Avant d’assister à son concert ce soir à l’Anti, j’ai discuté par téléphone à Ottawa avec Sam Patch, alias Tim Kingsbury, pour parler de son projet qu’il a lancé en 2014. Marie-Ève: Explique-nous comment t’est venu le nom du groupe Sam Patch? C’est vrai que c’était une idée de Matthew Brown (son claviériste)? Tim (Kingsbury): Exactement, oui. Il m’a en quelque sorte envoyé un lien vers un article à propos du gars. J’étais fasciné par lui; il était un personnage intéressant. Avez-vous lu un peu sur son histoire? Il était un véritable casse-cou. Marie-Ève: Oui, il sautait du haut de cascades, si je me souviens bien. Tim : C’est ça, il allait sauter. Et aussi, le son que le nom a. Sur un synthétiseur, c’est aussi un paramètre appelé le « patch ». Ça s’est aligné dans ma tête et j’ai trouvé ça approprié. Marie-Ève : Est-ce que ce serait quelque chose que vous seriez enclin à faire, disons comme sauter d’un groupe et devenir un artiste solo? Tim: (rires) Je suppose que oui, Je crois que c’est important dans la vie de prendre des risques comme ceux-là. Marie-Ève: Qu’est-ce qui vous avez fait décidé d’enregistrer ce projet? J’ai su que ça a débuté en 2014. Qu’est-ce qui a été un déclencheur? Tim: Bien, il y a très longtemps. J’écris des chansons depuis l’adolescence. J’ai continué tout au long et quand j’ai joint Arcade Fire, j’étais davantage occupé. Cependant, j’ai continué à écrire à côté. Il y a quelques années, j’ai senti une forte impulsion de, finalement, faire un album et de le voir se réaliser. Je crois que c’est une question de timing aussi. J’avais du temps libre et j’étais particulièrement motivé. Je suppose que je me suis senti prêt pour le faire. Marie-Ève: Et jusqu’à présent, êtes-vous content de la réception qu’il a? Tim: Oui, c’est très plaisant. On a joué notre premier show hier soir (jeudi) depuis la sortie de l’album à Montréal. C’était très amusant. Jusqu’à présent, c’est génial. C’est différent d’Arcade Fire. Je suis devant la foule et je joue dans des bars. Je conduis ma voiture et c’est une expérience différente et plaisante. Marie-Ève: Comment décririez-vous votre album, si on devait le mettre en mots? Tim: Je dirais que les chansons et l’album sont groovy. Je l’ai fait avec beaucoup de drum machine et de boucles. J’ai en quelque sorte, construit ses grooves et écrit les chansons autour de ce que j’avais. C’est dansant et il y a aussi un élément un peu plus folk avec la guitare acoustique. C’est un album éclectique, il y a beaucoup de choses qui se passe. Marie-Ève: Vous avez dit que c’est un peu comme du weird rock. Tim: Oui, je crois que c’est toujours vrai. Un ami me l’a décrit comme un album qui aurait été fait dans les années 1980, mais qui n’a jamais été entendu. Marie-Ève: On en a parlé un peu plus tôt dans l’entrevue, mais est-ce que faire ce projet est un peu comme sortir de sa zone de confort? Si oui, comment? Tim: Ça l’est, mais d’une bonne façon. J’exerce des parties de mon cerveau et de moi-même que je n’avais pas utilisées récemment. C’est stimulant dans cette façon et c’est un bon exercice. Marie-Ève: Et aller sur la scène seul doit faire une différence. Tim: Oui, j’ai vraiment du plaisir à parler à la foule et c’est amusant. C’est une expérience de scène différente de jouer dans un autre groupe (Arcade Fire). Marie-Ève: Quelle serait la différence entre jouer dans un groupe et jouer solo, selon vous? Tim: Je suppose que jouer avec Arcade Fire, je me concentre sur l’instrument que je joue à cet instant et bien le jouer. Je porte moins attention à sentir l’énergie du groupe ou de la pièce. Avec ce projet, j’interagis plus avec les gens et c’est une connexion. Marie-Ève: Quelles ont été vos inspirations pour cet album? J’ai entendu un peu de Wilco. Tim: Oui, intéressant. Il y a définitivement