Photo : Willo Olsen

Lancement de Blank avec Soulthief, Peer Pressure, Baboune et Outrun the Sun.

28 septembre 2025

Luc Belmont

Collaboration spéciale

Situé juste devant un arrêt d’autobus, le Centre Hub Créatif est une salle discrète, en plein ventre de la Côte d’Abraham. S’y est rassemblée vendredi dernier une foule des enthousiastes de musique qui défoule. Dès 19 h 30, la pièce empoutrée vibrait d’une chaleur tropicale alors que l’événement annonçait la musique pour 20 heures tapantes.

Outrun the Sun

Les décibels ont commencé à picosser le seuil du raisonnable drette quand les quatre gars d’Outrun the Sun se sont mis à faire des tounes. En appliquant les couches de l’ensemble, ils ont rapidement gagné l’attention de l’auditoire à l’affût. Le style de Outrun the Sun est rocheux, sablonneux. J’éprouvais le regret de n’avoir avec moi nulle paire d’aviatrice. Au fil, une agitation formidable animait le maître de la voix amplifiée. Avant qu’un premier fou brise la glace en assénant des coups dans le vide humide. Il s’accommodait l’espace libéré devant lui par les spectateurs. On a entendu le plancher près de se fendre tant il a lancé le micro fort à terre. Une rumeur circula après l’objet ainsi abusivement manipulé. C’était presque pareil quand il a flippé le bloc lumineux sur lequel il s’élevait. L’excitation des amateurs qui gravitaient autour des pourparlers a culminé durant une ode aux coups de genoux dans face des inconnus. J’étais ordinaire. Le groupe s’est très canadiennement excusé de ne pas être assez hardcore pour le line-up. Personne avait eu l’air de leur en vouloir, mais pour eux de le souligner importait, afin de n’avoir pas même l’air de vouloir essayer. La dignité humaine trouve toujours l’ouverture du chemin vers l’épanouissement. Mon cou pliait en masse sur leurs grooves nü metal, et puis j’étais réceptif.

Baboune

La troupe juvénile démit complètement la barrière du son et voici comment. (i) Chacun son tour, (ii) frotte la guitare pour débrayer les haut-parleurs des cabinets, (iii) sache qu’ils vont travailler dur dans pas long. Avant de joindre l’équipe une période d’échauffement qui pointe de l’autre bord, provoquant l’adversaire à se débattre. Quand je dis que c’était fort le son, croyez-en selon ce que vous pouvez imaginer. Baboune, ils jouent pas avec le volume à rien, non, pis c’est pas mal plus qu’à 11. On dirait qu’il y a quelque chose dans l’acoustique de cette salle qui rend la surdité impossible. Parce que ça jouait dans les amplis Baboune. Miam. C’est bien important d’aller chercher les feedbacks gras quand finissent leurs riffs qui pèsent dans le dos comme une porte de garage obstinée dont le moteur continue de te forcer après. J’étais heureux que les deux guitaristes mêlent de longues notes aigües en un intervalle pas normal. L’attaque sonique produite par Baboune s’échappe surtout par une gratte ferme, au double de la vitesse des tambours de batterie. Le groupe explore plein d’influences qu’ont ses membres. La basse creuse, en intro ou en interlude, appelait parfois toute seule avant que le reste de la shop rembarque. Pas mal tout le monde avait l’air sous bonne impression quand ils ont eu fini.

Peer Pressure

Le groupe Peer Pressure a suivi avec un son très léché, contenu dans un effet de compression saturé. Il était plutôt agréable pour l’esprit de pouvoir distinguer chaque instrument parmi le mélange des fréquences. Les guitares y étaient calibrées très hauts en hertz, et le batteur n’avait pas besoin de brutaliser ses peaux pour être audible. Malgré l’intensité et le style proactif du groupe, il était facile d’écouter le vocal frit. J’ai remarqué que les gens présents étaient particulièrement tous attentifs lors de ce numéro. Ça suivait le cours. Je précise que je partageais le plaisir exquis que procurait la musique pendant que Peer Pressure nous présentait son matériel de concert. Plusieurs devaient ressentir comme moi un léger pincement de reconnaissance dans la poitrine. Le groupe diffuse une énergie très rassembleuse qui réchauffe autant qu’une accolade à travers les épreuves de la vie. Leur message positif ordonne d’aller de l’avant et donne confiance en l’existence du soutien des autres. J’ai eu une longue goutte de sueur froide qui m’a creusé la peau du dos quand le son de la console a lâché par contre. Je sais que c’est rendu une pratique assez courante pour les groupes pros de fonctionner directement dans les moniteurs de la salle, mais lorsqu’un pépin pareil survient, il en coûte. Je n’en veux pas à personne, mais j’ai été un peu désenchanté en témoignage d’un groupe qui continuait de jouer silencieusement. Je les ai trouvés courageux de poursuivre malgré l’embûche. La gloire a vite repris quand le problème technique s’est résolu sur le solo de guitare de la pièce amputée. Peer Pressure a ensuite continué de nous entraîner à se mouvoir à leur rythme, et ce jusqu’au terme ultime de sa dernière toune. 

