à lancer des cris à José Major ou à poser sur le bord de la scène pour le plus grand plaisir des délégués qui voulaient la prendre en photo du fond de la salle.
J’ai souvent fait des parallèles avec Thom Yorke en parlant de Salomé, mais je pense qu’il va falloir ajouter un autre membre de Radiohead à la liste, parce qu’on n’aurait aucun mal à se l’imaginer en train de remplacer un Jonny Greenwood à la guitare si ce dernier tombait malade après avoir serré trop de mains à un congrès comme Rideau. Et la comparaison avec ces membres de Radiohead n’est pas gratuite : comme eux, Salomé évolue constamment, sa musique explore des terres encore en friche qu’elle s’amuse à conquérir à grands coups de faucheuse à six cordes tout en demeurant accessible…
Et cette voix douce, avec juste assez de grain pour nous arracher quelques larmes çà et là… Surtout avec cette bouleversante Ton équilibre. Oui, on est amoureux, et on l’assume!
Impérial Bell – Vitrine de 21 h 30
La soirée s’est poursuivie à l’Impérial Bell, où les délégués ont eu la chance de voir quelques prestations déjantées de Radio Elvis, FouKi et Qualité Motel. À voir les photos, on dirait bien que les appels à la participation du public de la part de FouKi et Qualité Motel ont été entendus. Nicolas vous présente quelques clichés de cette vitrine haute en couleurs.