un peu de country. Pour être honnête, je pourrais écrire deux pages à propos de mes influences. J’ai été avec plusieurs morceaux et c’est du rock, du pop et du country. Peut-être un peu d’hip-hop dans certains endroits. Lorsque j’écrivais l’album, si j’entendais une chanson dans ma tête et je me permettais un peu cette idée. Je ne me limitais pas à un ou deux groupes en particulier, j’explorais un peu de tout. Je crois que la limite, pour moi, était de choisir un nombre précis d’instruments. J’ai utilisé beaucoup de guitare acoustique et d’orgue. Il y a aussi un synthétiseur précis que j’ai pris. Je m’en suis servi comme une palette. Marie-Ève: Comment étais la collaboration avec Basia Bulat et Jeremy Gara ? Vous avez collaboré avec Basia sur Tall Tall Shadow. Quelle était la différence cette fois-ci? Tim: Exactement, Basia était prête à collaborer avec moi. Quand j’ai commencé à écrire mon album et elle m’a dit: « Je voudrais chanter dessus »; elle était super excitée à l’idée de le faire et elle est tellement une chanteuse et une musicienne géniale. C’était facile de l’inviter à participer. En gros, elle était prête à tout. J’avais quelques idées et je lui demandais si elle pouvait les essayer et elle participait. Les harmonies vocales sur Waiting to Wait, elle les a fait en environ dix minutes et les a enregistrées vraiment rapidement. C’est une de mes parties préférées sur l’album. Pour Jeremy (Gara), on a collaboré ensemble avant Arcade Fire. On se connaît depuis au moins vingt ans. On est comme deux frères. Ça me semblerait bizarre de ne pas jouer avec lui (rires). Marie-Ève: C’est comme un groupe composé d’amis? Tim: Oui, quelqu’un l’avait écrit. De bons amis. Marie-Ève: Ce n’est pas difficile d’aller sur la route avec des amis justement? Tim: Non, ça a été facile, même si on a pas fait beaucoup de route encore. C’est très relax comme tournée. Marie-Ève: Vous avez aussi collaboré avec votre femme (Natalie Shatula) sur l’écriture de plusieurs chansons sur l’album, qu’a-t-elle apporté à l’album? Tim: Natalie m’a aidé à écrire les paroles de Listening. Je fais confiance à son jugement sur plusieurs choses. Elle a une bonne oreille, je lui joue toujours mes idées et elle me dit quelque chose. Je fais confiance à son sens du beau et c’est ma principale conseillère. (rires) Marie-Ève: Donc si un idée ne passe pas pour elle, elle ne serait pas sur l’album par exemple? Tim: En quelque sorte, ou du moins je vais la retravailler et la repenser. Elle va me donner quelque chose pour réfléchir. Elle ne va pas habituellement me dire seulement que la chanson est ennuyante. On va parler et elle va m’aider. C’est une bonne collaboration. Marie-Ève: Qu’est-ce qu’il y a dans les projets futurs pour Arcade Fire. On sait qu’il y a un album en 2017. Avez-vous un peu plus de détails? Tim: On a beaucoup de tournée de prévu pour l’été. On va être en Europe en juin et juillet. L’album va sortir avant l’automne. Je suis excité. On a fini l’album et on est en train de mettre les touches finales. Ça sonne génial. Marie-Ève: Avez-vous déjà joué à Québec ? Tim: Ouais, Sam Patch, on a joué à Québec avec Basia Bulat (au Théâtre Petit Champlain). J’ai vraiment aimé cette salle. Les gens étaient très sympathiques. C’était mon spectacle préféré. J’ai l’impression qu’Arcade Fire a moins joué à Québec. On a joué au Festival d’été, mais on n’y a pas joué souvent. Je suis heureux de venir avec mon projet. Un grand merci à Tim Kingsbury et son équipe pour cet entretien. Si vous avez envie d’entendre les chansons mentionnées dans l’entrevue, vous trouverez un lien en bas de l’article. De même que des billets pour le spectacle de ce soir à l’Anti. Une critique suivra sous peu. [embed]https://open.spotify.com/album/4XIbjNZQmJALdl0R0V64Dl[/embed]]]>