Soulthief

Le groupe ontarien s’est imposé avec puissance en jetant un chaos abominable dans l’air flou. Un vocal monstrueux décupla la fougue de la soirée dès les premières mesures de leur numéro. Le héros époumoné a investi des parcelles d’ouvrage au début pour scander des appels à fesser des bonhommes imaginaires. Leur musique est construite sur une base assez lente, mais qui s’élève tranquillement en une montée progressive. Cette pente est gravie comme les murs d’une bâtisse cambrée où se trament des projets clandestins; c’est-à-dire fermement. Quand t’arrives au bout tu sautes : comme les moments où le groupe reprenait abruptement une lenteur lourde pour exaucer une rage accumulée dans une descente du coude qui bûche en malade. La musique devenait alors le spasme d’une chimère rampante qui se traîne dans la plainte de sa souffrance. Le côté vieux métal classique dans le choix des motifs répétés tenait d’un registre familier à mon oreille faite. Le charisme du chanteur avait le pouvoir attractif d’un aimant quand il clama trois « avancez-vous » collés en soulevant sa main libre en guise de prière. Les cloches sonnaient sur les cymbales larges. L’ovation était constante. Les accords étaient frappés avec une hargne avare. Nous étions le lièvre et le band était la tortue qui n’autorise aucun répit. On eut droit à la pièce Bitter End que notre prêcheur qualifia de « sa préférée », ainsi qu’à After all these years there’s nothing left, but regret and this empty desk, morceau plus émotionnel qui a beaucoup contrasté avec le reste de leur sélection musicale. Mon poing est parti quand le guitariste a mimiqué des carillons en trôlant sur ses cordes. Les notes couinées faisaient cru. Les musiciens vibraient leurs compositions. Tous les changements de vitesse étaient parfaitement synchronisés malgré qu’aucun des membres ne portait d’écouteurs. La dernière chanson m’a parue un peu plus rapide, à moins qu’enfin j’étais brûlé de les avoir suivis sans relâche depuis une quarantaine de minutes.

BLANK

La soirée achevait pour pas mal d’entre nous quand fut le tour de lancer le nouvel opus de BLANK. Leur heure de commencer a sonné un peu passé onze. Il est inutile d’insister sur le fait que la plupart étaient partis se coucher. Le monde qui est resté a eu droit à une volée de plus, et pas la plus clémente. J’ai vu des brins de bois voler lorsque le drummer masqué dû se plier légèrement pour atteindre ses rechanges. Son jeu ponctué laissait beaucoup de place à la pédale double. L’impact de ses résolutions fracassait les ondes distordues comme les lettrages vinyles d’une vitrine brisée. La compression audio caressait le feutre des haut-parleurs avec un sadisme transcendant. Le seul groupe de la soirée à avoir intégré de savoureux blast beats dans une composition m’a récompensé d’avoir tenu le coup toute la soirée en me faisant vivre tous les plaisirs de l’asphyxie sans devenir bleu. D’une voix caverneuse, émanant un souffle d’abîme, l’horloger pétrifiait un ennemi affreux. Il se dégageait de cette lutte une obstination à l’encontre du défaitisme. C’était hallucinant. Puis, les gars ont livré un témoignage émouvant sur un fléau sociétal qui touche beaucoup de proches de ceux qui sont partis trop vite. Il faut appeler quand on a besoin d’aide. J’avais oublié de noter les quelques brefs interludes impliquant des séquences de style hip-hop. C’est ainsi qu’une attitude représentative s’acquiert. Il y eut maintes occasions de tous se remercier les uns les autres.

En rétrospective, la place a été bondée pendant une bonne coupe d’heures. Le bar a eu son lot de ventes, la marchandise fut exposée aux yeux friands. Un premier groupe qui sortait un peu du lot par son allégeance trop explicite à d’autres styles que le hardcore, mais au final le hardcore est pas un genre ultra défini, et s’il existait plus de nerds on en aurait probablement nommé 3-4 différents ce soir-là. Une visite qui aura probablement ravi les deux groupes de l’extérieur, ce qui promet toujours récidive. Une chose est sûre, chacun des participants en aura eu pour son argent pis le change.

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