Eh ben, Galarneau a encore brillé de tous ses feux en cette deuxième journée passée à l’Université Laval dans le cadre du Festival FONO. Raison de plus pour passer un peu de temps à l’orée du bois qui entoure l’extrémité sud du Grand Axe, près des scènes secondaires, là où m’attendaient maringouins, artistes en tous genres et… la Queen de Québec!

On commence la soirée avec un groupe irlandais nommé Amble. Trois gars (cinq en tourné) qui ont tout lâché, y compris des maudites bonnes jobs d’enseignants et de programmeurs, pour faire de la musique à temps plein. Ici, on est dans le folk-pop très doux, où guitares acoustiques, banjos, mandolines et voix nouées par l’émotion se côtoient. Bien sûr, on y trouve tous les clichés du genre, les harmonies vocales, l’envie irrésistible de taper du pied, le chanteur principal à la voix un peu rauque, mais il faut admettre que s’il n’y a rien de révolutionnaire dans les chansons du groupe, celles-ci sont efficaces en titi. D’ailleurs, vlà Louis Bellavance qui me lâche un gros fun fact, le sourire aux lèvres : « Imagine, ce groupe-là jouait devant 100 000 personnes à Dublin à la Fête du Travail au début du mois! » La foule était peut-être passablement plus modeste quelques semaines plus tard à Québec, mais si je me fie sur ce que j’ai vu et entendu ce soir-là, les Irlandais vont se retrouver devant de bien plus grosses foules à Québec dans un avenir proche.

On recommence la petite ronde entre les deux scènes secondaires, cette fois pour aller rejoindre l’artiste originaire de la Nouvelle-Écosse sunsetto. Celui-ci propose une pop teintée de R&B qui ne manque pas de rythme, surtout pas sur scène, où l’auteur-compositeur et producteur s’amuse comme un petit fou malgré un parcours encore très tranquille. Faut dire qu’au loin, on entend Alex Warren qui est acclamé par une foule bien plus bruyante. « Hey, c’est Alex, je vais essayer de l’attraper une fois mon set fini! », dit sunsetto, tout sourire, avant de poursuivre son set sans perdre une once d’entrain. On le comprend, sa musique est parfaite pour ce cadre un peu plus intime. Une autre belle découverte pour votre pas très humble serviteur.

Tout à coup, la scène voisine se remplit de curieux.ses et de mélomanes pour le prochain groupe. Foxwarren, c’est Andy Shauf qui partage la scène avec ses vieux chums Dallas Bryson, Avery Kissick, Darryl Kissick et Colin Nealis, tous bien alignés pour montrer qu’ici, on est dans un trip de gang. Et quel beau trip de gang, sérieux! Je suis content que qu’Alex Warren ait terminé de l’autre côté, on a pu profiter pleinement de ce magnifique mélange de dream pop et d’americana aux arrangements d’une grande richesse, d’une lenteur qui aurait fait pleurer de joie Stéphane Lafleur. Axée sur les magnifiques pièces de l’album « 2 », la prestation nous a fait voyager sur de vieilles routes sinueuses tout au long desquelles les paysages sonores défilent doucement, les rayons du soleil se reflétant sur l’eau de la rivière, pendant qu’on hoche doucement la tête au son de Say It. Sur mon cell, j’ai noté deux mots que j’ai mis en gras : Yacht Rock. Une heure au bord de l’extase qui a passé beaucoup trop vite. Une prestation marquante, parmi mes trois préférées de la fin de semaine.

Après m’être fait jouer doucement dans les cheveux par Foxwarren, c’était l’heure de manger une bonne claque dans la face, gracieuseté de Been Stellar. Le quintette nouillorquais ne fait pas dans la dentelle, et même si les référents sont très clairs (y’a du vieux Radiohead pis beaucoup de Sonic Youth dans le son), le groupe propose un son bien à lui, lourd, aux soli déchaînés et à la section rythmique qu’apprécieraient Phil Selway et Colin Greenwood. Pendant que le reste du band s’énerve, le chanteur Sam Slocum chante plutôt doucement (avec une voix qui me rappelle celle de Matthew Caws, de Nada Surf, un autre natif de NY). Un peu grunge, un brin shoegaze, deux cent pour cent rock, Been Stellar m’a grandement impressionné et je ne serais pas surpris de les voir très bientôt dans un cadre moins intime.

Il en reste une à ma soirée, et ce n’est pas la moindre, car c’est la royauté qui va finir ma soirée. Jouant enfin chez elle pour la première fois depuis un p’tit bout, Ariane Roy nous a donné un solide aperçu de ce qui nous attend à l’Impérial Bell le 17 octobre prochain (il ne reste plus beaucoup de billets, qu’on me dit à l’oreille, alors faudrait peut-être se grouiller un peu le derrière, hein). Au menu, beaucoup de « Dogue », un peu de « Médium Plaisir », une avalanche de pièces que j’avais hâte d’entendre live pour une première fois ou réentendre pour la millième. L’artiste de Québec était bien entourée avec Dominique Plante (guitare), Pierre-Emmanuel Beaudoin (batterie), Vincent Gagnon (claviers) et Jeanne Laforêt (choeurs), un band qui ferait rougir d’envie pas mal n’importe qui! Notre queen était en grande forme, occupant tout l’espace scénique en montrant ses crocs bien acérés, attirant une foule de plus en plus nombreuse même si la grande Charlotte n’avait pas fini au loin, montrant qu’elle peut autant être Courtney Barnett que Lady Gaga, parfois en même temps. Ce qui est fou quand elle livre son répertoire sur scène, c’est qu’on se rend vite compte à quel point celui-ci est riche et varié, les vieilles chansons aux accents indie rock ou R&B se mélangent tellement bien à l’hyperpop qu’on retrouve sur plusieurs morceaux de « Dogue ».

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, la grande bougresse nous avait concocté une belle surprise en invitant Rose Perron (de Rau_Ze) à chanter avec elle l’explosive I.W.Y.B.! J’écris à Maxime, qui se farcit Pennywise à l’Agora. Celui-ci m’avertit de ne plus jamais lui parler de ce show tellement il regrette tous ses choix de vie (on niaise, il avait du fun, il était juste jaloux de pas avoir ce p’tit bout avec Rose au FME). Je regardais Ariane et Rose aller sous les stroboscopes, j’avais l’impression de voir deux tornades tout balayer sur leur passage tout en me pinçant pour voir si je ne rêvais pas. En tout cas, si je rêvais, ça aurait pu continuer longtemps tellement c’était le fun.

On a fini avec les hits, bien sûr, et je suis sorti du pit photo où je trippais ma vie pour aller rejoindre la foule pour les dernières chansons. Pendant Fille à porter, ça dansait tout autour de moi, y’avait même Valence qui pogotait énergiquement, le poing en l’air, et je vous avoue que j’ai eu beaucoup envie d’aller le rejoindre pour une petite séance de pogo-contact (avec son consentement, bien sûr). Pour un p’tit set de festival, on en a eu plus que pour notre argent.
C’est clairement l’année des canidées à Québec.
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