La journée même du concert j’ai lu l’article de mon ami Charles Loco du Bad Crew (et guitariste de One Last Threat) sur le spectacle montréalais du vingtième anniversaire de « Wake The Dead » de Comeback Kid où il n’y a que très peu de mentions du show mais qui est plutôt un essai fascinant sur les dérives de l’extrême-droite au sud de la frontière. Sans nécessairement vouloir le copier, disons que ça m’a donné un tout autre point de vue critique face à ce spectacle de Propagandhi à la Salle Montaigne. Après tout, c’est un des premiers groupes ouvertement anarchiste et végane que j’ai écouté dans ma vie. Dans la salle du Cégep Limoilou on est loin d’être à une manifestation du black bloc, bon, quelques chandails à connotation antifa sont visibles mais dans l’ensemble ça ne semble pas être une foule particulièrement politisée. La moyenne d’âge se situe probablement aux alentours de la quarantaine et déjà beaucoup de personnes titubent après le deuxième groupe. Aucun jugement ici, j’ai (souvent même) été cette personne un peu trop sur la brosse à un show, mais je ne sais pas, le contexte ici me donne davantage le goût d’écouter clairement ce que la formation des Prairies avait à dire plutôt que de festoyer.
Drop It First

Pour cette tournée, Propagandhi a fait appel à des groupes locaux pour jouer en première partie. À Montréal trois jours plus tôt c’était les excellents Conflit Majeur et The Lookout qui ouvraient le Club Soda. Pour ce qui est de Québec on avait deux groupes skate punk, le premier étant Drop It First. Je n’avais jamais vu cette formation en spectacle mais son nom m’était familier, un band formé de membres de Our Darkest Days et Go Great Guns entre autres. On retrouve Vince Fournier (voix), Jam Gosselin (basse), Mathieu Hébert (guitare), Maxime Larouche (guitare) et le batteur remplaçant Dave Desruisseaux puisque Jo Thivière, le drummeur du groupe, était en voyage dans le Sud! Le quintet nous offre les chansons punk rock mélodiques de son premier album « Fundamentals » sorti en janvier. Un son qui donne le goût de faire des kickflips même si à notre âge ça va nous faire mal aux genoux pendant une semaine. Beaucoup d’ami.es du groupe étaient là tôt pour voir Drop It First lancer les hostilités, on a déjà une belle ambiance survoltée.
Try Again

La deuxième formation locale était Try Again, je ne crois pas l’avoir déjà vu en show non plus mais en voyant apparaître le groupe j’avais une petite impression de déjà vu, on va blâmer ma mémoire de trentenaire! Que j’aie déjà vu le band ou non ne change rien au fait que c’était excellent en tout cas! Le groupe était bien heureux d’ouvrir pour Propagandhi, le chanteur nous partage d’ailleurs que l’album « Less Talk, More Rock » de 1996 a été important pour son acceptation de soi puisque sur le CD il était inscrit « gay positive ». Une belle anecdote qui prouve que ce genre de petit message peut avoir un impact énorme sur les personnes qui le reçoivent. Bref on est toujours dans le skate punk mélodique bien rapide, quelques moshpits un peu timides apparaissent mais ça reste relativement tranquille, comme quoi je ne suis pas le seul à me sentir trop vieux pour les pits dans cette foule.
Propagandhi

Le clou de la soirée! En toute honnêteté, dès l’annonce de la venue de Propagandhi à Québec j’ai immédiatement acheté mon billet. C’est selon moi un des plus grands groupes punk de l’histoire et je ne l’ai malheureusement pas vu assez souvent à mon goût en spectacle. Le quatuor formé de Chris Hannah (voix et guitare), Jord Samolesky (batterie), Todd Kowalski (voix et basse) et Sulynn Hago (guitare) a fait quelques festivals au Québec cet été avant d’annoncer éventuellement une tournée canadienne. Ça doit faire une douzaine d’années que je n’avais pas vu de spectacle à la Salle Montaigne, je dois avouer que c’est vraiment une magnifique place pour ce genre de show. Surtout, c’est ouvert à tous.tes, on pouvait voir bon nombre de jeunes, comme quoi il y a tout de même une belle relève punk rock parmi cette foule vieillissante.

Il y a en quelque sorte deux ères à Propagandhi, l’époque davantage skate punk avec un son assez caractéristique des autres groupes signés sur Fat Wreck Chords. Propagandhi a sorti quatre albums sur cette étiquette de disque avant de sortir « Supporting Caste » sur son propre label et éventuellement signer chez le major Epitaph. Le cinquième album, donc, a un son un peu plus métal et technique, une évolution qui avait tout de même été amorcée sur les disques précédents. Il y a souvent un fossé chez les fans du groupe, beaucoup n’ont pas nécessairement suivi l’évolution cependant pour ce spectacle c’était un bon mélange des différentes époques de la formation. Moshpits et body surfing étaient définitivement au rendez-vous! Le quatuor a néanmoins sorti un nouvel album cette année, « At Peace », on a eu droit à quelques pièces, dont Cat Guy quiest clairement une des favorites de ce dernier opus. Personnellement je n’avais pas été particulièrement convaincu par cette galette mais les chansons jouées m’ont donné le goût d’aller revisiter ce premier album en huit ans.
Alors, revenons-en à l’introduction, ultimement il n’y avait peut-être pas autant de messages antifascistes que je m’y attendais. Un petit « Free Palestine » par ci, un petit speech sur la cruauté animale par là et un petit message aux hommes de garder leurs mains pour eux-même.s Ça serait complètement malhonnête de dire que je n’ai pas aimé le show pour cette raison, mais dans le contexte actuel je me serais tout de même attendu à de plus gros discours rassembleurs. Ça reste un groupe exceptionnel et j’espère vraiment qu’il reviendra à Québec rapidement. Dans le fond, le show le plus politisé que j’ai vu en septembre aura été celui d’Alphonse Bisaillon finalement.
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